Elle avait été enlevée le 2 mars 1998 et détenue dans une cave secrète par son ravisseur, Wolfgang Přiklopil, pendant plus de huit ans, jusqu’à son évasion le 23 août 2006. C’est dans cette Autriche, sur laquelle plane toujours la terreur suscitée par l’affaire Natascha Kampusch, que prend place notre histoire d’aujourd’hui.
Nous sommes au 40 Ybbstrasse, dans le pavillon d’un joli quartier résidentiel de la paisible ville d’Amstetten, à une centaine de kilomètres de Vienne, dans la Basse-Autriche. Dans ce pavillon vit la discrète famille Fritzl. Josef, le patriarche qui règne en maître sur les lieux, est un homme autoritaire et rigoureux. Il dirige son épouse et ses dix enfants comme on dirigerait un bataillon.
Il faut quand même lui accorder le fait qu’il ait dédié toute sa vie à procurer un train de vie confortable aux siens, notamment à Rosemarie, la femme qui partage sa vie depuis bientôt 52 ans et la mère de ses enfants. C’est une épouse aimante et une maman tendre. Ce qui l’importe le plus est de bien tenir son ménage, pour tout le reste, c’est le mari qui décide. Ce n’est pas pour autant que les époux Fritzl sortent de l’ordinaire, il faut dire que c’est juste un couple d’une autre époque. Globalement, nous sommes face à une famille on ne peut plus normale, sans histoires et à la bonne réputation.
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C’est justement dans cette famille et dans ce pavillon que prend place notre affaire d’aujourd’hui. Elle commence par un appel au service de secours le samedi 19 avril 2008 : « Bonjour, je suis Josef Fritzl. Ma petite fille est malade. Elle convulse. Elle est inconsciente. Faites vite ! Envoyez-moi une ambulance d’urgence au 40 Ybbstrasse. Ma Kerstin risque de mourir. Aidez-moi ! » Aussitôt, une ambulance arrive sur place et transporte la jeune fille de 19 ans, inconsciente, à l’hôpital d’État de Mostviertel d’Amstetten.
La jeune Kerstin est admise au service de réanimation, pour une insuffisance rénale potentiellement mortelle. Elle est entre la vie et la mort et son état ne cesse de s’aggraver, d’autant plus que les médecins n’arrivent pas à diagnostiquer ce dont elle souffre. Les seuls éléments qui figurent sur le tableau clinique qu’ont pu dresser les médecins, sur le cas de Kerstin, sont le fait qu’elle soit édentée, qu’elle souffre d’une carence anormale en vitamine D, comme si la jeune fille n’avait jamais été exposée à la lumière du soleil. Un tableau clinique inédit et pour le moins déroutant.
Le mystère qui plane sur la maladie de la jeune fille pousse les médecins à solliciter le grand-père, à l’origine de son hospitalisation, afin de trouver ne serait-ce qu’un début de réponse à toutes les questions qu’ils se posent sur le cas de Kerstin.
— M. Fritzl, nous voulons aider votre petite fille. Elle risque de mourir d’un moment à l’autre, mais il nous faut plus d’informations sur ses antécédents ou sur ce qui a pu l’amener à cet état.
— Oui, je comprends, moi aussi je ne cherche qu’à vous fournir toute l’aide dont vous avez besoin pour sauver ma Kerstin, sauf que je ne sais pas quoi vous dire.
— Avez-vous des maladies génétiques dans votre famille ou dans celle de son père ?
— Non, non pas que je sache !
— Est-ce que Kerstin est allée en voyage à l’étranger ces dernières semaines ?
— Aucune idée ! répond le grand-père, perdu. Je suis confus et j’ai honte de ce que je vais vous dire. Ma fille Elisabeth est une mère épouvantable. Elle nous a quittés depuis plusieurs années pour vivre dans une secte. Et depuis, elle a abandonné quatre de ses enfants sur le palier de notre porte. Elle a laissé une lettre avec les enfants qu’elle abandonne, pour nous demander, à sa mère et moi, d’en prendre soin et de les élever convenablement.
— Est-ce que c’est le cas de Kerstin ?
— Oui ! Tout à fait. En fait je n’avais pas connaissance de l’existence de Kerstin jusqu’à ce week-end, lorsque je l’ai trouvée inconsciente devant chez moi avec une lettre déposée à côté d’elle.
— Que dit cette lettre M. Fritzl ? demandent les médecins, de plus en plus surpris.
— Je pense qu’elle vous est adressée. Tenez ! je l’ai sur moi. Malheureusement je n’en sais pas plus que vous sur ma petite fille.
Josef Fritzl remet au Docteur Albert Reiter, chef du service de réanimation de l’hôpital d’Amstetten, cette lettre bizarre adressée à l’équipe médicale en charge de Kerstin. Dans cette lettre, qui malheureusement ne donne aucune indication sur les symptômes de la jeune fille, on peut lire : « Aidez-la s’il vous plaît, Kerstin a très peur des étrangers. Elle n’a jamais mis les pieds dans un hôpital. J’ai demandé à mon père de m’aider parce que c’est la seule personne qu’elle connaît. »
Ne trouvant pas d’explications à l’état de Kerstin dans le message de sa mère ni dans les déclarations de son grand-père, le docteur Albert Reiter se tourne vers les services de police pour déclarer un cas de maltraitance par négligence contre sa patiente.
La brigade criminelle, à sa tête le commissaire Franz Polzer, se saisit du dossier et décide de chercher la mère, Elisabeth Fritzl. Les policiers entament un vrai travail d’investigation en contactant les écoles, en cherchant dans les bases de données de la sécurité sociale et en vérifiant les registres de l’état civil, en vain. Ils ne trouvent aucune trace d’Elisabeth Fritzl, ni de la secte à laquelle elle appartient. Elle s’est, comme qui dirait, évaporée dans la nature.
Tandis que l’enquête sur la recherche d’Elisabeth piétine, l’état de Kerstin, sa fille, continue de se détériorer et le besoin des médecins d’informations supplémentaires sur ses antécédents médicaux, pour comprendre l’évolution ultérieure de sa maladie, devient de plus en plus urgent.
Source : ichi
Ainsi, le 21 avril, le docteur Albert Reiter lance un appel à Elisabeth sur ORF-TV, la première chaîne de télévision autrichienne du service public. Il déclare pendant son intervention télévisée : « J’aimerais que la mère de Kerstin nous contacte. Nous ferons preuve de la plus grande discrétion à son égard. Je suis convaincu qu’elle peut sûrement nous aider à établir un diagnostic et à trouver un traitement. »
Le samedi 26 avril 2008, soit une semaine jour pour jour après l’admission de Kerstin à l’hôpital, sa mère se manifeste. Elle a, semble-t-il, été sensible à l’appel télévisé du docteur Reiter l’implorant de venir en aide à sa propre fille. En effet, Elisabeth a quitté la secte et elle est de retour au domicile familial, accompagnée d’une adolescente et d’un garçon de six ans, qu’elle présente comme ses enfants, Stefan et Felix.
Le vieux Josef Fritzl, soucieux de l’état de santé de sa petite fille qui est désormais plongée dans un coma artificiellement provoqué, en attendant de nouveaux éléments la concernant, s’empresse d’emmener Elisabeth au chevet de sa fille Kerstin à l’hôpital.
Lors de sa visite, Elisabeth reste muette face aux interrogations du docteur Reiter quant à l’état de santé de sa fille. Celui-ci décide alors de contacter la brigade criminelle pour leur signaler que Josef et Elisabeth se trouvent à l’hôpital. Très vite, les policiers se rendent à sur place et arrêtent Elisabeth.
Sur le chemin qui mène au poste de police, elle reste silencieuse. Un silence qu’elle garde également pendant sa brève détention et maintient lors de son interrogatoire, malgré les questions persistantes des enquêteurs, qui ne cessent de lui répéter :
« Où étiez-vous pendant toutes ces années ? »
« Parlez-nous de la secte dans laquelle vous étiez. »
« Vous ne voulez pas répondre ? Vous êtes une mère n’est-ce pas ? Dites-nous au moins pourquoi vous avez négligé vos enfants ? »
Après plusieurs heures d’insistance, Elisabeth parle enfin. « Je vais tout vous dire, mais je suis sûre que vous ne me croirez pas et même si vous finissez par me croire… Personne ne peut nous protéger, mes enfants et moi. »
Les enquêteurs lui assurent que, quelles que soient ses déclarations, ils la croiront sans émettre aucun doute sur ses dires. Ils lui garantissent également qu’elle n’a pas à avoir peur et qu’ils la prendront en charge, elle et ses enfants.
Se sentant en sécurité, Elisabeth, 42 ans, fait une effroyable déclaration aux policiers. Celle-ci dure deux heures, pendant lesquelles Elisabeth, qui est dépeinte jusqu’alors comme une mère indigne, se livre à un terrible récit sans concessions qui raconte ses 24 dernières années d’existence.
Elle déclare aux enquêteurs qu’elle n’a jamais fait partie d’aucune secte et qu’elle n’a jamais abandonné aucun de ses enfants, ils lui ont juste été retirés. Plus déroutant, elle n’a jamais quitté le domicile familial du 40 Ybbstrasse et depuis 24 ans, c’est la première fois qu’elle se retrouve à l’extérieur. Elle dit aux enquêteurs que son père a commencé à abuser d’elle en 1977, quand elle n’avait que onze ans.
Elle leur dit également qu’elle est détenue en captivité par son père, Josef Fritzl et le père de ses enfants, dans le sous-sol de la maison familiale du 40 Ybbstrasse, depuis ses 18 ans. En effet, pendant son emprisonnement qui a duré presque un quart de siècle, Elisabeth est agressée physiquement, torturée, abusée sexuellement et violée à plusieurs reprises par son propre père. Elle déclare aussi avoir donné naissance à sept enfants, dont un qui a perdu la vie à la naissance. Ses sept enfants sont le fruit des relations incestueuses forcées qu’elle a subies.
Le lendemain, c’est-à-dire le 27 avril et en conséquence de la déposition d’Elisabeth, elle est libérée, son père est placé en garde à vue et est interrogé. Le jour même, le parquet ordonne des tests ADN de paternité des enfants, une perquisition du domicile des Fritzl et les policiers débutent une enquête de voisinage.
Le 29 avril, la fouille du domicile a déjà eu lieu et tandis que l’enquête est toujours en cours, les résultats des tests ADN tombent : ils confirment que Josef Fritzl est bel et bien le père biologique des six enfants vivants de sa propre fille. Les enquêteurs confrontent Josef Fritzl à tous les éléments dont ils disposent. Mais avant de revenir en détail sur les résultats des fouilles et l’enquête de voisinage, commençons par l’interrogatoire.
En effet, à la lumière de toutes les preuves aux mains des enquêteurs, Josef Fritzl ne peut pas nier les allégations de sa fille Elisabeth. Il avoue tout.
Mais avant de vous dévoiler ses aveux, je tiens à vous prévenir que ce que vous vous apprêtez à entendre fait froid dans le dos !
Vous êtes prêts ?
Allons-y alors.
Josef Fritzl commence sa déposition en expliquant que pendant ces 24 dernières années, il n’a fait que protéger sa fille adorée Elisabeth d’elle-même et du monstrueux monde extérieur. Il déclare qu’à partir de l’adolescence, elle commence à mal tourner. Elle se drogue, multiplie les relations sexuelles, se rebelle et devient de moins en moins obéissante. Mais l’événement qui pousse Josef à trouver une solution radicale aux agissements de sa fille survient en janvier 1983.
Elisabeth a 17 ans à l’époque, elle a terminé sa scolarité obligatoire et entame tout juste un apprentissage pour devenir serveuse, quand elle fait une fugue. Ce n’est que trois semaines plus tard que la police la retrouve à Vienne, cachée chez un ami qu’elle a rencontré lors de son apprentissage. Elle est encore mineure, elle est donc renvoyée chez ses parents.
À son retour au domicile familial, elle poursuit son apprentissage qu’elle termine à la mi 1984 et se voit très rapidement offrir un emploi à quelques kilomètres d’Amstetten dans la ville de Linz. Mais la machination machiavélique de son père a déjà commencé. Il attend juste que sa fille atteigne la majorité.
Le 28 août 1984, Josef Fritzl attire sa fille Elisabeth, alors âgée de 18 ans, dans la cave de la maison familiale, prétextant qu’il a besoin d’aide pour porter une porte. La jeune fille le suit sans se poser de question. Une fois dans la cave et la porte massive ajustée dans le cadre et fixée sur les rails en acier, Fritzl l’immobilise, lui tient une serviette imbibée d’éther sur le visage jusqu’à ce qu’elle perde connaissance. (Lorsqu’elle se réveille, la jeune fille toujours sonnée par les effets de l’éther ne comprend pas ce qui lui arrive.
Elle est allongée dans l’obscurité la plus totale. Elle essaie de se lever, mais n’y parvient pas, quelque chose la retient, elle est en fait menottée et attachée au mur. Il ne lui reste à présent que d’appeler à l’aide de toutes ses forces, sauf qu’hormis l’écho de sa voix, elle n’entend aucun bruit.). Elisabeth ne le sait pas encore mais son père vient de l’enfermer dans la chambre qui lui servira de cellule pendant 24 ans.
Le lendemain, le 29 août 1984, Rosemarie Fritzl, la mère, inquiète de la disparition de sa fille, se rend chez les forces de l’ordre pour demander le déclenchement d’une enquête pour personne disparue. Environ un mois après l’absence d’Elisabeth, afin de dissiper tout soupçon et mettre un terme à la procédure de disparition lancée par la police, Fritzl remet une lettre aux policiers, la première d’une longue série, qu’il a forcé sa fille à écrire tout au long de sa captivité. Dans cette première lettre qui porte le cachet de la poste de Braunau, une ville à 137 km d’Amstetten, Elisabeth écrit :
Chère maman, cher papa,
Je vous écris pour vous assurer que je vais bien. Je ne pouvais plus supporter la vie en famille, j’ai donc choisi de vivre chez un ami pendant quelque temps. Je suis très heureuse et épanouie là où je suis. S’il vous plaît ne me cherchez pas. Autrement je partirais loin, très loin, peut-être même que je quitterais l’Autriche.
Je vous en prie, laissez-moi vivre comme je l’entends.
Je vous embrasse très fort.
Votre Lizzy qui vous aime.
Avec ce courrier, Fritzl obtient ce qu’il voulait. Le dossier de la disparition de sa fille est classé sans suite et son épouse n’a plus désormais à se poser de questions. Il émet même une hypothèse selon laquelle Elisabeth aurait été embrigadée dans une secte religieuse.
Au cours des 24 années suivantes, Fritzl rend visite à Elisabeth dans la chambre cachée presque tous les jours, ou au moins trois fois par semaine. Il lui apporte de la nourriture ainsi que diverses fournitures, qu’il juge nécessaires à la vie quotidienne et la viole à plusieurs reprises. Il en fait son esclave sexuelle.
Elle donne ainsi naissance à sept enfants dans des conditions inhumaines, seule et sans aucune assistance médicale.
- Le premier accouchement a lieu le 30 août 1988, soit presque deux ans après son emprisonnement et sa fille aînée Kerstin est née. Elle vivra avec sa mère dans la cave jusqu’au fameux samedi 19 avril 2008, le jour de son hospitalisation.
- Le 1er février 1990, une petite fille, Stefan, est née. Elle reste également dans la cave jusqu’en 2008.
- Le 29 août 1992, Lisa naît. Début mai 1993, lorsqu’elle a 9 mois, elle est retirée à sa mère et découverte à l’extérieur du domicile familial dans une boîte en carton, qui y aurait été laissée par Elisabeth avec une note demandant que l’enfant soit prise en charge. Cinq jours après la découverte du bébé, les services sociaux prennent en charge le nourrisson. Fin 1993, le couple Fritzl demande la garde de la fille. La garde de Lisa est accordée aux grands-parents le 1er juillet 1994.
- Le 26 février 1994, le quatrième enfant, Monika, est né. Le 16 décembre, Monika, 10 mois, est également retirée à sa mère en captivité depuis bientôt neuf ans maintenant. Elle est retrouvée par Rosemarie Fritzl dans une poussette devant l’entrée de la maison. Une demi-heure plus tard, Mme Fritzl reçoit un appel téléphonique lui demandant de s’occuper de l’enfant. La voix de l’appelant ressemble à celle d’Elisabeth. Fritzl a semble-t-il utilisé un enregistrement de la voix de sa fille. Rosemarie a signalé l’incident à la police, exprimant son étonnement qu’Elisabeth connaisse leur nouveau numéro de téléphone, non répertorié. Le couple adopte Monika aussi.
- En 1994, Elisabeth est à l’étroit dans sa minuscule cellule, avec ses deux enfants aînés et ses grossesses qui se multiplient. Elle implore alors son père de leur trouver une solution. Suite à ses demandes répétées, Fritzl autorise l’agrandissement de la prison, obligeant Elisabeth et ses enfants à travailler pendant des années à creuser le sol à mains nues. La prison passe alors de 35 m² à 55 m².
- Le 28 avril 1996, une autre naissance et avec encore plus de souffrance pour le corps affaibli de la jeune fille, devenue jeune femme dans la trentaine et toujours en captivité. Cette fois-ci, elle donne naissance à des jumeaux. L’un des deux frères jumeaux décède trois jours après sa naissance dans les mains de Josef Fritzl, qui se débarrasse aussitôt du minuscule corps du bébé dans un incinérateur. Le jumeau survivant, Alexander, est également enlevé et emmené à l’étage à l’âge de 15 mois. Il est lui aussi découvert dans des circonstances similaires à celles de ses deux sœurs. Le 3 août 1998, les époux Fritzl prennent le petit Alexander en famille d’accueil.
- Le 16 décembre 2002, le dernier enfant de la fratrie est né. Il s’appelle Felix et il est resté dans la cave avec sa mère et ses deux grandes sœurs jusqu’à la fin du supplice en 2008. Fritzl déclare qu’il a gardé Félix dans la cave avec Elisabeth parce que sa femme ne pouvait plus s’occuper d’un autre enfant.
Pendant toutes ces années, Josef Fritzl a bien caché son jeu. Il a mené une vie tout à fait ordinaire à l’étage, avec son épouse Rosemarie, ses autres enfants, les frères et sœurs d’Elisabeth et ses soi-disant trois petits enfants. Il a tellement bien caché son jeu que même les travailleurs sociaux, qui rendaient visite régulièrement à la famille, n’ont jamais eu aucun soupçon à son égard.
Josef Fritzl déclare aux policiers que malgré les conditions de vie épouvantables de sa fille, elle a tenu à bien éduquer les enfants qui ont vécu avec elle. Elle leur a appris à lire et à écrire et leur parlait très souvent du monde extérieur qu’ils n’avaient jamais vu. Elle se servait également du poste de télévision comme moyen de socialisation et d’apprentissage pour ses enfants.
Source : ichi
Quand les agents de police l’interrogent sur la stratégie qui lui a permis de garder sa fille et ses enfants captifs pendant tant d’années, sans qu’ils ne tentent de s’évader ne serait-ce qu’une fois, il dit qu’à la cave comme à l’étage, les seuls mots d’ordre sont l’autorité et la rigueur. Il leur explique aussi qu’après son premier accouchement, Elisabeth est devenue beaucoup plus docile. Elle s’est en quelque sorte résignée à son sort, elle a compris qu’elle n’est pas près de quitter son cachot.
C’est justement à partir de ce moment qu’elle a commencé à mener une vie normale, d’après Fritzl. Elle préparait à manger, faisait le ménage, regardait la télé et il lui arrivait même de sourire ou rire, des fois. Le cachot est devenu sa maison et à la longue, elle a fini par s’y faire.
Pour les enfants, Fritzl dit qu’il n’ont jamais rien connu que leur cave, pour eux donc la vie y était tout à fait normale. Il ne cache pas pour autant qu’il lui arrivait d’éteindre les lumières ou de refuser de livrer de la nourriture pendant plusieurs jours pour rappeler à ses captifs qu’il avait le pouvoir de vie ou de mort sur eux.
Il déclare aussi aux enquêteurs qu’il avait dit à Elisabeth et aux trois enfants restés avec elle (Kerstin, Stefan et Felix) que s’ils tentaient de s’échapper, ils seraient gazés et s’ils s’approchaient de la porte de la cave, ils recevraient une décharge électrique et mourraient sur le coup. Il ne s’agissait en réalité que de menaces infondées et imaginées par Fritzl afin d’effrayer ses victimes ; il n’y avait même pas d’alimentation en gaz au sous-sol.
Ainsi, Josef Fritzl a pu compartimenter deux aspects de sa personnalité et deux vies distinctes sous le même toit, jusqu’au 19 avril 2008, jour où Elisabeth est enfin parvenue à convaincre son geôlier de père de conduire leur fille Kerstin, mourante, à l’hôpital.
Après les aveux effroyables de Josef Fritzl, je vous invite à découvrir la maison de l’horreur en compagnie des inspecteurs qui réalisent la perquisition des lieux.
Mais juste avant, revenons brièvement sur le sort des rescapés.
Le 29 avril 2008, à sa libération, Elisabeth, ses enfants et sa mère Rosemarie Fritzl qui n’était pas au courant de ce que subissait sa fille, sont pris en charge par les autorités. À cet effet, ils sont emmenés dans une aile protégée et hautement sécurisée de l’hôpital d’État d’Amstetten-Mauer, afin d’y recevoir tout le soutien, l’aide et les soins psychothérapeutiques et médicaux dont ils ont besoin.
Le 30 avril 2008, les habitants d’Amstetten organisent une veillée de prière pour Kerstin, toujours dans un état critique à l’hôpital. Au bout d’un mois et quelques jours, Kerstin retrouve sa famille, lorsqu’on la réveille de son coma artificiel. Les médecins disent qu’elle se rétablira complètement.
Venons-en maintenant à la fouille du domicile des Fritzl.
Les enquêteurs tombent de haut lorsqu’ils pénètrent dans le pavillon du 40 Ybbstrasse, à Amstetten alors qu’au premier abord, la maison qui date de 1890 est tout à fait banale. Sa façade donne sur une rue paisible et son arrière se compose d’un grand jardin boisé mitoyen. Mais en accédant au sous-sol, c’est une autre paire de manches ; la banalité de ce qui se trouve à l’étage laisse place à l’horreur absolue. Cette partie de la maison est beaucoup plus récente.
Ce n’est qu’en 1978 que Josef Fritzl a demandé un permis de construire pour une extension avec sous-sol, faisant office de bunker antiatomique. Rien de plus normal dans cette région pendant les années 70. En 1983, des inspecteurs en bâtiment visitent les lieux et authentifient que la nouvelle extension est construite selon les dimensions spécifiées dans le permis.
À l’époque, les inspecteurs en bâtiment ne se rendent pas compte du pot aux roses. En effet, Fritzl a illégalement agrandi la pièce, entre 1981 et 1982, en creusant plus d’espace qu’autorisé, pour un sous-sol beaucoup plus grand, qu’il a pris soin de dissimuler par des murs.
Il a en quelque sorte bâti une cave-prison secrète dans le sous-sol. En 1983, après le passage des inspecteurs, il a ajouté plus d’espace dans la cave secrète en créant un passage vers un sous-sol préexistant, sous une ancienne partie de la propriété qui ne figurait sur aucun plan et qu’il était le seul à connaître.
C’est ainsi qu’a pris forme le cachot dans lequel il a séquestré sa fille Elisabeth pendant 24 ans. Pour y accéder lors de la perquisition, les policiers parcourent tout un labyrinthe. Ils descendent d’abord les escaliers qui mènent au sous-sol légal, puis traversent huit pièces, chacune d’elles étant protégée par une porte fermée à clé, pour enfin arriver à la salle de travail.
Jusque-là, nous ne sommes encore que dans la partie construite légalement en 1978 et contrôlée en 1983. Mais c’est dans cette salle qui sert d’espace de vie et d’atelier à Josef Fritzl qu’est dissimulée la porte de l’enfer, derrière des étagères, qu’on peut déplacer avec des glissières. (Vous vous souvenez ! C’est bien la porte que sa fille Elisabeth a fixée avec lui 24 ans plus tôt, avant de se retrouver captive derrière cette même maudite porte).
Cette porte massive mesure un mètre de haut pour 60 cm de large et pèse 300 kg. Elle est revêtue de tôle en acier et remplie de béton. Pour l’ouvrir, il faut saisir un code électronique sur une télécommande, puis la faire glisser sur des rails en acier. Derrière, se trouve un couloir de 5 mètres de long, à son extrémité une dernière porte sécurisée par des dispositifs de verrouillage électroniques, qui mène enfin à la prison d’Elisabeth.
Il s’agit d’une pièce humide d’environ 55 m², sans aucune source de lumière naturelle et dans laquelle on respire difficilement. Elle contient trois petites cellules ouvertes d’une hauteur d’environ 1,70 m, reliées par des passages étroits. Les cellules ne sont pas disposées sur un seul niveau, chacune d’elle se trouve à un niveau légèrement différent de l’autre. Elles sont toutes insonorisées avec des tapis en caoutchouc.
La première cellule est équipée d’une zone de stockage, un lavabo, des toilettes, un coin douche, un coin cuisine avec une plaque chauffante, une machine à laver et un réfrigérateur, un espace de vie avec une petite table à manger, un poste de télévision avec un magnétoscope et une radio. Les deux autres cellules font office de chambres à coucher. Il y a deux lits dans chacune.
Source : lefigaro
Pour pénétrer dans cette prison dans laquelle ont été détenus Elisabeth et ses trois enfants pendant près d’un quart de siècle, les enquêteurs ont traversé cinq sous-sols verrouillables et une dizaine de portes au total. Tout ceci, dans une atmosphère étouffante, un silence absolu et sans aucun rayon de soleil.
Je n’ose même pas imaginer ce qu’a dû être la vie de cette malheureuse dans ce cachot monstrueux ! Même le chef de la brigade criminelle, Franz Polzer, qui est pourtant habitué à la vue des cadavres et des scènes de crimes les plus atroces, garde un mauvais souvenir de sa visite à la cave de Fritzl. Il déclare à propos de cette expérience : « Je suis allé voir ce cachot par moi-même une fois. Je l’ai visité et j’ai été bien content de pouvoir en sortir.
Dans cette pièce où la hauteur sous plafond ne dépasse pas 1,70 m, l’atmosphère est tout sauf plaisante. La vie quotidienne de ses occupants et leurs toilettes ont maintenu un niveau d’humidité élevé. Je pense que dans ces abominables conditions de détention, les dernières 24 années se sont écoulées dix fois plus lentement qu’à l’extérieur. »
Maintenant que vous avez suivi la déclaration d’Elisabeth, les aveux de Fritzl et la perquisition de son domicile, il ne reste plus qu’à revenir sur les témoignages que les agents de la brigade criminelle ont récoltés auprès des voisins et des proches de Fritzl pour enfin boucler l’enquête.
Cette partie sera assez brève puisque presque personne ne connaît vraiment Josef Fritzl, pas même sa propre épouse, ni ses autres enfants, exception faite de la malheureuse Elisabeth qui a connu le vrai visage monstrueux et sans pitié de son père à ses dépens. La police parvient tout de même à récolter quelques témoignages.
On commence par Christine, sa belle-sœur, qui raconte aux enquêteurs qu’elle avait noté que Fritzl allait au sous-sol tous les matins à 9 heures, sous prétexte de dessiner des plans de machines qu’il vendait à des entreprises. Elle dit également qu’il y passait souvent la nuit et malheur à celui qui s’approche de son espace de travail. Il ne permettait pas à sa femme, ni à aucun de ses enfants, d’accéder à son atelier sous aucun pretexte, même pas pour lui apporter un café.
Ensuite, il y a le témoignage d’un locataire du 40 Ybbstrasse. Fritzl lui a loué une chambre au rez-de-chaussée pendant douze ans. Il affirme avoir entendu des bruits sourds, des gémissements, des étranges bruits de cliquetis émanant des profondeurs souterraines, mais Fritzl lui avait expliqué qu’ils provenaient de tuyaux défectueux ou du vieux système de chauffage au gaz.
Nous sommes maintenant le 13 novembre 2008, les enquêteurs ont tous les éléments nécessaires à la constitution d’un dossier solide et les autorités autrichiennes publient l’acte d’accusation contre Josef Fritzl. Il sera donc jugé pour le meurtre de l’enfant Michael, qui est mort peu de temps après la naissance et encourt une peine de prison qui peut aller 10 ans à la perpétuité. Il sera également jugé pour les chefs d’accusation de viol, d’inceste, d’enlèvement, de faux emprisonnement et d’esclavage, des faits passibles d’une peine maximale de 20 ans.
La date du procès, quant à elle, est fixée au 16 mars 2009.
Mais avant de nous attaquer au procès, découvrons qui est Josef Fritzl et quel a été son parcours.
Josef Fritzl est né le 9 avril 1935, à Amstetten. Ses parents sont Josef Fritzl Senior et Maria Fritzl. Son père les abandonne lui et sa mère, alors que Josef Junior n’a que quatre ans. Il n’est ensuite jamais entré en contact avec son fils, depuis son départ et jusqu’à sa mort au combat en 1944, pendant la Seconde Guerre mondiale. Son nom apparaît sur une plaque commémorative à Amstetten.
Josef Fritzl Junior grandit alors, sans aucune figure paternelle. Il est élevé uniquement par sa mère, qui travaille dur comme servante pour subvenir à ses besoins et à ceux de son fils. Il est toutefois confié à une famille d’accueil pendant quelques mois en 1945, pendant que sa mère purge une peine de prison dans le camp de concentration de Mauthausen après avoir agressé un policier.
Après l’école obligatoire, Fritzl entame des études en génie électrique dans le lycée technique supérieur de Sankt Pölten. En 1956, alors que Josef Fritzl a 21 ans et est encore étudiant, il épouse Rosemarie, une cuisinière de 17 ans. Le couple donne naissance à sept enfants, deux fils et cinq filles, Ulrike l’aîné, Rosemarie Juniore, Harald, Elisabeth l’enfant du milieu, puis Gabriele, Josef Junior et enfin Doris, la benjamine. Une fois diplômé, Fritzl décroche son premier poste en tant qu’ingénieur dans une entreprise du groupe international autrichien Voestalpine AG à Linz.
De 1969 à 1971, il conçoit des machines de production de tuyaux en béton pour une entreprise de matériaux de construction à Amstetten. Plus tard, il devient vendeur d’équipements techniques, un travail qui lui permet de voyager dans toute l’Autriche. Il prend sa retraite à l’âge de 60 ans en 1995, mais poursuit certaines activités commerciales en plus de l’auberge qu’il exploite avec sa femme sur le lac Mondsee.
Fritzl est un homme de parole, autoritaire et travailleur, qui semble avoir mené une vie remplie et tout à fait normale. Mais son parcours n’est pas tout blanc tout propre. Bien qu’il ait eu un travail prenant, une grande famille à gérer et des business à faire tourner, il trouve le temps d’avoir des démêlés avec la justice.
En 1967, Fritzl, 32 ans, marié et avec une situation professionnelle établie, fait irruption au domicile d’une infirmière de 24 ans alors que son mari est absent. Il la viole en lui tenant un couteau sous la gorge, tout en la menaçant de la tuer si elle crie.
La même année, il est également suspect dans une affaire de tentative de viol sur une femme de 21 ans. La cour ne l’a toutefois reconnu coupable que pour des faits d’outrage à la pudeur. Fritzl est alors arrêté et purge douze mois en prison, sur les dix-huit auxquels il est condamné. Ensuite, dans les années 80, il est soupçonné dans une affaire d’incendie criminel qui se solde par un non-lieu.
Cependant, conformément à la loi autrichienne, son casier judiciaire est effacé tous les 15 ans. En conséquence, plus de 25 ans plus tard, lorsqu’il demande l’adoption et l’accueil des enfants d’Elisabeth, les services sociaux n’ont pas connaissance de ses antécédents criminels.
Après cette brève biographie de Josef Fritzl, certes, nous découvrons qu’il a des antécédents criminels, mais qu’il a aussi eu une vie assez ordinaire. Ce qui ne nous explique pas ce qui l’a motivé à séquestrer sa fille, la torturer, l’agresser et la violer pendant 24 ans.
Nous en découvrirons davantage lors du procès.
Justement, et sans plus attendre, vient l’heure du procès.
Nous sommes maintenant le 16 mars 2009, le procès de Josef Fritzl s’ouvre, presque une année après la découverte de ses crimes. Il est présidé par la juge Andrea Humer et a lieu dans le tribunal régional de la ville de Sankt Pölten, la capitale de l’État de Basse-Autriche. Il faut dire que ce procès est un événement médiatique en Autriche et partout dans le monde.
Tout le monde veut voir en vrai le visage du monstre Josef Fritzl. Mais ce n’est pas un monstre qui se dresse dans le box des accusés, juste un vieil homme qui a commis des actes abominablement monstrueux.
Le premier jour, Fritzl entre dans la salle d’audience en cachant son visage des caméras derrière un dossier bleu. L’agitation des journalistes et des spectateurs pousse la juge à les inviter à quitter la salle d’audience ; après quoi, Fritzl baisse son classeur.
D’entrée de jeu, il plaide coupable de toutes les accusations, à l’exception du meurtre du nourrisson Michael et d’agression grave pour les menaces de gazer ses captifs. Il tient tout de même à affirmer que de son point de vue, son comportement envers sa fille ne constituait pas un viol mais était consensuel.
Il enchaîne en déclarant : « J’ai toujours su, pendant les 24 années entières, que ce que je faisais n’était pas juste, que je devais être fou de faire de telles choses ; pourtant c’est devenu normal de mener une seconde vie avec une deuxième famille dans le sous-sol de ma maison. Je ne suis pas la bête que les médias font de moi. Je prenais soin d’Elisabeth et des enfants dans la cave. J’apportais souvent des fleurs à Lizzy, ainsi que des livres et des jouets pour les enfants dans le bunker.
Nous étions, à quelques exceptions près, une famille normale, on prenait des repas et on regardait la télé ensemble. » Plus tard dans la journée, il explique qu’il a décidé d’emprisonner Elisabeth parce qu’une fois adolescente, elle n’adhérait plus à aucune règle. « C’est pourquoi je devais faire quelque chose ; je devais créer un endroit où je pourrais éloigner Elisabeth, par la force si nécessaire, du monde extérieur. » Il a ensuite suggéré que l’accent mis sur la discipline à l’époque nazie, au cours de laquelle il a grandi jusqu’à ses dix ans, pourrait avoir influencé ses vues sur la décence et le bon comportement.
Lors de ce premier jour de procès, les jurés regardent onze heures d’enregistrement, celles d’Elisabeth témoignant lors d’une entrevue avec des policiers et des psychologues en juillet 2008. En effet, conformément à l’accord selon lequel elle n’aurait plus jamais à revoir son père, Elisabeth Fritzl a témoigné sur bande vidéo et n’avait aucune obligation de témoigner lors du procès. Ce témoignage est tellement déchirant que plusieurs jurés ne peuvent en visionner que deux heures.
Outre le témoignage vidéo, le frère aîné d’Elisabeth, Harald, témoigne aussi et déclare avoir été agressé physiquement par Josef pendant son enfance. La femme de Josef, Rosemarie et les enfants d’Elisabeth, quant à eux, ont refusé de témoigner.
Le deuxième jour du procès est exclusivement réservé aux témoignages des experts psychiatres et des enquêteurs de personnalité. Voici ce qu’il en ressort :
Les experts trouvent la source de la perversion de Fritzl dans sa relation avec sa mère. La matriarche aurait été une femme sévère qui ne manifestait aucune tendresse envers son fils. Elle l’aurait régulièrement battu et insulté. Ce qui a nourri chez lui un grand sentiment d’humiliation et une terrible peur de la personne de sa mère.
Cette peur a subsisté chez Josef même à l’âge adulte, puisqu’en 1959, après qu’il se soit marié et ait acheté sa maison, sa mère emménage avec lui et reprend son rôle tyrannique dans le foyer conjugal de son fils, l’humiliant ainsi devant sa femme et ses enfants. Ce n’est qu’en avançant dans l’âge qu’elle perd petit à petit son autorité et les rôles s’inversent.
Sa vieille mère, qui jadis fut une femme crainte, finit à son tour par craindre son fils. Josef Fritzl enferme sa mère dans le grenier et barricade sa fenêtre jusqu’à sa mort en 1980, année pendant laquelle Fritzl reprend le plein pouvoir et décide d’emprisonner sa fille.
Le psychiatre légiste émet alors l’hypothèse qu’il y a une corrélation perverse entre le sort de la mère de Fritzl et celui de sa fille Elisabeth, il conclut son expertise à la barre par un diagnostic et des recommandations. Il affirme que Fritzl souffre d’un trouble sexuel, accompagné d’un sévère trouble de la personnalité qui comprend des personnalités borderlines, schizotypiques et schizoïdes.
Autrement dit, Fritzl a un sens déformé de sa personne, de fortes réactions émotionnelles, une tendance vers un mode de vie solitaire et secret, un détachement, une paranoïa, une psychose transitoire et des croyances non conventionnelles. Ce lourd diagnostic mental pousse l’expert à recommander que Fritzl reçoive des soins psychiatriques pour le reste de sa vie.
Vient alors, la journée du 18 mars 2009 qui annonce la fin imminente du procès.
Pendant ce troisième et dernier jour de ce procès éclair et contre toute attente, Elisabeth Fritzl assiste au procès déguisée, depuis les galeries du public. Josef Fritzl la reconnaît et décide de plaider coupable pour tous les chefs d’accusation.
Source : europe1
Christiane Burkheiser, la procureure générale, estime que le plan prémédité de Fritzl pour enfermer sa fille n’était pas pour la discipline mais pour sa propre satisfaction et demande sa réclusion à perpétuité dans une institution pour aliénés criminels.
Rudolf Mayer, l’avocat de la défense, exhorte le jury à être objectif et à ne pas se laisser influencer par les émotions, en insistant sur le fait que Fritzl n’est pas un monstre et qu’il pouvait se montrer tendre et aimant envers sa fille et ses enfants captifs.
Le 19 mars 2009, les huit jurés du tribunal régional de St. Pölten déclarent l’accusé coupable à l’unanimité de tous les chefs d’accusation et le condamnent à la réclusion criminelle à perpétuité, accompagnée d’une période de sûreté de quinze ans. Fritzl ne peut donc demander une libération conditionnelle qu’en 2024, il aurait alors 89 ans.
Suite à l’annonce de cette peine, il déclare : « J’accepte la sentence et je ne ferai pas appel. » Puisque Fritzl et le procureur acceptent le jugement, il est immédiatement définitif et Fritzl est envoyé dans l’abbaye de Garsten, un ancien monastère de Haute-Autriche qui a été converti en prison.
Fin mars 2009, un avocat dépose une plainte auprès du parquet contre l’épouse et le fils aîné de Fritzl afin de clarifier si les deux étaient au courant des crimes de Josef Fritzl. Mais l’affaire est classée sans suite.
Revenons maintenant aux victimes de ce monstre sans pitié. Après avoir été pris en charge, Elisabeth, ses six enfants survivants et sa mère, sont hébergés dans une clinique locale où ils sont protégés de l’environnement extérieur et reçoivent un traitement médical et psychologique.
Les membres de la famille Fritzl se sont vus offrir de nouvelles identités.
Berthold Kepplinger, chef de la clinique où Elisabeth et ses enfants ont reçu les premiers soins, déclare qu’Elisabeth et les trois enfants détenus dans la cave avaient besoin d’une thérapie supplémentaire pour les aider à s’adapter à la lumière, après des années dans la pénombre. Ils avaient également besoin d’un traitement pour les aider à faire face à tout l’espace supplémentaire dont ils disposaient désormais pour se déplacer.
En mai 2008, une affiche faite à la main par Elisabeth, ses enfants et sa mère au centre de thérapie, est exposée dans le centre-ville d’Amstetten. L’affiche contient un message à l’attention de la population locale qui dit : « Nous, toute la famille, vous remercions tous, de votre sympathie pour notre sort.
Votre compassion nous aide énormément à surmonter ces temps difficiles, et cela nous montre qu’il y a aussi des gens bons et honnêtes qui se soucient vraiment de nous. Nous espérons que bientôt, il y aura un moment où nous pourrons retrouver notre chemin vers une vie normale. »
Fin 2008, il est révélé qu’Elisabeth et ses enfants sont plus traumatisés qu’on aurait pu le penser auparavant. Pendant sa captivité, Kerstin s’est arrachée les cheveux en touffes et aurait déchiqueté ses robes avant de les fourrer dans les toilettes. Stefan ne peut pas marcher correctement, à cause de sa taille d’1,73 m, ce qui l’a contraint à se baisser en permanence dans la cave qui ne faisait pas plus d’1,68 mètre de haut.
Il est également révélé que les événements quotidiens normaux, tels que le coucher ou le lever du soleil, le clapotis de la pluie, le hurlement du vent ou le claquement des portes, plongent Kerstin et Stefan dans des crises d’angoisse et de panique. Les trois autres enfants d’Elisabeth qui ont été élevés par le couple Fritzl sont traités quant à eux pour des crises de colère.
En 2009, après un certain temps d’adaptation dans les locaux mis à leur disposition dans la clinique psychiatrique, Elisabeth et ses six enfants sont transférés dans un village anonyme du nord de l’Autriche, où ils vivent dans une maison aux allures de forteresse. Tous les enfants suivent toujours des thérapies.
- Les enfants élevés à l’étage sont traumatisés car ils ont appris que Josef leur avait menti au sujet de leur mère qui les auraient soi-disant abandonnés et la découverte que leurs frères et sœurs avaient été emprisonnés dans la cave.
- Les enfants élevés au sous-sol par Elisabeth reçoivent, quant à eux, une thérapie en raison de leur privation de développement normal, du manque d’air frais et de soleil, lorsqu’ils vivaient confinés au sous-sol, et des abus qu’eux-mêmes et leur mère avaient subis de Josef lorsqu’il leur rendait visite.
Tous les enfants risquent toutefois de souffrir de problèmes génétiques communs aux enfants nés d’une relation incestueuse.
Toujours en 2009, Elisabeth décide de se séparer de sa mère, Rosemarie. Elle est toujours bouleversée par sa passivité pendant son éducation et par son déni lorsqu’elle a accepté l’histoire de Josef au sujet de sa disparition et son embrigadement dans une secte. Elisabeth permet tout de même à ses trois enfants qui ont grandi à l’étage de rendre visite à leur grand-mère régulièrement. Rosemarie vit seule dans un petit appartement.
En 2010, selon un article paru dans le tabloïd britannique The Independent, Elisabeth et ses enfants se seraient remarquablement bien rétablis. Selon cette même source, Elisabeth passerait son temps à faire du shopping, à prendre des douches fréquentes et à conduire. Tous ses enfants auraient développé des relations fraternelles normales les uns avec les autres et auraient pu surmonter les événements traumatisants qu’ils ont vécu.
Les trois enfants élevés à l’étage auraient appris à reconnaître Elisabeth comme leur mère. Les trois autres enfants mèneraient une vie on ne peut plus normale, en faisant des activités en plein air, jouant à des jeux vidéo et passant du temps avec leur mère et leur grand-mère. Malgré leur relation tendue, Elisabeth et sa mère Rosemarie auraient commencé également à se rendre visite davantage, et Elisabeth aurait pardonné à sa mère d’avoir cru l’histoire de son père.
En octobre 2012, Fritzl purge sa peine dans la prison de Stein et demande le divorce. Sa femme n’a jamais répondu à aucune de ses lettres et ne lui a jamais rendu visite en prison. À la suite du divorce, Rosemarie perd ses droits sur une partie de la pension de retraite de son ex-mari.
Le 28 juin 2013, le sous-sol de la maison de l’horreur est condamné avec du béton. Pendant plusieurs années, la maison du 40 Ybbstrasse est mise à disposition des demandeurs d’asile en attendant de trouver un acheteur. En 2016, elle trouve enfin preneur et son propriétaire la transforme en une sorte de petit immeuble avec plusieurs appartements.
En mai 2017, Josef Fritzl change son nom pour Josef Mayrhoff, par peur des représailles des autres détenus. Mais depuis que son nouveau nom a fuité, le Conseil de la presse autrichien a considéré que la vie privée de Fritzl est violée par la divulgation du nouveau nom et que sa sécurité physique dans la prison est mise en danger. Entre-temps il a sûrement dû être transféré de sa prison et a dû changer encore une fois de nom.
Quant à moi et en attendant de vous retrouver pour d’autres affaires criminelles tout aussi fascinantes sur lecoinducrime.com, je vous quitte sur une déclaration glaçante de Josef Fritzl faite depuis sa cellule en prison : « Il suffit de regarder dans les caves d’autres personnes, vous y trouverez surement d’autres Elisabeth et d’autres familles cachées. »
En 1984, Fritzl Josef, un monstre malade a attiré sa fille de 18 ans, Elisabeth, dans sa cave où il l’a droguée et violée à plusieurs reprises pendant 24 ans. De ces unions incestueuses sont nées sept enfants qui n’ont vu la lumière du soleil pour la première fois qu’en 2008.
Les sources :
- Lettres de la fille de Fritzl publiées
- Natascha Kampusch
- Affaire Fritzl
- Cas Fritzl
- Josef Fritzl
- Affaire Josef Fritzl
- Fritzl en prison – fille dans le bonheur familial
- 10 ans après sa libération : qu’est devenue la fille de Josef Fritzl
- Josef Fritzl, le monstre d’Amstetten
- Autriche : la maison des horreurs de Josef Fritzl a trouvé acquéreur
- Josef Fritzl : le monstre autrichien divorce en prison
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