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Aujourd’hui nous vous emmenons en voyage dans le Moyen-Orient à la découverte de deux affaires paranormales terrifiantes et singulières.
Nous irons d’abord à Damas en Syrie , dans le quartier de Al Jisr Al abyad , où une célèbre maison délabrée et abandonnée, fait encore parler d’elle. Mais pourquoi ses anciens habitants l’ont-ils tous quitté précipitamment pour ne plus jamais y retourner ?
Nous irons par la suite au Koweït, sur les traces d’un orchestre féminin mené par une célébrité locale, Al Taqaqa Noura. Artiste populaire très aimée dans son pays , elle est une incontournable de toutes les fêtes.
Mais un jour, en acceptant d’aller animer un prestigieux mariage , Noura et sa troupe sont loin de s’imaginer ce qui les attend.
La Maison Al Abrach
Quand on se promène dans les dédales de la ville Damas en Syrie et que nos pas nous mènent jusqu’au quartier traditionnel de Al Jisr Al Abyad, on est rapidement séduits par la douceur de vivre et la tranquillité qui y règne. Partout flotte le parfum du café oriental, des pâtisseries gorgées de sirop de rose, du bois de cèdre des fours traditionnels.
Les habitants vous saluent chaleureusement , vous demande votre nom, votre origine , si vous voulez vous asseoir prendre un thé avec eux , faisant fi du barrage linguistique et toujours avec cette discrétion, cette gentillesse et cette douceur d’âme et du verbiage, si caractéristiques des Syriens.
Au bout d’une heure , on quitte à regret les riverains pour prendre le chemin de retour. C’est sur notre trajet que notre regard tombe sur un ancien édifice poussiéreux de deux étages , à grande façade montée sur deux colonnes et dominant toute l’avenue Ibn Moqaddim.
C’est un édifice unique en son genre dans le quartier , de style architectural typique du début des années 40, avec ses grandes fenêtres aux vitres couleur olive et son portail en fer forgé. Ses murs , hauts et imposants, portent les signes du passage du temps.
Source : tartous2day
En s’approchant de plus près , on peut s’apercevoir que toutes les portes et fenêtres sont cadenassées et que la mauvaise végétation a depuis longtemps envahit les lieux. On tend le regard pour voir s’il y a quelque mouvement à l’intérieur mais pas âme qui vive. La maison semble avoir été abandonnée depuis des années.
Le boulanger d’en face nous éclaire sur le sujet :
« On l’appelle par ici Bayt Al Abrach ( littéralement maison Al Abrach ), ses propriétaires on ne les voit plus et plus personne n’y habite depuis vingt ans maintenant. »
Ces déclarations piquent évidemment notre curiosité. On apprend quelques jours plus tard, que la maison est devenue une curiosité locale au fil du temps et qu’une malédiction semble la poursuivre depuis.
Tout commence quand en 1945 , quand Cheikh Khalid Al Abrach, notable de Damas , rentier et propriétaire terrien , achète un terrain pour construire une maison de deux étages afin d’y loger sa nombreuse famille.
Le chantier dure bien deux ans , pendant lesquels des incidents plus au moins inquiétants ont lieu. En effet , treize ouvriers et maçons trouvent la mort durant la construction de la maison, certains sont grièvement blessés , d’autres tombés du balcon ou la terrasse.
Certains racontent des faits inquiétants , comme ce menuisier qui a senti une main invisible frapper en cadenceavec lui sur un pieu , ou encore ceux qui ressentent une tierce présence lorsqu’ils travaillent tous seuls dans une pièce.
Les faits sont tels que les ouvriers du chantier décident d’en parler au propriétaire Khalid Al Abrach. Mais ce dernier n’y accorde pas d’attention mettant cela sur le compte de vieilles superstitions diffusées parmi les gens du peuple , surtout ceux qui viennent des campagnes environnantes pour vivre à Damas.
Al Abrach fait tout pour apaiser les esprits et ordonnent à tout le monde à retourner à son labeur.
Mais quelques jours plus tard, de nouvelles plaintes commencent à pleuvoir.
Plusieurs ouvriers parlent de travaux commencés la veille et retrouvés complétement saccagés le lendemain. Cela dure tant et si bien jusqu’aux dernières touches de peinture.
Enfin, la maison est prête pour être habitée. La famille Al Abrach peut désormais commencer son déménagement.
La famille est composée de six membres, les parents Khalid et Dounia et leurs quatre enfants.
L’un des garçons égorge un coq rituel sur le seuil pour éloigner les mauvais esprits tandis que le père lit des versets coraniques pour bénir les lieux.
Pour son premier repas dans sa nouvelle maison, la famille invite des amis. Le diner se déroule joyeusement , hommes et femmes mangeant chacun de leur côté dans des pièces séparées comme le veut la tradition de ces temps là. Après le thé et le départ des convives, chacun regagne sa chambre pour dormir.
L’odeur de la peinture encore fraiche , le bois luisant et ciré, les vitraux verts étincelants à la lumière des lampes à pétrole , la mosaïque à damier , tout semble parfait.
Pourtant …
Le lendemain matin, parents et enfants se réveillent mal , les bras , le dos et les jambes endoloris accompagnés d’une forte migraine. Au petit déjeuner , tous évoquent la même chose : des cauchemars terrifiants tout au long de la nuit, comme ils en ont encore jamais fait. Les deux plus jeunes sœurs racontent avoir carrément entendu des voix étranges en se rendant au cabinet ou en allant chercher un verre d’eau.
Le père Khalid tente de calmer tout le monde, mettant cela sur le compte du changement de lieu de résidence, de murs et de matelas , que tous finiront par s’habituer à la nouvelle maison et arrêter de penser à ces choses étranges , tout droit sortis de leur imagination.
Et on l’écoute.
Durant la journée, chacun va vaquer à sa besogne, les garçons avec leur père font la tournée des magasins à la recherche de nouveaux meubles, la mère et ses filles s’affairent dans la cuisine et le ménage en attendant leur retour.
La nuit , avant d’aller dormir, Khalid Al Abrach décide de réunir femme et enfants pour effectuer la prière du Ichae puis chacun regagne sa chambre.
Le lendemain , les Abrach se réveillent en constatant que l’eau courante a été visiblement coupée pendant la nuit. Ils tournent et retournent désespérément les robinets des deux salles de bains, de la cuisine et de l’arrosoir du patio, en vain. Pas une seule goutte d’eau.
Ils s’informent dans le voisinage immédiat : non, apparemment il n y a aucun problème au niveau de la réserve hydraulique du quartier, personne n’a eu de coupure pendant la nuit.
Ça sera la dernière fois où les voisins verront la famille Al Abrach.
Pendant trois jours, aucun mouvement n’est constaté dans la maison, aucune aller et venue, aucun bruit , rien.
Inquiet, un couple âgé qui occupe la maison en face, va toquer à leur porte. Ils remarquent que cette dernière n’est pas fermée. Même constat au niveau des fenêtres , toutes grandes ouvertes.
Le couple fait le tour de la maison , pièce par pièce, mais ne trouvent personne. Toutefois, les chambres semblent avoir été prises de mouvement , comme si on venait à peine de les quitter et à l’intérieur règne un grand remue-ménage, les armoires sont ouvertes et tous les tiroirs aussi.
Sur la table de la cuisine, ils remarquent que le petit déjeuner est servi sur une table basse , probablement celui que le père de famille prend avant les autres , mais il est resté intact.
Le bruit de la disparition soudaine des six membres de la famille Al Abrach , commence à courir dans tout le voisinage. En début d’après-midi, la police est prévenue.
La perquisition des lieux dure une bonne partie de la soirée. La police remarque que les bijoux de Madame Al Abrach n’ont pas bougé de leur place et que rien d’autre n’a été volé. Vêtements, meubles, jusqu’aux ustensiles de cuisine et les vases du salon, tout est là.
Des jours passent, puis des semaines et des mois sans aucune nouvelle de la famille et sans qu’aucun de leurs proches ne vienne s’informer de ce qui se passe. C’est comme si la terre les avait avalé.
Il ne faut cependant pas omettre un détail très important. Quand la police est venu faire son constat , elle a trouvé dans l’un tiroirs de la chambre que partageaient les deux sœurs Al Abrach, un journal intime. Son contenu est rendu public .
En voici quelques extraits saisissants :
« La première nuit dans la maison a été terrifiante. Je n’arrivais pas à trouver le sommeil, je me tourné et retourné dans mon lit , j’avais très peur mais je n’arrivais pas à savoir de quoi au juste. »
Deuxième jour :
« La deuxième nuit dans la maison a été très amusante. »
Troisième et dernier jour :
« Maman est triste aujourd’hui. Elle ne m’a pas adressé la parole de la journée et j’ignore pourquoi. Papa semble comme une âme en peine aussi. Je le regarde , je lui parle , mais j’ai l’impression qu’il ne m’entends pas, qu’il ne me voit pas. Il ne fait que manger, c’est tout. J’ai peur. »
Ces notes aussi étranges qu’inexpliquées relayées par les journaux à sensation de l’époque, plongent le quartier d’Al JisrAlbyad dans une frayeur sans pareil.
Au bout de presque cinq mois d’investigations sans résultats, l’affaire de disparition de la famille Al Abrach est classée. Leur maison désormais cadenassée, est vouée à l’abandon sans qu’aucun autre membre de la famille de Khalid ne vienne la réclamer.
Et cela dure pendant vingt ans, vingt ans durant lesquels les habitants du quartier et les commerçants, coupent vers le trottoir en face afin d’éviter de passer devant la maison maudite et énigmatique qui refuse de livrer son secret.
C’est au début des années 80 que des héritiers sortis de nulle part, arrivent sur les lieux pour revendiquer le bien immobilier. Ils se présentent comme des cousins de Khalid Al Abrach et compte tenu qu’il n’a pas de frère ni de fils survivants, la maison leur revient de droit selon la loi islamique.
Les cousins mettent en location la maison et les demandes commencent bientôt à pleuvoir.
L’un des premiers à la louer après la disparition inexpliquée de ses premiers propriétaires, est un employé consulaire de l’ambassade de Russie à Damas, Andrei Salevyev.
Mais Andrei Salevyev n’ambitionne pas d’y habiter, il la veut pour autre chose.
Sa motivation est d’enquêter sur ce qui s’est réellement passé dans les années 40. Convaincu que l’affaire possède une forte dimension occulte, il fait venir un parapsychologue et un médium pour l’aider à sonder le mystère.
Leur issue sera fatale. Les deux spécialistes du paranormal meurent tour à tour dans des circonstances mystérieuses : le premier est retrouvé pendu au bout du corde dans la cuisine, le second disparu sans laisser de trace à l’instar des Al Abrach.
Une deuxième enquête est ouverte rapidement étouffée par l’ambassade russe qui ne voulait pas être mêlée dans une affaire épineuse de ce genre.
Et cela dure jusqu’en 2003, où une famille irakienne décide de louer à nouveau la maison.
Le jour dans son installation est marqué par un drame sans précédent : le fils unique de la famille est retrouvé mort dans sa chambre, précipitant le départ des parents deux jours plus tard, selon les dires du voisinage qui a assisté à la tragédie.
Quelques mois plus tard , trois institutrices reprennent la maison en colocation. Leur séjour dure quatre jours avant qu’elles ne prennent la fuite à leur tour dans la précipitation et en pleine nuit , laissant derrière elles toutes leurs affaires.
Certains témoins racontent que les trois jeunes femmes avaient perdu l’intégralité de leur dentition au cours de ces quatre malheureux jours et qu’elles avaient des visions horrifiantes qui les empêchaient de dormir.
Les faits sont tels que le voisinage , très bouleversé par les événements à répétition, décide de faire venir un hakim ( sorte d’exorciseur dans le rite musulman ). L’homme pénètre seul à l’intérieur pour en ressortir quelques minutes plus tard, pâle et en colère. Les voisins racontent qu’il parlait de façon incompréhensible avant de partir en courant sans donner plus d’explications.
Un an plus tard après ces évènements, un couple de médecins d’Alep et leurs deux enfants , louent le rez de chaussée de la maison. Leur séjour est beaucoup plus long que tous les précédents locataires puisqu’ils y restent un mois entier.
Pendant toute cette période, les voisins ne cessent pas de les alerter sur les dangers encourus, qu’ils feraient mieux de partir le plus vite possible, mais le médecin balaye tous ces avertissements du revers de la main :
« Allons, c’est de vieilles histoires de grand-mère, je n’y crois pas une seconde. »
Pourtant, au trentième jour de leur séjour, les choses basculent précipitamment.
Tout commence dès la matinée. La femme du médecin ignore pourquoi, mais elle est prise d’un très mauvais pressentiment, qui perdure tout au long de la journée.
De son coté, son mari remarque que tous objets de la vie courante commencent à faire un bruit extrêmement fort, aussi bien le ventilateur que les vitres des fenêtres et les portes. Tout semble avoir doublé sinon triplé de volume et de manière incompréhensible.
Pire, en s’enfermant pour travailler tranquillement dans son bureau, la lumière s’éteint. Le médecin se lève, appuie sur l’interrupteur mais celui-ci semble bloqué. Quand il essaye d’ouvrir la porte pour sortir du bureau, la lumière revient à nouveau, éclairant tout de façon opaque et intense.
Pour cet homme de sciences à l’esprit cartésien, cela ne peut être qu’un souci d’ordre technique, en effet, les pannes d’électricité sont fréquentes dans ces anciennes maisons de Damas où les installations anciennes sont restées.
Sauf que quand il retourne à son bureau, la chaise n’y est plus !
La terreur arrive à son apogée à la nuit tombée, quand le couple en allant s’assurer que les enfants sont endormis , remarque que le plus jeune n’est pas dans la chambre , que son lit est vide et ses draps sont sans un pli.
Soudain ils l’entendent pleurer et crier « Maman , maman ! ».
La voix semble venir du deuxième étage. Le couple se précipite , suivant la provenance de la voix du petit garçon. Il semble être derrière une porte. Le médecin tente de la forcer mais il sent une forte résistance de l’autre côté, comme si trois ou quatre hommes la bloquée de l’intérieur. Après une dernière tentative désespérée, le loquet éclate et la porte s’ouvre enfin. La pièce est sombre et sent le moisi.
Pas de trace du garçon, mais à la place, une note collée sur l’un des murs :
« Le départ ou la mort ! » Annonce l’inquiétant message.
C’est en retournant précipitamment dans la chambre des enfants, que les parents retrouvent leur fils endormi comme si rien n’était. Ses jambes et ses bras sont couverts d’égratignures suspectes.
Au terme du plus long séjour jamais passé dans la maison Al Abrach , le médecin et sa famille quittent sans attendre les lieux au lendemain de cette funeste nuit. En les voyant monter dans leur voiture encore vêtus de leurs pyjamas et sans emporter de bagages, les voisins comprennent qu’eux aussi ont finalement vécu quelque chose qui les a poussés à fuir pour sauver leur vie.
Les événements effrayants et inquiétants qui ont ponctué l’histoire de la maison ne concernent pas que les locataires mais également tous les gens qui vivaient à l’entour.
Dans le voisinage , on parle d’un étrange individu aperçu plus d’une fois debout dans le balcon , souriant de façon étrange et sans que personne ne sache ce qu’il fait là et d’où il vient.
Il arrive aussi que les lumières restent allumées pendant une bonne partie de la nuit avant de s’éteindre complétement les jours suivants et vice versa.
A cause des rumeurs qui circulent à son sujet et les témoignages d’anciens habitants, les propriétaires n’ont d’autre choix que de brader considérablement le prix de la location, dans l’espoir d’attirer de nouvelles personnes.
C’est en 2008 qu’un dernier groupe de locataires élu domicile dans la maison Al Abrach. Il s’agit de cinq garçons, tous amis et étudiants à l’Université de Damas.
Les cinq garçons y passent une première semaine sans problèmes, avant que les choses ne se compliquent.
L’un d’eux, que l’on va appeler Fares, commence à avoir des visions de plus en plus étranges. Il est pris d’insomnies et de maux de têtes tellement lancinants qu’il est incapable d’aller à ses cours. Ses amis racontent que plus d’une fois pendant qu’ils dormaient , ils l’ont surpris debout dans la chambre , les yeux grands ouverts dans le noir en train de les observer de façon étrange.
Il passe aussi énormément de temps enfermé dans l’une des deux salles de bain, parlant à voix haute, générant la frayeur parmi ses camarades.
Les événements prennent une tournure tellement malsaine et inquiétante, qu’ils prennent la décision de partir mais Fares s’y oppose fermement pour des raisons qu’il ne veut pas leur dire malgré leur insistance.
Vous le soupçonnez peut être déjà. Le dénouement de l’histoire des cinq étudiants est aussi fatal que les autres.
Du jour au lendemain, ils ne donnent plus signe de vie. Personne ne les revoit ni dans la maison , ni dans le quartier, ni à l’université ni chez leurs familles respectives.
Leurs corps ne seront aussi jamais retrouvés. Derrière eux ils ne laissent aucun message , aucune note ni aucun indice. Evaporés.
Les histoires entourant la maison Al Abrach ont longtemps fait coulé l’encre dans la presse à sensations syrienne au point qu’il y est devenu difficile de discerner entre le vrai et le faux, le réel et le fictif.
Mais comment expliquer que tous les locataires qui s’y sont succédés n’y ont pas dépassé deux ou quatre jours voire même un mois grand maximum ?
La légende qui circule depuis , veut que la maison soit hantée par l’esprit de Khalid Al Abrach, dont la dépouille a visiblement été enterrée dans le sous-sol pour des raisons mystérieuses. Certains ont évoqué des litiges assez violents à propos d’un héritage , d’autres ont stipulé que l’ancien notable a été assassiné par sa femme et ses enfants dans son sommeil, poussés à cet acte ignoble par des esprits malfaisants.
Pourtant , Raed Al Abrach , l’un des cousins de la famille raconte « La maison n’avait rien de suspect quand j’y venais passer quelques jours en compagnie de père, au contraire, j’apprécié toujours d’aller en visite là-bas chez mon oncle et mes cousins. »
En 2010, les derniers héritiers ont entamé des travaux de restauration tout en veillant à conserver la façade initiale. La maison a depuis été mise en vente sans jamais réussir à trouver d’acquéreur.
Dans le quartier d’Al Jisr Al Abyad, toujours debout malgré les affres de la guerre qui a sévit dans le pays, l’édifice aux fenêtres couleur olive est toujours là, défiant le passage du temps et les tragédies familiales. Un jour viendra probablement où il acceptera enfin de livrer ses secrets.
A présent, si vous voulez bien chers auditeurs, nous allons quitter la Syrie pour mettre le cap sur le Koweït pour notre deuxième affaire.
Le chant populaire est une part indissociable de l’identité des pays du Golfe. Depuis l’avènement de l’industrie du disque dans cette région au début des années 70, les artistes de renom n’ont jamais cessé de croitre.
Outre les chanteurs solos, c’est surtout les troupes de chant traditionnel qui remportent l’unanimité lors des soirées et des festivals mais aussi dans des cadres beaucoup plus intimes comme lors des cérémonies de mariage et les baptêmes.
Taqaqa Noura est justement l’une des icônes de cette chanson folklorique. Artiste koweitienne très célèbre dans les années 80 -90 , elle est aussi acclamée dans tous les autres pays de la péninsule arabique.
Source : newswav
En effet, il n y a pas un seul mariage, une seule célébration où Noura n’est pas conviée pour venir chanter et animer la soirée. Elle ne se déplace d’ailleurs jamais sans sa troupe , composée de six ou sept autres femmes qui l’accompagnent en chœur et au tambour.
Mais à l’apogée de sa notoriété, Taqaqa Noura disparait soudain du devant de la scène pour des raisons inconnues. Les rumeurs vont bon train : elle est peut être tombée malade , elle a décidé de prendre sa retraite anticipée, elle a eu des problèmes avec des clients malhonnêtes … Chacun y va de sa version sans réussir à en connaitre davantage.
Les journalistes qui essayent de la joindre pour tenter de sonder le mystère et la faire parler , essuient un à un des refus sans que Noura ne consente à donner plus de précisions sur le sujet.
C’est n’est qu’en 1994, après plusieurs tentatives , qu’elle accepte enfin à donner une entrevue au chroniqueur d’un journal dont l’identité est restée secrète.
Elle présente tout de même ses conditions : pas de caméra , pas de micros, pas d’éclairage, juste un simple magnétophone pour enregistrer ce qu’elle a raconté.
Le journaliste sait que c’est une occasion à ne pas rater : il accepte toutes les conditions qu’elle voudra pourvu qu’elle veuille le rencontrer en personne.
Quand la femme de charge de Noura vient ouvrir au journaliste le jour du rendez-vous, ce dernier pénètre dans une maison plongée dans des effluves d’encens de sorte que toutes les pièces semblent couvertes d’un léger brouillard.
Il remarque que tous les murs, sans exception, sont couverts de versets coraniques.
Précédé par la femme de charge, l’homme traverse le hall sans dire un mot , pris par un trac et ne sachant vraiment pas à quoi s’attendre.
Il est conduit jusqu’au salon où l’attend son hôtesse , assise en tailleur devant son coran et récitant les versets d’une voix basse et monocorde, tout en se balançant d’avant en arrière.
Le journaliste est d’emblée frappé par l’aspect de la dame. Chaque koweitien et koweitienne a en mémoire une femme bien portante, voilée, massive , à la peau sombre , au visage rond et poupin et toujours vêtue de couleurs vives, chantant d’une voix grave et rocailleuse et frappant des mains lors des soirées du samedi soir diffusées sur la première chaine nationale.
Hors celle qui l’invite à s’asseoir d’un geste ample de la main, n’est qu’une pâle réplique de ce qu’elle était auparavant. Noura a non seulement perdu toutes ses couleurs mais aussi énormément de poids, son visage est émacié , son regard est triste et éteint. Elle ressemble à une très vieille femme.
L’homme est bouleversé parce qu’il voit mais se défend d’en faire la remarque , craignant d’offenser l’artiste.
L’une des servantes vient leur servir le café. Puis Noura invite le journaliste à la suivre dans son bureau. Elle referme la porte derrière eux.
L’ancienne chanteuse garde le silence pendant un moment , se contentant de reluquer son interlocuteur d’une drôle de façon. Ce dernier rentre rapidement dans le vif du sujet en posant l’inévitable question, celle que ses collègues ont vaillamment espéré poser avant lui :
« Noura, pourquoi avez décidé de mettre un terme à votre carrière musicale ? »
Le silence revient , encore plus gênant que le premier. Noura pousse un soupir, baisse un peu la tête , plante ses yeux tout droit dans ceux du journaliste et dit :
« Vous voulez réellement savoir la raison ? Etes-vous prêt à tout entendre ? »
Il s’empresse de répondre :
« Bien sûr que oui, je ne suis ici que pour cela !»
« Eh bien à votre convenance. Ouvrez bien grand vos oreilles. J’ai accepté de vous recevoir après une longue et mûre réflexion. Vos collègues m’ont harcelé au téléphone pendant des mois , mais je ne voulais voir personne…
Le journaliste hoche la tête d’un air entendu.
Noura presse ses yeux de sa main et dit :
« Mais avant, vous allez me jurer de conserver mon récit dans son intégralité, que vous ne ferez ni montage, ni coupures, ni ajouts. Vous promettez ?»
« Je promets que rien ne sera modifié et que tout ce que vous direz sera rapporté fidèlement mot pour mot. »
L’ancienne chanteuse desserre enfin sa méfiance. Elle opine lentement de la tête comme pour se persuader elle-même de la suite. Puis, elle lui donne le signal qu’il peut commencer l’enregistrement.
L’homme sort immédiatement son magnétophone, l’actionne, la cassette commence à tourner.
Noura se met un peu en biais pour reprendre ses esprits. Elle ferme ses yeux à moitié , croise les mains sur sa poitrine :
Tout à commencer il y a un an par une simple sonnerie de téléphone….
La saison des fêtes venait de toucher à sa fin.
Les filles de ma troupe et moi-même étions ravies de prendre un peu de repos. Je ne vous cache pas qu’il y avait des semaines où ont travaillé chaque soir jusqu’aux premières heures du jour.
Durant cette période, nous avons été tour à tour en Arabie Saoudite, au Qatar, à Abou Dhabi, au Bahreïn. Le succès était toujours au rendez-vous. Ce furent toutes des fêtes réussies, des moments inoubliables.
Partout où nous allions nous étions accueillies comme d’anciennes amies de la famille. Comme vous le savez certainement , j’ai toujours été proche de mon public et toujours prête à aller animer une fête peu importe que les gens soient riches ou pauvres , peu importe qu’ils payent le prix fort ou qu’au contraire, ils me versent juste une petite somme symbolique. L’amour et la gaité que je voyais ce peindre sur les visages des mariés et de leurs parents étaient ma récompense.
Source : newswav
Comme je vous disais , nous étions prêtes à nous accorder quelques jours de repos bien mérités quand la téléphone a soudain sonné à trois reprises dans mon salon. Ma servante va décrocher puis vient me chercher. Une femme veut absolument me parler.
A l’autre bout du fil, j’entends une voix agréable qui me salue chaleureusement. La dame a l’accent de chez nous , du Koweït. Elle me fait ses vœux de santé et de prospérité , puis rentre tout de suite dans le vif du sujet.
Elle souhaite que je vienne animer la fête de mariage de sa fille qui doit avoir lieu le lendemain. Oui c’est un peu serré, elle le sait et elle s’excuse d’emblée de ne pas avoir appeler plus tôt , connaissant mon agenda chargé.
Je réponds :Je regrette vraiment, mais les femmes de ma troupe sont en vacances maintenant , veuillez accepter toutes nos excuses…
La femme parait mortifiée par mon refus , alors s’est mise à insister , presque à me supplier , énumérant ses raisons : sa fille m’aime beaucoup , je suis son idole incontestée, elle veut absolument que je sois présente à son mariage… Etc.
J’étais confuse, incapable de me prononcer.
La femme me prend par les sentiments, tant et si bien que je suis obligée de revenir sur ma décision. C’est d’accord , nous viendrons ! Je ne voudrais tout de même pas gâcher le plus beau jour de sa vie à cette jeune mariée !
Je note l’adresse , contacte ma troupe, leur demande de se tenir prêtes pour demain soir à 22h00. Je savais que je contrariée le plan de vacances de certaines , mais nous chantons ensemble depuis plusieurs années et nous formions presque la même famille. Et puis une soirée de plus ou de moins n’y changera rien.
Elles répondent OUI à l’unanimité.
Je suis soulagée. Pas pour longtemps.
Car, en déposant le combiné (ndlr après avoir parlé avec la dernière prévenue, Zahara) , j’ignore pourquoi , mais je suis soudain prise d’un mauvais pressentiment , comme si je regrettais déjà ma décision. J’ai médité à cela toute la soirée , mais c’était trop tard pour revenir sur ma parole.
J’ai fini par éloigner ces mauvaises pensées de ma mémoire, cela ne pouvait être dû qu’à la fatigue intense de ces dernières semaines.
Et puis arrive le lendemain . Les filles se présentent chez moi en fin d’après-midi. Nous montons nous préparer puis nous prenons la route pour aller au mariage. Nous transportions avec nous tout notre matériel instrumental.
La villa où est célébrée l’évènement se trouve dans une partie un peu isolée de la ville, autour il n’y avait pas beaucoup de maisons ni de mouvement d’ailleurs. C’était presque désertique.
Mais à peine avons-nous franchies le portail , que la beauté et l’éclat de cette fête nous frappe de façon spectaculaire. Cela se voyait clairement que c’était une famille fortunée. Tout reflétait l’opulence et le luxe jusqu’aux plus infimes détails.
Le garage est plein à craquer de voitures de marque des convives, de grands et lourds lampadaires sont accrochés le long de l’entrée d’honneur tandis que des luminaires éclairentle jardin. Nous traversons l’allée principale jusqu’aux escaliers, en marchant sur de luxueux tapis. Chaque parcelle de sol nu était couverte de l’étoffe moelleuse et tissée.
Une armée de serveurs et de cuisiniers s’activent dans la tente réservée au personnel traiteur.
De l’intérieur de la villa , nous parvient un joyeux brouhaha , des rires féminins et des conversations animées.
Mon mauvais pressentiment de la veille me quitte instantanément et je me sentais soudain pleine d’énergie, prête à animer cette fête du début à la fin.
A cet instant, je vois notre hôtesse qui arrive à notre rencontre, celle-ci même qui m’a parlé la veille au téléphone.
C’est une grande femme voilée, vêtue d’une belle abaya d’apparat de couleur noire toute sertie de diamants (note : la abaya est une robe ample et ouverte portée par les femmes de la région du Golfe, elle est généralement de couleur noire.)
Elle me serre chaleureusement dans ses bras, se confus en remerciements. Nous entrons.
Chaque partie d’espace est occupée par des femmes de tous âges accompagnées d’enfants. Certaines commencent à se lever pour nous saluer. Les filles de ma troupe et moi embrassant une multitude de joues, serrant une multitude de bras et de mains.
Nous remarquons qu’un autre orchestre féminin uniquement instrumentaliste est déjà présent pour nous seconder, installé un peu à l’écart sur une estrade. Notre hôtesse a donc pensé à tout.
Soudain, l’une des filles de troupe , Shams commence à me tirer sur le coude.
- Noura, tu n’as pas remarqué quelque chose ? Demande-t-elle.
- Non ? Qu’est ce qu’il y a ?
- Les femmes …
- Eh bien, les femmes ?
- Leurs joues ….Sont …Comment dire …rêches et leurs mains aussi…
Je lève les yeux au ciel. Que va-t-elle chercher encore !
- Shams, tu t’imagines des choses, je n’ai rien senti de pareil !
Shams est la plus jeune du groupe mais aussi la plus sensible. Nous avons quinze ans d’écart et je la considère un peu comme ma fille, moi qui n’ai jamais été mère.
Nous nous installons sur l’estrade face à l’assemblée, commençons à échauffer nos voix , à disposer nos instruments de percussion.
A chaque instant, des invitées affluaient de toutes parts, la salle commence considérablement à se remplir, la température à monter malgré la climatisation.
J’entonne mon premier couplet dans une salve d’applaudissements. Tandis que nous jouons, le nombre des convives ne cesse d’augmenter, et au moment même où nous pensons que beaucoup n’auront pas où s’asseoir, on leur fait aussitôt de la place et on les installe.
Je peux vous dire que jamais de toute ma carrière je n’ai assisté à un mariage avec un nombre aussi considérable de personnes présentes, un nombre qui n’a de cesse que de monter , monter et monter encore.
La démesure concerne aussi le repas de noces: jamais encore je n’ai vu des quantités de nourriture aussi gargantuesques , de rations aussi énormes, d’assiettées aussi larges !
Mais cette nourriture ne ressemble finalement à rien à ce que l’on sert d’habitude dans nos mariages. Pas d’entrées, aucune pâtisserie, aucun accompagnement , ce n’était que veaux , chameaux et moutons braisés, bouillis, en ragout ou tournant dans des broches.
Mais plus surprenant encore est la manière dont les convives se jetaient avec avidité sur les mets, comme si toutes étaient affamées et n’avaient pas mangé depuis plusieurs jours de suite. Voir des dames aussi élégantes se transformer en bêtes voraces à la vue de toute cette viandaille , m’intrigue un peu.
Puis je me ravise, je n’ai pas le droit de critiquer, je suis ici pour assurer l’animation, c’est peut être tradition familiale, peut-être que celle-ci est accoutumée à consommer des quantités importantes de viande et qu’en temps de mariage cela est tout à fait normal de voir autant de prodigalité.
Je jette tout de même un coup d’œil en biais sur les filles de ma troupe et je remarque le même trouble dans leur regard , la même consternation, la même confusion, surtout Shams qui transpire à grosses gouttes et à les joues en feu.
Moi-même je commence à ne pas me sentir bien, à être prise d’un mal de tête.
Autour de nous, les invitées continuent à faire ripaille tout en applaudissant en cadence entre deux bouchées.
Nous terminons la première partie de notre répertoire , avec une impression étrange dans la poitrine et une sensation de fatigue tenace. Pourtant , il est à peine minuit, la nuit promet d’être longue.
Avec les filles, nous nous retirons dans la loge qui nous a été réservée pour nous reposer, en vérité , une sorte de dressing avec une chaise et une coiffeuse.
Shams se plaint de migraine, déclare vouloir s’allonger car elle ne se sent pas bien.
Quant à moi, je suis saisi de vertiges assez lancinants pour vouloir m’allonger aussi sur un lit le plus vite possible.
Je quitte la loge et monte au deuxième étage. Qui sait s’il y a une chambre de vacante pour me reposer un moment, ce genre de maison contient d’habitudes plusieurs pièces souvent vides.
Mais arrivée à l’étage , je reste bouche bée.
Autour de moi , tout semble délabré, sale, abandonné, pas de chambres, seulement des murs éventrés et des fracas de ciment par terre. Non, ce n’est pas possible , je dois surement rêver ! Quel contraste avec l’ambiance que je viens à peine de quitter à l’instant, toute cette lumière, cette musique, ces gens qui mangent et qui dansent !
Je décide tout de même d’avancer dans ce No Man’s Land du deuxième étage, avec un mélange de curiosité et de frayeur. A ma grande satisfaction, je trouve une finalement un lit. Je tombe sur les draps, à moitié inconsciente , ne voulant que dormir pour apaiser mes vertiges et pouvoir assurer la suite de la soirée.
Je fais d’innombrables cauchemars. Le plus effrayant est certainement celui d’une femme à l’aspect repoussant me poursuivant dans les allées de la villa. Je me réveille en sursaut, toute tremblante et je la trouve , penchée sur le lit , me fixant d’un regard mauvais et démoniaque. Je me lève , fuis à toutes jambes , la femme sur mes trousses. Je ne savais plus où je mettais les pieds , je voulais juste quitter cette partie de la maison et revenir à la loge.
J’ai l’impression que ma course dure une éternité. A un moment , mes pieds lâchent et je tombe dans le vide. Je m’endors encore , incapable de faire la part entre cauchemar et réalité.
Je sens que quelqu’un me réveille. C’est Shams. Elle est toute pâle et elle pleure.
« Noura , je te cherche depuis tout à l’heure ! Des femmes m’ont dit qu’elles t’ont vu monté à l’étage et je t’ai suivi. Tu n’as rien ? »
Je lui raconte ce que j’ai vu, la supplie de garder son sang-froid.
Il faut vous avouer que je n’ai jamais été aussi heureuse de revenir dans une loge. Toutes les filles sont là, toutes ont l’air désemparées, prêtes à éclater en sanglots. Certaines me supplient de les laisser partir avant la fin de la fête, tant pis pour leur paie. Je les réunis autour de moi , tente de remonter la moral des troupes :
« Les filles, écoutez-moi bien. Nous sommes dans un mariage de djinns , ce que j’ai vu à l’étage me l’a confirmé. Si nous partons maintenant, nous risquons d’attiser leur colère et déclencher leur vengeance. Alors je vous propose de faire quelque chose, nous allons retourner à nos places et continuer la soirée, le plus naturellement possible. Dès que l’appel à la prière d’Alfajr retentira , nous fuirons sans attendre. Vous m’avez bien compris ? Je sais que je peux compter sur vous… »
Les regards suppliants et les sanglots réprimés qui accueillent ma requête me fondent le cœur mais je n’ai pas un autre choix devant moi.
De retour à l’estrade, nous remarquons que le nombre déjà considérable des convives de tout à l’heure avait doublé sinon triplé. La chaleur est étouffante, nous avons des difficultés à respirer. De la foule, s’élèvent des voix de plus en plus fortes, qui hurlent, acclament, hystériques et incontrôlables, des voix qui n’ont plus rien d’humain.
Nous nous remettons à jouer, le cœur prêt à lâcher à tout moment.
Zahara me fait signe de regarder du côté de l’autre estrade en face et j’aperçois le couple de mariés. Elle , habillée d’une robe mouchetée de blancs , lui d’une tenue d’apparat qui n’a strictement rien à voir avec celle que portent d’habitude les hommes koweitiens. C’était plutôt une espèce de tenue de l’époque Ottomane, avec caftan rouge bigarré et haut turban rehaussé d’une plume de paon sur la tête.
L’audience à cet instant semble comme saisi de transe , dansant de manière de plus en plus saccadée, tournée plutôt vers l’autre orchestre qui joue des airs endiablées au tambour.
Certaines djinns, dans le feu de l’action, se mettent carrément à sauter laissant apparaitre des jambes velues aux extrémités fendues en forme de sabots, comme ceux des ruminants. Cette vision nous paralyse de peur. D’autres, se mettent carrément à s’arracher des parcelles entières de cheveux qu’elles projettent à nos pieds, toujours au son de cette musique spasmodique.
Les filles et moi, continuons nos chansons, essayant de paraitre sereines et joyeuses, mais la terreur a pris le dessus. Nous nous trompons de notes plus d’une fois et bredouillant carrément les paroles. Quelle importance , désormais ?
Notre frayeur arrive à son paroxysme lorsqu’un moment donné, l’ensemble des convives, y compris la mère de la mariée, se mettent à avancer vers notre estrade, bouches grandes ouvertes, nous pressant de jouer plus fort, encore plus fort. Nous nous exécutons, haussant nos voix tremblantes et battant la mesure.
Je risque un regard vers l’une des fenêtres, espérant que l’aube est proche et avec elle notre supplice.
Et puis soudain …
Enfin …
J’entends la voix du mueddin et l’appel à la prière d’Alfajr. J’avais raison.
Autour de nous, les convives commencent à s’immobiliser , à se retirer , quittant notre estrade, avançant à reculons, visages déformés et repoussants.
Je jette à dernier regard aux filles. C’est maintenant ou jamais !
A cet instant, une panne électrique plonge la cérémonie dans l’obscurité la plus totale. Nous sautons de l’estrade , laissant là toutes nos affaires, tous nous instruments.
Nous marchons à tâtons dans le noir, tremblantes de peur. Nous tirons sur la première poignée de porte qui se présente à nous , elle donne sur la rue !
Nous courons, courons de toutes nos forces, incapables de nous arrêter pour reprendre haleine, guidées seulement par notre instinct de survie.
Le jour commence à pointer. Nous sommes au milieu de nulle part.
Soudain, de loin, nous voyons un homme arriver vers nous. Il nous fait signe de nous arrêter.
« Mais que se passe il mesdames, d’où sortez-vous comme ça ?? »
Je m’efforce d’expliquer ce qui nous est arrivé tout en craignant d’être prise pour une folle. Les mots s’entrechoquent dans ma bouche. Je balbutie en claquant des dents. L’homme hoche la tête d’un air inquiet.
« Mais ma pauvre dame, la maison dont vous parlez est complétement délabrée et plus personne n’y vit depuis des années. De quel mariage parlez-vous ?»
Il nous aura fallu une semaine entière pour nous remettre de notre état de choc. Plusieurs des filles de ma troupe, avaient du mal à retrouver le sommeil après cet évènement. Trois d’entre elles ont même décidé d’abandonner le métier pour toujours , dont Shams qui promettait pourtant d’être une artiste reconnue plus tard.
Nous avons eu beaucoup de mal à en parler autour de nous, par peur d’être moquées et pas prises au sérieux. C’est alors devenu un peu notre secret à toute les six et à chaque fois que l’on se voyait , on ne pouvait s’empêcher de l’évoquer dans ses moindres détails, frémissant encore de terreur au souvenir de tout ce que nous avons vécu.
Voilà pourquoi j’ai décidé d’abandonné la scène, monsieur le chroniqueur, j’avais peur de revivre un autre épisode de cet acabit, un autre mariage occulte.
Je me suis tournée vers mon Créateur , je l’implore chaque jour, tout en le remerciant de m’avoir sauvé la vie ce jour-là où je me sentais à deux doigts de la fin. »
Les révélations d’Al taqaqa Noura qui a célébrée un mariage de djinns à son insu, a l’effet d’une bombe dans le Koweit , scindant les avis en deux, avec d’un côté ceux persuadés que ce n’est qu’un tissu de mensonges destiné à donner un coup de boost à sa carrière, et de l’autre ceux qui la croient sur parole, connaissant sa réputation irréprochable et convaincus qu’elle aurait été incapable d’inventer une histoire aussi effrayante dans le seul but de faire sensation dans la presse.
Elle décède en 2003 ou 2004 , sans plus jamais accorder d’interview ni réapparaitre sur scène ou à la télévision.
Aujourd’hui nous vous emmenons en voyage dans le Moyen-Orient à la découverte de deux affaires paranormales terrifiantes et singulières :
Nous irons d’abord à Damas en Syrie, précisément à la maison Al-Abrache où il arrive de terribles malheurs à tous ses habitants qui quittent le lieu précipitamment pour ne plus jamais y retourner. Nous irons par la suite au Koweït, sur les traces d’un orchestre féminin qui raconte avoir animé un prestigieux mariage d’esprits surnaturels.
Les sources :
- Histoire de la maison Al-Abrache
- La maison hantée Al-Albrache
- L’histoire derrière la maison Al-Abrach
- Toute l’histoire sur la maison hanté Al-Abrach
- L’histoire d’une maison hantée
- La chanteuse Noura qui a assisté au mariage des jinne
- Taqaqa Noura
- Nora Al Daqaqa
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