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Dans les années 60 en Union Soviétique, le club touristique Chergid passe pour être l’un des fins fleurons dans ce qu’on peut faire dans le domaine de la randonnée pédestre.
Pourtant, quand de jeunes scouts commencent à disparaitre de façon inquiétante et mystérieuse , la panique saisit toute la commune de Stavropol.
Il faudra des années à la milice soviétique pour découvrir qui se cache vraiment derrière ces disparitions. Et comme souvent, c’est la dernière personne sur qui les soupçons pouvaient peser.
Je vous invite à découvrir avec moi l’histoire macabre du club Chergid, l’une des plus terrifiantes affaires criminelles soviétiques.
Etre élève en Union Soviétique entre les années 60 et 80 implique une grande responsabilité vis-à-vis de ses pairs, de ses professeurs, de ses parents et de l’Etat. La pédagogie soviétique prône l’excellence dans tous les domaines, l’échec est rarement toléré et est considéré comme un affront.
A côté de cela , il est accordé une grande importance à l’activité physique où les pupilles doivent encore une fois s’illustrer. Les Olympiades, les concours des régions, les médailles , les trophées font partie de la vie de chaque élève ou étudiant né en URSS ; Et là encore, pas de place pour les perdants.
Les dirigeants de cette époque veulent une nation jeune, saine , innocente, cultivée, brillante, éloignée de toute forme de tentation morale ou physique.
C’est dans cet esprit que le club Chergid voit le jour début des années 60 dans une petite commune de Stavropol, dans le Sud de la RSFSR de Russie.
Les habitants de Stavropol pourraient vous raconter bien de belles choses sur ce club de randonnée , passé pour être l’un des meilleurs et des plus sérieux de toute l’Union, celui que chaque garçon rêvait d’intégrer un jour comme on intégrerait Harvard aux Etats-Unis.
Mais l’histoire ne retiendra pas que cela.
Mais pour ne pas vous perdre dans le fil de notre récit , nous allons d’abord faire connaissance avec le créateur de ce club , un homme acclamé partout à Stavropol , un honnête camarade , membre du Parti Communiste , un homme , somme t-il qui n’avait absolument rien à se reprocher.
Anatoly Yemilianovitch Slivko est né le 28 décembre 1938 dans la jeune ville d’Izberbach RSSA du Daghestan. Izerberbach a été fondée en 1931 sur un ancien site pétrolier. Elle compte environ un millier d’habitants au début des années 40.
Source : thefamouspeople
Le foyer des Slivko est dysfonctionnel. Les parents, Yemilian et Anna, tous les deux ouvriers se querellent dès qu’ils se retrouvent dans une même pièce. Ils ont un fils, Andrei, né en 1935 et puis la maman tombe une seconde fois enceinte. C’est une grossesse par accident, non désirée et mal accueillie dans l’entourage.
Désespérée, Madame Slivko essaye de provoquer une fausse couche, failli y laisser la vie et est sauvée in extrémis par les médecins. Le bébé, un garçon, né en urgence est un prématuré.
On le prénomme Anatoly.
Son enfance se déroule misérablement dans un pays en proie à toutes sortes de privations, les fameuses purges de Staline font légion , la confiscation des biens des paysans par l’armée est monnaie courante, la disette le lot quotidien de la plupart.
Anatoly est un enfant renfermé, solitaire et maladif. Il n’a aucun ami et préfère rester au calme à la maison plutôt qu’aller jouer avec les autres garçons de son âge. Alors pour tromper sa solitude, il débute un élevage de lapins qu’il tuera et lynchera par la suite dès qu’ils ont commencé à se multiplier et à lui échapper dans les tunnels qu’ils ont creusé dans le potager familial.
En 1942, la guerre fait rage. L’Union Soviétique est en conflit avec son ennemi de toujours, l’Allemagne nazie.
Izerbach est prise et les soldats allemands qui commencent deja à faire des maisons leurs quartiers généraux. Yemilian Slivko est mobilisé comme la plupart des autres hommes.
Un jour, Anatoly assiste à l’assassinat d’un petit voisin par un soldat allemand. La vue du sang éclaboussant les bottes noires de ce dernier et la manière dont il les a essuyées avec un mouchoir pour les faire briller, le marque énormément.
Mais l’Union Soviétique remporte la victoire finale. Les vaincus sont envoyés dans des camps en Sibérie ou exécutés.
Dans les écoles, on inculque aux élèves qu’ils font désormais partie d’une grande nation glorieuse, sortie victorieuse d’un conflit mondial sanglant et que désormais ils devront tout faire pour la servir.
C’est l’époque dorée et optimiste d’une URSS tournée vers l’avenir.
Après l’obtention de son diplôme, Anatoly rejoint l’armée dans l’Extrême-Orient russe. Cette période coïncide avec le déménagement de ses parents dans la région de Stavropol dans le sud du pays.
Anatoly aime beaucoup la vie de soldat, l’ambiance de la caserne, la franche camaraderie entre les garçons. Cela ne l’empêche d’être rapidement démobilisé.
Il retourne chez ses parents et s’inscrit dans un institut des métiers techniques. Après l’obtention de son diplôme, il est engagé en tant qu’operateur à Azot, une usine d’engrais azotés où ses parents travaillent aussi.
Ce n’est pas l’emploi rêvé pour Anatoly qui a toujours voulu travailler avec les enfants. Travailler à l’usine le révulse.
En 1961, alors qu’il a 23 ans, il est témoin d’un horrible accident de la route : un motard visiblement ivre, percute et s’écrase sur un petit groupe de jeunes pionniers (équivalent des scouts en URSS). L’accident fait plusieurs blessés graves et quatre morts. La vue des corps ensanglantés agit comme un électrochoc sur Anatoly qui fait immédiatement le lien avec le petit voisin tué par un soldat nazi à l’époque.
Pire, la vue de la jeune victime avec ses chaussures ensanglantées et sa cravate rouge de travers, provoque chez lui une grande excitation sexuelle. Cela le perturbe beaucoup et il est hanté par cette vision durant plusieurs jours.
À l’époque où se déroulent ces événements, il n y a pas de psychiatres spécialisés dans la région pour traiter ce genre de traumatismes et de toute façon, Slivko n’aurait jamais pensé à aller en consulter.
Il se découvre entretemps une passion : la randonnée sauvage qu’il mène les premiers mois en solitaire ou accompagné d’un collègue de travail.
Et une idée lui vient systématiquement en tête.
Trois ans plus tard, Slivko commence à se rendre dans les écoles de Nevinnomyssk à Stavropol pour y organiser une genre de cercles parascolaires, vantant aux jeunes élèves ébahis, des récits sibériens où la nature est sauvage et à l’état brut.
Anatoly que tout le monde commence à appeler par son diminutif , Tolik, est une jeune homme bien de sa personne doté de beaucoup de charisme sans compter son talent de conteur remarquable.
Le succès de ces cercles est tel qu’il fini par obtenir un an plus tard un emploi de conseiller dans l’un des établissements scolaire de Nevinnomyssk.
Pendant les vacances scolaires et les weekends, Slivko emmène ses jeunes pupilles en randonnée de deux ou trois jours dans les forêts de la région de Stavropol.
Son travail à l’usine Azot qu’il ne l’a jamais vraiment intéressé , passe désormais en second plan. Ses supérieurs, sachant qu’il est devenu conseiller parascolaire dans une école , lui permettent désormais de s’absenter pour pouvoir assurer son autre activité.
C’est en 1966 que les autorités attribuent à Anatoly une salle pour les besoins de son club baptisé désormais « Romantik ». Situé dans le centre-ville, le « siège » du club inclut un bâtiment en bois avec une salle de réunion et plusieurs petites pièces communicantes. C’est ici que se réunissent désormais les protégés d’Anatoly Yemilianovitch , de jeunes adolescents pour la plupart , avides d’apprendre les méthodes de survit dans la forêt, comme allumer un feu et dresser une tente.
Il faut bien mentionner que le scoutisme est une activité très prisée en URSS et tous , filles comme garçons s’y adonnent avec beaucoup de plaisir. L’idéologie soviétique voulant qu’un corps sain soit dans un esprit sain, ce genre d’exercices est très encouragé dans les établissements scolaires, il permet non seulement de responsabiliser l’adolescent mais aussi de l’éloigner de toute forme de déviance ou d’addiction.
Anatoly Slivko n’a jamais été aussi heureux de toute sa vie. L’emploi qu’il a toujours idéalisé et convoité est devenu réalité. Outre le fait qu’il aime partager son savoir, il aime surtout la compagnie des jeunes garçons, leurs corps musclés, leur virilité naissante.
Oui , car Slivko est un homosexuel refoulé, grand tabou de l’URSS et condamnable comme un crime. La honte de ressentir autant de désir envers des individus de son sexe, tourmente le moniteur au plus haut point.
Cette attirance , il l’a compris du temps où il servait dans l’armée lorsque ses camarades parlaient chaque nuit de leurs conquêtes féminines et que lui restait à l’écart. Il se souvient que pour ne pas de démarquer, il s’est forcé d’entamer une relation sans lendemain avec une fille qui demeurait proche de la caserne.
Mais la fille lui tend un piège : elle tombe enceinte, espérant ainsi le conduire à un mariage rapide mais Anatoly refuse. Elle menace de tout rapporter à son chef de garnison mais cela ne semble pas l’inquiéter outre mesure
« De toute façon, qu’est ce qui te fait croire que c’est le mien ? » Dit-il, revêche.
L’aventure ou plutôt cette première mésaventure amoureuse se conclut par le départ de son ancienne maitresse, mutée au Kazakhstan pour y travailler dans un central de gaz. Anatoly est entretemps démobilisé et envoyé à la maison.
Sa mère le voyant arriver à l’âge tardif de 29 ans (29 ans c’est tard pour se marier en URSS où d’habitude tout le monde commence à se caser vers 18-20 ans), le presse de se marier au plus vite pour fonder une famille. Anatoly éloigne à chaque fois l’échéance prétextant qu’il n’a pas le temps de courtiser ces dames sans jamais oser avouer la raison véritable.
L’infatigable maman , prend la réticence de son fils pour de la timidité et à recours à une marieuse pour lui dégoter une femme.
Ne voulant pas contrarier les plans maternelles, Anatoly accepte d’épouser Lyudmila , une jeune et jolie ouvrière brune qui travaille comme lui dans l’usine Azot. Lyudmila a été promue pendant deux années consécutives « meilleure soudeuse de son département » et la radio étatique lui a même accordé une interview sur le sujet.
Lors de leurs rendez-vous, Lyudmila ne s’inquiète pas une seule fois que son fiancé ne cherche pas à lui serrer la taille, à lui prendre la main ou lui donner un tendre baiser sur la joue, au contraire, la jeune femme estime qu’un tel comportement indique la décence et la sincérité des intentions de l’élu de son cœur.
Slivko fait officiellement sa proposition à sa promise et le mariage est célébré quelques semaines plus tard au Palais des Mariages N1 Griboyedovsky, assuré par deux conseillers du district des Députés du Peuple.
Puis arrive la nuit de noces qui se révèle un vrai fiasco. Anatoly a vraisemblablement des problèmes d’érection sans compter qu’en terme de partenaire sexuelle, Lyudmila le laisse de marbre.
Mais la vie de couple est harmonieuse. Anatoly est un époux attentionné et respectueux même si il n’assure pas au lit. Lyudmila , elle , semble s’accommoder de la situation. Le problème n’est jamais évoqué de vive voix , au temps de l’URSS le sexe en lui-même est un sujet hautement tabou que tout le monde fait mine d’ignorer.
Mais Anatoly, peut-être pris de remords, décide d’aller consulter un spécialiste pour ses problèmes de libido. Le médecin met cela sur le compte de la fatigue et lui prescrit du repos et une alimentation riche en sel et en protéines. Tout finira par s’arranger dans quelques temps. Rassure-il.
La vie sexuelle de Slivko et Lyudmila bien que pauvre en tendresse ne les empêche pas d’avoir deux fils. Mais à la naissance du deuxième enfant, Anatoly s’installe dans le salon, mettant ainsi un terme à sa vie conjugale avec sa femme.
Néanmoins, il ne faut pas omettre de dire que Slivko était satisfait de son statut d’homme marié, le tampon sur le passeport lui ajoutait du poids dans la société et lui donnait confiance. (pour nos chers auditeurs , le passeport du temps de l’URSS n’est pas une pièce de voyage mais plutôt l’équivalent de la pièce d’identité nationale et tout y était signalé : emploi, métier, mariage, divorce, veuvage, nombre d’enfants avec leurs noms et patronymes, cela permettait aux autorités de mieux contrôler la population).
Entretemps, Anatoly continue à mener avec un grand enthousiasme ses activités au club « Romantik » ; les inscriptions aux différentes activités n’ont jamais été aussi nombreuses. L’agenda est tellement saturé qu’aucune sortie n’est annulée, même en hiver malgré les conditions climatiques extrêmes.
« C’est dans la rigueur de l’hiver que vous pousserez à bout toutes vos limites » Martèle le moniteur.
La nuit , autour d’un immense feu de bois , Anatoly , raconte à ses élèves de vieilles légendes sibériennes , celle de Baba Yaga , l’ogresse mangeuse d’enfants ou encore de Vassilisa la Belle qui arriva à déjouer ses plans par la force de sa bonté d’âme.
Les enfants et adolescents sont littéralement subjugués par la personnalité de leur mentor.
Source : Reddit
En juin 1968, alors que la chaleur rasante s’est installée à Stavropol , Anatoly est demandé par le directeur :
« Anatoly Yemilianovitch, quelqu’un doit vous parler d’urgence au téléphone ! »
Incendié le bâtiment du club « Romantik » ! Tout a été mangé par les flammes déclenchées on ne sait comment. Mais Anatoly est sur et certain qu’il s’agit de l’œuvre de quelque professeur jaloux de son succès.
Pour le consoler, L’Oblast de Stavropol accepte de lui offrir un autre local pour abriter son activité. C’est ainsi que le siège de « Romantik » déménage au Palais des Chimistes.
Et ce n’est pas pour rien qu’une telle faveur lui est attribuée : avant même la création du club « Romantik », Slivko s’est porté une fois volontaire pour reconstituer la collection d’expositions dudit Palais. L’Etat soviétique l’a même envoyé en Bulgarie et au Japon pour partager son expérience avec les locaux et les inciter à venir visiter la Russie.
Pour le congratuler de ses nombreux efforts, le RSFSR (la république socialiste fédérative soviétique de Russie) attribue à Slivko le titre honorifique d’enseignant, et ce bien que n’ayant jamais fait d’études dans ce sens.
Le lendemain, Slivko dépose sa démission chez le bureau des ouvriers. Il préfère éviter le regard circonspect de la secrétaire blonde platine en prenant la lettre entre ses doigts boudinés. Elle dit de sa voix de basse :
- Anatoly Yemilianovitch, vous avez reçu l’ordre du politburo ?
- Non , j’ai ici celle de mon nouvel emploi.
C’est ainsi qu’il quitte l’usine Azot pour toujours, le cœur nettement plus léger , après plusieurs années de bons et loyaux services à surveiller les machines infernales tandis que le contremaitre, Ivan Petrovitch, passait entre les rangs vérifier si tout le monde travaille comme il le faut.
Il ne va pas le regretter, cela c’est sur , le ventripotent, l’obséquieux ours Vaniya , qui laissait trainer ses cendres de cigarette à chaque fois qu’il passe devant vous avec ses airs d’importance.
Lyudmila , son fichu blanc sur la tête et vêtu de sa combinaison de travail , lui lance en criant pour couvrir le bruit des machines :
Tolik, n’oublie pas de chercher du lait pour les petits en sortant !
Pensant que l’ancien nom du club pourrait leur porter malheur, Anatoly décide de le rebaptiser Tcherguid Чергид, condensé en russe de « par fleuves, monts et vallées » phonétiquement « Tcherez rekiy, goriy i doliniy ». Bientôt , Chergid commence à recevoir un bon financement des autorités locales.
En raison de son travail militaro-patriotique, la première excursion du genre suite à l’incendie à lieu au Col Marukh à la rencontre d’anciens vétérans de la Guerre qui sont venus expressément pour raconter aux jeunes pionniers la dureté des combats et leurs lieux emblématiques.
Pour ces garçons , âgés entre 10 et 16 ans, faire partie du club de Slivko est un immense privilège. Non seulement Anatoly Yemilianovitch est un moniteur hors pair, mais c’est aussi un homme modeste qui les traite avec parité contrairement aux autres enseignements accoutumés aux vieilles méthodes matraqueuses.
Le succès est tel que le journal Pionerskaia Pravda, sorte de guide de randonnées, rend plusieurs fois hommage au club « Chergid » et à son créateur.
Loin de n’être que des Pionniers, les 200 jeunes protégés de Slivko , surnommés les « Chergidovtsii » ont la chance de se faire remettre des badges « Jeune Touriste » pour ceux qui obtiennent le maximum de points aux nombreuses compétitions.
En effet , le moniteur a introduit un système de points pour chaque travail effectué lors des randonnées comme l’extraction du bois de chauffage, l’allumage rapide et correct d’un feu de camp, l’épluchage de pommes de terre pour la soupe et la salade etc.
Plus tard, ces mêmes points sont reconvertis en argent , qui est par la suite redistribué par Slivko en personne aux élèves les plus méritants. Et pour ne pas décourager les autres, il leurs distribuent des friandises et des livres.
Pendant le mois d’été, la vue des corps nus et sveltes des adolescents de Chergid commence à tourmenter de plus en plus Slivko qui dès lors, commence à monter dans sa tête des plans macabres afin d’assouvir ses pulsions homosexuelles refoulées.
Un soir , de retour de l’une de ses randonnées, il se met à fouiller dans un carton gardé au-dessus de l’armoire de sa chambre. En farfouillant dans la pile de documents et de bouquins , il tombe sur ce qu’il cherchait ,la caméra Quartz que l’un de ses supérieurs de l’armée lui avait offert pour s’être distingué lors d’un exercice.
Luda, continue à touiller la soupe , voilà comme ca, surtout sois naturelle, attends , oui comme ca !
Ainsi muni de sa caméra, Anatoly fait le tour de la cuisine , filme ses enfants en train de diner :
- Igor, Dimitri, qu’est ce que maman a cuisiné de bon ce soir ?
- De la purée et des Kotletii (boulettes de viande en sauce)
- Mmm et c’est comment ?
- Trop salé à mon gout ! Répond l’ainé.
Debout devant sa gazinière, Lyudmila envoie un baiser à l’objectif.
- Ils vont t’engager à Mosfilm (société cinématographique de l’URSS) ?
- Non, c’est pour le club.
- Mais c’est une bonne idée ca !
- Oui, et je regrette de ne pas y avoir pensé plus tôt !
La nuit , il rêve de l’accident survenu quelques années plus tôt, celui avec le motard écrasé sur le groupe de jeunes Pionniers. Dans son songe, les petits garçons morts se remettent à marcher en laissant des empreintes de sang sur l’asphalte avec leurs bottines noires.
Mais ce n’est pas tout , il voit surgir le soldat allemand avec son uniforme de la Wehrmacht, armé de sa carabine , sortant élégamment son mouchoir brodé pour essuyer ses bottes ensanglantées, avec ce geste mesuré et froid comme seul les Nazis pouvaient en avoir à cette époque pour commettre les pires ignominies.
Anatoly se réveille en sursaut , tremblant de tous ses membres, son sexe est en érection et ses draps sont maculés de sperme. Il se met débout, ouvre grand la fenêtre et se met à respirer l’air frais du petit matin à pleins poumons.
- Tolik ?
Lyudmila est devant la porte du salon, vêtu de sa chemise de nuit rose déboutonnée. Son mari se retourne.
- Tolik, tu criais , tu as fait un cauchemar ? Tu veux que je te prépare une tisane ?
La vue de la peau flasque et blanche de Louda le dégoute instantanément. Il avale sa salive péniblement, tentant de cacher son sexe avec sa main.
- Non , ca va aller, retourne te coucher.
Le lendemain, au comité de Chergid où les pionniers se réunissent deux fois par mois, Anatoly exhibe sa caméra Quartz devant les adolescents ébahis.
- Les garçons, voilà qui va tout changer lors des randonnées ! Nous allons filmer nos expéditions et en faire des petits films qui pourront être projetés lors de la fête de fin d’année au VDNKH (foire culturelle).
Un murmure d’approbation et des sifflements admiratifs accueillent immédiatement cette requête.
- Je vais vous montrer comment ca marche, venez tous autour de moi.
La semaine qui suit coïncide avec le début des vacances nationales. Le club Chergid décide de se rendre à Mourmansk en train, une grande aventure. Le trajet dure à lui seul deux jours et deux nuits entières, tant le territoire est immense et qu’il va falloir relier le Sud au Nord , proche de la frontière finlandaise.
Dans les quatre wagons-couchettes sentant la vodka, le thé et l’oignon, sont installés une trentaine de jeunes pionniers et Anatoly Slivko. Voyager en train à cette époque est un grand privilège et pas à la portée de tout le monde, mais la RSFSR prend tout en charge quand il s’agit d’activités de ce genre.
Source : cracked
L’excursion doit se dérouler en trois étapes : première nuitée dans un gite, deuxième halte avec dressage des tentes près du Lac Oumbozero et enfin, le point le plus important du voyage , parcours du massif montagneux de Lovozero sans pour autant l’escalader vu que ni Slivko ni ses élèves ne possèdent des certifications d’alpinistes.
La journée dans le campement près du lac se déroule de façon idyllique. Tous les pionniers s’activent , tandis que Slivko assis sur une chaise pliable donne ses directives par haut-parleur.
- Igor, Vaniya, Mitia et Micha, vous allez chercher du bois ! Kiril, Aliocha, vous vous occupez de l’eau et Pavel , Andrei et Seriogia , occupez-vous du feu. Attention, Je vais noter tout le monde !
Conscients d’être en compétition et voulant davantage plaire à leur moniteur que de récolter des notes , les garçons se démènent , manches de chemises retroussées , cravates rouges rabattues en arrière, chevelure blonde trempée de sueur ;
Slivko se délecte. Mais il a d’autres plans pour l’après-midi.
Depuis qu’il a repéré sa caméra Quartz il n’est plus obsédé que par cette seule idée : reproduire une mise en scène où un enfant se fait pendre avec un nœud coulant mais pas au point d’entrainer la mort, NON , Slivko a pensé a tout : il a consulté des manuels de médecine, a étudié la technique adéquate pour mettre au point une pendaison sans créer de dommages , il est d’ailleurs écrit noir sur blanc dans ces ouvrages que la pendaison de courte durée ne conduit qu’à une légère amnésie rétroactive.
L’après-midi , alors que tout le monde fait sa sieste sous la tente, Slivko appelle le jeune Kiril Nikitine. Le jeune garçon âgé de 12 ans est parmi les plus brillants de la troupe. Slivko lui pose une main protectrice sur l’épaule :
- Kiril , tu veux participer à quelque chose d’extraordinaire ?
- Oui, Anatoly Yemilianovitch !
- Alors viens avec moi !
Le moniteur et le garçon s’engouffrent dans les bois, là où l’herbe est la plus dense et où les bouleaux blancs mouchetés de noir, forment des rangées bien alignées.
Ils débouchent sur une clairière calme et lumineuse. Slivko sort alors un document où il demande au pionnier de signer. Kiril , signe sans vraiment savoir de quoi il s’agit , mais Slivko s’empresse d’expliquer d’un ton neutre et enjoué :
- C’est juste un document ou tu dis vouloir participer à cette « expérience » de ta pleine volonté, cependant rien ne t’y oblige. Ce papier sera notre secret, inutile d’en parler à tes parents ou à l’un de tes professeurs, d’accord ?
- –D’accord , opine Kiril Nikitine.
Slivko lui tend la main pour la serrer d’un air solennel. Il demande à l’enfant de se mettre en équilibre sur une buche , de fermer les yeux et de respirer profondément tout en comptant jusqu’à 100. Le moniteur sort la corde en hâte, en fait un nœud coulant qu’il place autour du cou d’un Kiril confiant, comptant très haut 1 , 2, 3, 4, 5, 6…
- A mon signal tu sautes !
L’enfant fait un saut dans le vide , la caméra Quartz s’actionne. Kiril commence à se balancer comme une poupée de chiffon d’avant en arrière. Très vite , le souffle commence à lui manquer, il essaye de retirer le nœud mais ce dernier est bien trop serré. Slivko fait durer la torture pour 5 minutes supplémentaires avant de se précipiter sur l’enfant déjà inconscient , les traits crispés et le corps déjà ballant pour le détacher de son lien.
Il vérifie son pouls, il bat toujours et son rythme cardiaque bien qu’affaiblit, est toujours là.
Entretemps, la caméra n’a pas cessé de tourner, pour le plus grand plaisir du moniteur sadique.
Le soir venu , assis autour du feu de camp avec ses autres camarades, Kiril n’a plus aucun souvenir de sa mésaventure, fruit de l’esprit tordu de son professeur qu’il idolâtre tant. Il sait juste qu’il lui a fait le privilège de partager un secret avec lui.
A la fin du voyage à Mourmansk , Nikitine est congratulé et Slivko lui offre 20 points supplémentaires, un uniforme neuf et une paire de bottines noires d’un cuir de qualité.
Le film de « la pendaison de Kiril » est développé , étiqueté et gardé soigneusement dans un carton caché sous le bureau de Slivko.
Et cela se déroulera ainsi pour les prochaines excursions , Slivko choisi à chaque fois une victime à qui il fait confiance, lui fait subir la mascarade de pendaison tout en la filmant. Et tandis que le garçon est inconscient, le leader de « Chergid » s’adonne à des attouchements de plus en plus suggestifs sur lui en insistant sur ses parties génitales.
Sur chaque cassette , Slivko assigne toutes les informations en relation avec le pionnier comme par exemple :
« Kiril , 12 ans, Mourmansk , sortie scolaire, 1964 »
« Evgueni , 14 ans , Oural, sortie scolaire , automne 1964 »
« Oleg, 9 ans, Nijni-Novgorod, sortie scolaire, printemps 1965 »
La nuit, Slivko a l’habitude se projeter ces courts-métrages d’un genre particulier, se délectant à chaque passage et se masturbant en voyant le garçon pendu et se tortillant de douleur au bout de la corde.
Le fait que les garçons ne gardent que de faibles séquelles de ces tentatives de meurtres à peine déguisées , l’encourage davantage dans son délire sadique. La plupart s’en tirent d’ailleurs qu’avec des vertiges, des maux de tête qui finissent par disparaitre le lendemain. Pour ces enfants , soucieux de mieux faire que leurs camarades, il n’est jamais venu à l’esprit d’être des objets de fantasme déviant et dangereux.
Et puis , Slivko est un homme persuasif : la participation des garçons à ces expériences perverses doit être considéré comme un exploit.
Source : facebook
En mettant un sac en cellophane sur la tête d’un pionnier, il lui assure que cela l’aidera à survivre à une carence d’oxygène en cas d’avalanche dans les montagnes , à un autre petit de taille, il déclare que le fait d’être suspendu l’aidera considérablement à étirer ses vertèbres et donc de gagner quelques centimètres.
De jour, la personnalité de maniaque pédophile est soigneusement dissimulé par cet homme d’apparence si affable , si sérieuse, si charmante. Les parents le congratulent souvent, le remerciant à coups d’invitation à boire ou à diner à chaque occasion. Recevoir Anatoly Yemilanovitch chez soi équivaut à recevoir un notable de l’époque du Tzar.
Il faut aussi rappeler qu’au moment où se déroulent ces événements, avoir un club de randonnées à Nevinnomyssk est une chose hors du commun pour une commune de province. Chergid avec son abondance de sections diverses incluant rassemblements, excursions avec nuitées dans les tentes, obstacles en montagne, natation, sans compter les aliments fournis couteux et peu courants comme le lait concentré sucré, le chocolat, les mandarines, les viandes froides , fait toute sa particularité.
Et puis arrive le jour où tout bascule et où ce Slivko tellement acclamé partout, franchi la ligne de non retour.
Cela commence quand un pionnier du nom de Nikolai « Kolya » Dobryshev , âgé de 15 ans , disparait mystérieusement lors d’une sortie dans la Toundra. Kolya aimait beaucoup Slivko et participait fidèlement à ses conférences du temps du club initial « Romantik ».
Vraisemblablement, l’adolescent est mort accidentellement lors du jeu de la pendaison. Le moniteur a tenté de le réanimer sans succès. Mais la vérité est beaucoup plus horrifiante : après avoir constaté sa mort, Slivko n’a pas hésité à le violer puis à le démembré, avant de se masturber sur son tibia . Avant de quitter la scène du crime, il a jeté les restes dans les eaux du lac Kouban.
Issu d’un foyer dysfonctionnel , la disparition de Kolya n’a même pas alerté sa mère et les recherches entreprises pour le retrouver n’aboutissent à rien du tout. La milice n’a même pas songé à interroger les membres de Chergid.
Dix ans plus tard , le club est toujours aussi auréolé de succès dans toute Stavropol. Il est tel qu’on en parle même dans les gazettes moscovites.
Anatoly Slivko est à présent un homme de 36 ans, toujours à la tête du club qu’il a crée. Nul n’aurait songé une seule fois que cet homme charmant puisse un jour tourner des films pervers impliquant des enfants feignant la mort par pendaison.
Et pourtant …
C’est pendant un weekend de printemps que les pionniers déposent leur campement dans la foret de Varovskolesskiy non loin de Stavropol. Après un diner rapide à base de kacha et de soupe tout le monde part se coucher pour se lever le lendemain à 6h00.
Anatoly Slivko prévoit une compétition de natation dans le Lac Novopyatigorsk. Vêtus de leurs maillots rouges identiques, les pionniers se jettent dans les eaux de l’étendue lacustre au signal de sifflet de leur moniteur.
« C’est bien les garçons ! Oleg, ne restes pas à la traine ! Igor, c’est comme ca qu’on fait le crawl ? Un peu de veine ! I raz, I raz , I raz (et un, et un ) ! BRAVO SACHA ! Hourra !
Aleksander Nesmeianov, affectueusement appelé par son diminutif Sacha, est un adolescent de quinze ans, doté d’une beauté et d’une blondeur angélique. Gagner la compétition le rend extrêmement fier, mais comme se pavaner n’est pas du ressort de l’éducation soviétique , il se contente de serrer la main de ses amis et de son professeur.
Cet adolescent un peu rêveur , un peu romantique , n’est pourtant pas apprécié dans son lycée ; Depuis qu’il s’est pris l’envie de laisser pousser ses cheveux et les garder longs, les avertissements n’ont pas cessé de pleuvoir depuis la direction. Sa mère est même appelée pour expliquer ce comportement jugé « suspect ».
La rumeur commence à courir que Sacha est un garçon efféminé sans pour autant se risquer de le définir d’homosexuel. Il devient la risée de sa classe et le bouc émissaire des enseignants qui ne manquent pas une occasion pour l’humilier.
Parmi ces adultes tellement gonflés d’importance, Anatoly Yemilanovitch devient sa bouée de sauvetage, le seul qui le comprenne sans le juger, le seul à le conseiller sans trop s’attarder sur son intimité.
Après le déjeuner, Slivko le prend à part :
« Sacha , les autres vont piquer un somme dans quelques instants, mais pour toi je te réserve une meilleure surprise pour célébrer ta victoire. »
Sacha rougit de bonheur , bien sûr qu’il est d’accord, qui pourrait dire non au gentil Anatoly Yemilianovitch ?
Le chef du club lui fait rédiger une sorte de déclaration sur l’honneur :
« Etant en bonne santé et sans aucune coercition, j’accepte de mener une expérience médicale avec la perte de conscience. Je jure de garder le fait de la participation à l’expérience ainsi que ses résultats dans le plus grand secret et de ne jamais le dire à personne en aucune circonstance. »
Comme les victimes précédentes, Slivko promet à Sacha de lui donner 30 roubles, une somme énorme puisque cela équivaut au salaire d’un enseignant de maternelle en URSS.
Mais rien ne se passe comme prévu.
La pendaison feinte tourne rapidement en tragédie puisque l’adolescent , après avoir escaladé la potence de fortune et coincé sa tête dans le nœud coulant, se met aussitôt à suffoquer et décède rapidement sous l’objectif de la caméra.
Slivko s’approche du pauvre Sacha , le détache, tente de le réanimer en vain. Il est mort. Il se retourne, histoire de s’assurer qu’il n’a pas été vu par quelqu’un mais la foret est silencieuse. Sa respiration est tellement haletante et bruyante qu’elle résonne dans ses oreilles.
Sur le corps inanimé et déjà flasque de Sacha, Slivko s’adonne à une relation sexuelle post-mortem. Par la suite , il creuse une tombe à la hâte , y jette le cadavre et revient au campement.
En prenant son air le plus affolé, il se met à crier :
- Les garçons, quelqu’un aurait vu Aleksander Nesmeianov ? Je l’ai envoyé chercher du bois pendant que vous faisiez la sieste et il n’est toujours pas revenu !
L’ensemble des jeunes pionniers se mettent immédiatement à sa recherche en ratissant le bois , guidé par Slivko qui leur fait éviter l’endroit où a eu la pendaison fatale. La nuit est déjà tombée et pas de trace de Sacha.
Le retour en autocar se fait dans le silence. Tout le monde a la mine défaite. Cela n’est pas arrivé depuis la dernière fois où Kolya Dobryshev n’a plus donné signe de vie lors d’une excursion.
Mais dès le lendemain, quelqu’un vient sonner à la porte des Slivko. C’est la mère de Sacha accompagnée de deux agents de la milice , venue interroger Anatoly comme la personne présumée être la dernière à l’avoir vu vivant.
Après le départ de la police et de la maman, Slivko retourne à sa besogne. Il ne s’inquiète pas outre mesure, la confiance dont il jouit auprès des autorités du district et son statut de membre du parti communiste le protège.
Mais la mère de Sacha ne veut rien lâcher et demande à ce qu’une enquête soit ouverte.
Mais les enquêtes policières dans les affaires de disparition ne font pas légion en URSS ; de ce fait, malgré les investigations ouvertes dans le cadre de l’affaire pénale initiée par la police, les résultats sont très mitigés voire carrément inexistants.
La mère de Sacha de son côté, continue à mener sa propre enquête , reliant Minsk en Biélorussie et Astrakhan plus au Sud. Elle fait appel à toutes sortes d’autorités aussi bien policiers, miliciens , gendarmes sans aboutir à quelque chose. L’hypothèse que les autorités privilégient est que le garçon s’est noyé accidentellement dans le lac.
Les photos du disparu sont même montrées à la télévision. Ce genre de couverture médiatique est une nouveauté. C’est ainsi qu’un détenu d’une prison de Nijni-Novgorod déclare qu’il a tué et noyé l’adolescent. Par la suite, les enquêteurs découvrent qu’il mentait et qu’il a fait cette déclaration uniquement pour aller visiter Nevinnomyssk dans la cadre de la reconstitution.
L’enquête est finalement abandonnée en 1971 sans réussir à mettre la main sur le vrai coupable.
Quatre ans plus tard, un autre enfant , Andrei Pogosyan, 11 ans , ne donne plus signe de vie. La seule information que détiennent ses parents est qu’il est parti avec sa classe tourner un film à Rostov-sur-le-Don , il a d’ailleurs demandé à sa mère de lui acheter un nouveau maillot de bain à cette occasion.
Mais ironie du sort, les parents de Pogosyan n’ont même pas pris la peine de se renseigner sur le nom de l’accompagnateur de leur fils et la police chargée d’enquêter ne fait pas la liaison avec la disparition de Sacha.
Mais une semaine après , la police tombe sur la valise d’Andrei avec tous ses effets personnels à l’intérieur. Les plongeurs de l’armée sont envoyés pour fouiller le fond de la rivière Kouban. Cela prend trois jours pour y arriver d’un bout à l’autre sans que le corps de l’enfant ne soit répertorié.
Sans indices supplémentaires, l’affaire est encore une fois classée sans suite.
En 1980, Sergei Fatnev , 13 ans , s’évapore à son tour dans un bois de Stavropol. Cette fois-ci, Anatoly Slivko se porte volontaire pour participer lui-même aux recherches sur le terrain avec une trentaine d’autres hommes sans compter la milice.
Le moniteur de Chergid se montre plein de zèle dans l’espoir de détourner les soupçons à son égard. Il interviewe lui-même les habitants et recueille des témoignages dans un carnet. Il pousse la cruauté jusqu’à consoler lui-même les parents de Fatnev en leur promettant de faire de son mieux pour aider la police.
Les années suivantes , au moins deux autres garçons disparaissent dans des circonstances semblables et de nouvelles cassettes vidéos se rajoutent dans la cinémathèque macabre de Slivko.
A présent , sa violence et sa dépravation n’ont plus de limites et les victimes récentes ont toutes subits une fusillade, un viol post-mortem et la gorge tranchée.
La nuit, Slivko consigne le déroulement des assassinats dans son journal intime, la morphologie des victimes, la couleur de leurs yeux, leurs traits de caractère. A force de ruser et de mentir, il se met carrément à croire à sa propre version des faits.
Et puis , il faut dire que le régime politique en place l’aide en quelque sorte dans ce sens. En Union Soviétique, il est d’usage de nier l’existence de ce qu’on appelle « Les crimes décadents de type occidental », autrement dit les crimes commis par des tueurs en série , une notion que l’on attribut aux Américains et que les Russes ne connaissent pas encore car la censure communiste en a décidé ainsi.
Mais tout se précipite en juillet 1985 quand la police de la commune de Mira reçoit le coup de téléphone d’une jeune fille dont le petit frère a disparu en allant pêcher à la rivière Kouban. Le fait qu’il n’ai pas emporté sa canne à pêche a un peu surpris sa mère.
Encore une enquête qui sera soldée par un échec et une disparition en plus dans les archives de la police d’Etat. Et puis un voisin des Pavlov , fait une révélation inattendue :
« Seryoja m’a dit que le chef du club de randonnée Chergid, Anatoly Slivko avait proposé de le prendre en photos pour les besoins d’un magazine . »
Mais quand la police se rend dans les locaux du club , ils ne trouvent personne : Slivko et un groupe de garçons sont partis en voyage au bord de la Mer Noire pour une dizaine de jours.
Mais alors que l’enquêteur en charge de l’affaire Pavlov est lui-même parti en vacances, c’est son adjointe, Tamara Langueva qui reprend les choses en main.
Et c’est grâce à cette magistrate chevronnée et minutieuse que les choses vont enfin bouger.
Profitant de l’absence de Slivko, Langueva se met à interroger longuement le reste des membres du club Chergid. Parmi ces garçons, beaucoup se montrent réticents à livrer quoique ce soit mais rapidement les langues commencent à se délier à propos des curieux projets cinématographiques de leur moniteur adulé.
Ces révélations font froid dans le dos. D’après les témoignages , Slivko s’adonne à présent à la réalisation de longs-métrages , il a d’ailleurs tourné plusieurs opus amateurs sur Baba Yaga, les Cow boys et les Comanches, la Wehrmacht…etc. Ces films se concluaient toujours par une exécution , généralement par pendaison.
Au cours de l’enquête menée passionnément par Tamara Langueva, d’autres révélations viennent s’ajouter : des garçons avouent avoir survécu à des tentatives de meurtre.
Les bois avoisinant Stavropol sont immédiatement ratissés par la milice accompagnée de chiens renifleurs. Des restes de vêtements carbonisés mais aussi des squelettes sont répertoriés. Pour Langueva, nul doute que d’autres cadavres sont encore cachés quelque part.
Anatoly Slivko est finalement arrêté le 28 décembre 1985. L’arrestation qui a d’ailleurs lieu dans les nouveaux locaux du club déménagé à Zima Prospect , coïncide avec le 47ème anniversaire de l’intéressé.
Quand on lui met les menottes, Slivko se montre indigné et se met à injurier les policiers, vantant ses connaissances dans les hautes sphères du parti et ses relations dans le politburo.
« Vous le regretterez ! » Menace-il.
Lors de la perquisition de son appartement , la police trouve un nombre incalculable de casques appartenant à l’armée allemande mais aussi des grenades, des cravates de pionniers , des uniformes et des badges. Mais ce qui retient leur attention, si surtout les souliers noirs , environ une dizaine de paires, sciées au niveau des orteils. Les pièces à conviction sont toutes rassemblées et envoyées au siège de la police de Stavropol. Comme tout assassin fétichiste , Slivko aimait à conserver les effets personnels de ses victimes, cela le stimulait sexuellement.
Ce n’est qu’au dernier jour de la perquisition que le carton contenant les pellicules est enfin retrouvé. Sa projection en choque plus d’un.
Anatoly Slivko finit par avouer une vingtaine d’homicides volontaires et 43 tentatives d’assassinats.
Il est condamné à mort et pendu le 16 septembre 1989 dans une prison secrète à Novotcherkassk.
La veille de sa mort, il avait rédigé une longue lettre d’adieu à sa femme et ses deux enfants.
Craignant les représailles et la vengeance des parents des victimes, Lyudmila Slivkaya et ses fils quittent Stavropol dans un train de nuit sous escorte policière.
C’est ainsi que se termine l’histoire sombre et dérangeante de l’un des maniaques sexuels et assassins qui auront le plus marqué l’URSS. On ne se saura jamais vraiment ce qui a incité Anatoly Slivko, moniteur adulé et notable respecté à commettre ces meurtres ignobles et à la filmer. Est-ce son enfance tourmentée ? Son environnement familial ou était-il plutôt né pour tuer ?
Comme toute affaire criminelle soviétique impliquant un tueur en série, elle sera étouffée jusqu’à la chute de l’URSS en 1991.
A peu près à la même période , un autre monstre notoire fera régner la terreur à Rostov, Andrei Chikatilo.
Anatoly Yemelianovich Slivko était un violeur et tueur en série russe, hébéphile, éphébophile et nécrophile, actif à Nevinnomyssk, en Russie. Sur une période de vingt ans, Slivko a convaincu 43 adolescents de le laisser les pendre jusqu’à ce qu’ils perdent connaissance afin qu’il puisse les molester, avant de les ranimer lui-même. Sept victimes sont mortes pendant cette épreuve.
Les sources :
- Anatoli_Slivko
- Une vidéo troublante d’un tristement célèbre tueur en série soviétique nommé Anatoly Slivko
- 11 faits troublants sur Anatoly Slivko, agresseur d’enfants et tueur en série soviétique
- Anatoly Slivko
- Ces meurtres ne peuvent pas être effacés, ni oubliés
- La dépravation du tueur en série d’enfants Anatoly Slivko
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