Il est généralement considéré comme intelligent, avec un QI supérieur à la moyenne. Il peut paraître gentil, dévoué, séduisant. Il est apparemment sain d’esprit, rationnel, bien que sa rationalité soit basée sur des fantasmes. Il est égocentrique et pervers narcissique et ne voit les autres que comme des objets mis à sa disposition.
Le tueur en série agit toujours seul et se caractérise par le fait qu’il n’existe aucun lien entre lui et ses victimes. Il agit selon un rituel qu’il va vouloir reprendre dès que l’occasion se présente. Il n’est pas fou car il sait ce qu’il fait, c’est un prédateur qui traque ses victimes…
Un phénomène qui fascine et qui fait peur.
L’affaire que nous allons traiter aujourd’hui est celle d’un tueur en série hors norme que l’on surnomme le « tueur aux mains nues », le « tueur aux poings nus », ou même le « tueur aux coups de poing ». Un criminel français aux origines sénégalaises qui a agressé six femmes en l’espace de six mois, entre le 20 avril 1996 et le 30 octobre 1996, dans le 12e et le 13e arrondissement de Paris…
Ce tueur en série a été très violent et a même affirmé s’être inspiré de Guy Georges, le tueur de l’Est parisien, son « idole »…
Les six femmes agressées par le « tueur aux mains nues » ont toutes été frappées avec une violence telle qu’elles ont été défigurées et deux d’entre elles sont mortes des suites de leurs blessures. Sa façon de faire et son mode opératoire sont chaque fois les mêmes : pas d’arme autre que les mains et les blessures sont identiques : des coups de poings, principalement portés au visage. Plus tard, pendant son interrogatoire, il va déclarer : « … j’ai le poing gauche un peu lourd… ».
Dans l’ensemble, le « tueur aux mains nues » reste peu organisé, agit au hasard et à la hâte telle une furie mise en marche. Il erre dans les rues au gré de son humeur et choisit ses victimes au coup d’œil. Le rapprochement entre les différentes agressions ne se fera pas tout de suite, tellement les victimes sont différentes.
Cela va de la fillette de 11 ans à la grand-mère de 70 ans. La police passera des mois et des mois à chercher des agresseurs multiples, sur des pistes aléatoires. En vain. Mais finalement, le vrai et le seul et unique agresseur ne va être trahi que par son code génétique car c’est grâce à son ADN qu’il va être clairement et définitivement identifié.
Le « tueur aux mains nues » est considéré comme un tueur en série atypique car même arrêté, il restera déchaîné, arrogant et sans vergogne. Confronté à ses méfaits, il ne va avouer qu’à moitié les actes qu’il a commis, restant dans le déni le plus total. Oui c’est bien lui qui a frappé ces pauvres femmes mais ce n’est pas vraiment lui car lui c’est un gentil, un incompris qui respecte les femmes. Pour lui, ce sont les entités maléfiques qui l’habitent qui se sont emparés de lui et qui ont mal agi !
Eh oui, il a été envoûté dans un rituel vaudou et depuis, il se débat contre la malédiction et la sorcellerie !
Comment peut-on dire une chose pareille devant un tribunal de cour d’assises ?
Est-il en train de se payer la tête des autorités ?
Est-ce qu’on va quand même le croire ?
Est-ce que cela va compter lors de son jugement ?
C’est ce que nous allons découvrir. Mais d’abord revenons sur cette histoire depuis le début…
Nous sommes le 20 avril 1996, et comme à son habitude, se rendant dans son magasin vers 6 heures du matin, le libraire du quartier emprunte la porte de derrière de l’immeuble. Il entre dans le vestibule mais ce jour-là, il remarque du sang partout. Il suit les traces et découvre une femme à moitié nue, allongée sur le sol, les vêtements déchirés et le visage tuméfié par les coups, méconnaissable. Il appelle sur le champ la police et les ambulanciers arrivent, la dame est à moitié inconsciente.
Elle ne se rappelle de rien. Elle donne quand même son nom et l’adresse de son appartement à deux pas d’ici. Elle s’appelle Danielle Baty, 35 ans, une honnête femme qui travaille comme secrétaire dans une entreprise d’import/export. A l’hôpital où elle est emmenée pour les examens nécessaires, on constate qu’elle n’a pas subi d’agression sexuelle mais elle souffre de plusieurs fractures au visage et un sévère traumatisme crânien.
Qu’est-ce qui a bien pu se passer pour cette pauvre dame ?
Qui l’a frappée avec cet acharnement inouï ? Et pourquoi ?
Est-ce un crime passionnel ou celui d’un rôdeur ?
La police interroge les habitants de l’immeuble ou elle a été trouvée. Rien de probant, à part des cris entendus vers 2 heures du matin ; personne n’a rien vu, il n’y a que Danielle qui peut raconter ce qui s’est passé… Mais elle est très faible et ne se souvient absolument de rien, juste que son sac a disparu. Elle s’emmêle les pinceaux et commence à parler d’un certain Roger avec qui elle a passé la soirée ; elle se souvient vaguement que ce Roger a été insistant, il voulait coucher avec elle… puis le trou noir.
Avant d’aller voir Roger, le patron du karaoké le « Queen Bee » que Danielle fréquente, la police retrouve le sac de Danielle, jeté dans une voie ferrée. À l’intérieur, il y a son agenda. Danielle a la manie de noter tous ses faits et gestes et ce soir-là précisément, elle n’était pas au « Queen Bee ». Elle a plutôt dîné chez son amie Josette.
On court chez Josette et on l’interroge. Cette dernière confirme que Danielle a bien dîné chez elle ce soir-là, elles ont passé la soirée ensemble à jouer aux cartes. Danielle n’est repartie chez elle que vers une heure du matin… et toute seule. La piste de Roger est écartée. La pauvre Danielle en aura environ pour un an et demi à se remettre et elle gardera des séquelles pour toute la vie.
Le 4 juin 1996, pas très loin de la rue où Danielle a été agressée, à 4 heures du matin, la police est appelée dans un appartement du 13e arrondissement : une petite fille est retrouvée en pleine nuit, chez elle, le visage complètement bouffi, totalement défiguré, tuméfié par les coups et une marque étrange en forme de pièce brûlée sur la joue.
La petite ne se souvient de rien. La police relève les empreintes et constate que l’agresseur est entré par la fenêtre ouverte du salon. On interroge la famille de la petite mais aucune piste probante n’est à signaler. C’est l’œuvre d’un cambrioleur sûrement, mais un cambrioleur qui frappe aussi sauvagement une petite fille, cela se peut-il ?
Qui a bien pu faire une chose pareille à une petite fille innocente qui dormait tranquillement dans son lit ?
Le 25 août 1996, à 8 heures du matin, toujours dans le 13e arrondissement, dans la rue, une voisine ainsi que le gardien de l’immeuble retrouvent des chaussures et le petit chien d’une amie qu’ils connaissent bien : Nelly Bertrand, une femme de 41 ans, employée à la SNCF et habitant non loin de là.
En suivant les affaires éparpillées, ils retrouvent des traces de sang dans le hall d’un immeuble de la rue Caillaux. Alertée, la police découvre Nelly déjà morte depuis des heures, le visage défiguré par les coups elle aussi, complètement nue et agressée sexuellement…
La police, cette fois-ci, a un meurtre sur les bras. Elle relève les empreintes sur la porte d’entrée, dans le hall de l’immeuble, suit les traces de sang dans le couloir et dans l’ascenseur.
Un enquêteur découvre quelques gouttes de salive qui brillent sur la moquette, sûrement de la bave du tueur, il l’envoie pour analyse… oui effectivement c’est une preuve d’ADN mais hélas à cette époque, les années 90, la police n’a pas encore de fichier pour le comparer. Alors on ne peut que conserver cet échantillon dans le dossier.
Qui sait ? Peut-être un jour, il servirait… À part ça, aucune piste valable ni même une hypothèse par laquelle les policiers pourraient débuter leur enquête, le mystère est total.
Qui est le meurtrier de cette pauvre fonctionnaire de la SNCF ?
Le 22 octobre 1996, une 4e victime : elle s’appelle Marie-Astrid Clair, étudiante de 20 ans en lettres modernes à la Sorbonne. Elle rentrait chez elle vers 2 heures du matin après un dîner chez des amis. En s’apprêtant à composer le code digital de la porte de son immeuble, elle est abordée par un homme.
La scène est filmée par une caméra de surveillance. Un jeune homme de race noire saute sur Marie-Astrid Clair, la frappe, la traîne derrière le local à poubelles et la viole. Le gardien la retrouve gémissante, complètement défigurée, les yeux bouffis par les coups. Marie-Astrid ne se souvient de rien et les images de la caméra ne sont pas assez nettes pour identifier l’agresseur.
Trois jours plus tard, le 25 octobre 1996, dans un appartement chic de Neuilly, un majordome trouve sa patronne morte, étouffée par son oreiller, couchée près de son lit et présentant des marques de coups. Elle s’appelait Francine Sarret et avait 71 ans.
Sur place, la police relève des empreintes sur des tiroirs ouverts et des traces de pas qui mènent à la fenêtre de la cuisine entrebâillée ; on retrouve un Coca entamé juste en dessous dans le jardin. Les enquêteurs soupçonnent un cambriolage mais un cambrioleur qui viole une grand-mère… non, ça ne se voit pas beaucoup.
Qui s’est permis de faire une chose pareille à une vieille femme de soixante et onze ans ?
Le 30 octobre 1996, le palais omnisports de Bercy vibre des applaudissements des spectateurs venus pour l’Open de tennis de Paris. A quelques pas de cette agitation, dans le parking qui fait face à la salle, en fin de soirée, un habitant de l’immeuble trouve le sac à main de Laurence Eymieux, chef de cabinet du ministre Jean-Claude Gaudin au ministère de l’Aménagement du territoire ; 35 ans, une femme influente. Il la connaît très bien, c’est sa voisine. Elle a dû faire tomber son sac en rentrant dans la précipitation. Il s’empresse de l’appeler pour le lui ramener.
Aucune réponse. Le lendemain, tôt, il va retrouver le gardien, lui raconte qu’il a trouvé le sac et que Florence est toujours injoignable. Ils décident de faire une inspection dans le parking et les escaliers de secours. Ils entendent des gémissements et découvrent Laurence, gelée de froid, complètement dénudée, méconnaissable, avec du sang partout sur les murs. Son visage ? Une boule tuméfiée, l’horreur. Son état est très grave, elle vient de passer plus de 11 heures dans le froid.
Alertée, la police constate l’agression inqualifiable, retrouve les affaires de Florence éparpillées partout dans le parking et constate les traînées de sang sur 125 mètres, de la voiture au réduit isolé où Laurence est retrouvée. On relève un poil et une trace de pas… des indices certes mais qui ne mènent à rien car le parking est grand et il y a beaucoup de rôdeurs qui passent par là… cela peut être n’importe qui…
Après deux opérations chirurgicales, Laurence Eymieux est revenue petit à petit à la vie.
Laurence Eymieux est une femme politiquement influente, les hauts responsables vont remuer ciel et terre pour retrouver l’agresseur. Les effectifs des policiers et des enquêteurs dans l’affaire vont se doubler automatiquement. La pression sur les enquêteurs s’accentue.
Les enquêteurs de la brigade criminelle font le tour du voisinage à la recherche de témoins et là, coup de chance, une certaine Annie, qui habite à la résidence, vers vingt heures de ce même soir, c’est-à-dire une heure avant l’agression, alors qu’elle garait sa voiture elle aussi, était tombée nez à nez sur un homme qui rodait dans le parking et elle lui a crié après.
Des intrus indésirables qui viennent ouvrir les voitures pour voler ce qu’ils y trouvent, Annie connaît bien alors elle lève le doigt et le chasse en criant très fort, mais lui la regarde droit dans les yeux, ayant l’air de vouloir bondir sur elle… il finit par s’enfuir lorsque deux hommes à bord d’une voiture le toisent du regard. La police a maintenant 3 témoins.
Des portraits robots sont établis et diffusés sur tout Paris. Le signalement n’est pas très exhaustif mais au moins, l’essentiel est là : un jeune homme de race noire, 1,80 m, qui porte une veste d’aviateur et qui rode aux environs du 12 et 13e arrondissement. La machine s’active, les enquêteurs de la brigade criminelle décident alors de diffuser ce signalement à tous les policiers parisiens. Des inspecteurs sont envoyés dans les commissariats.
Ils assistent aux briefings qui marquent chaque prise de service pour les policiers en tenue. Un travail de fourmi très contraignant. Mais un travail qui paie. Lors de l’un de ces appels, un îlotier attaché au commissariat du 12e arrondissement croit reconnaître, dans la description de l’agresseur, un zonard du quartier qu’il connaît bien.
L’après-midi du 17 décembre, il tombe sur le zonard en question et décide de contrôler son identité. Il s’appelle Mamadou Traoré, il est français d’origine sénégalaise, et surtout, il est sous le coup d’une fiche de recherche pour ne pas avoir respecté un contrôle judiciaire qui lui était imposé après une condamnation pour des violences à l’encontre de mineurs…
Source : facebook
Interpellé, Mamadou Traoré est placé sous mandat de dépôt à la prison de la Santé. La brigade criminelle est prévenue. Mamadou Traoré devrait être rapidement confronté aux victimes. On appelle Annie, le seul témoin du parking de la dernière agression, et là, sans hésitation, dans le box parmi six autres personnes alignées, elle le désigne du premier coup : c’est bien Mamadou Traoré qu’elle a vu ce jour-là.
L’homme est un délinquant de 23 ans avec un casier judiciaire déjà bien rempli. Il a été condamné 3 fois en mars 1996 pour usage et détention de stupéfiants : 5 000 francs d’amende. Un an de prison avec sursis et 240 heures de travail d’intérêt général en juin pour vol avec violence.
Enfin, le 17 septembre, il agresse plusieurs personnes dans une laverie du 13e arrondissement, proche du lycée où il a été scolarisé, avenue de Choisy. Le propriétaire de la laverie porte plainte, son fils ayant été menacé avec un couteau par Mamadou. Il est condamné à une amende et placé sous contrôle judiciaire, qu’il n’a pas respecté. Un mandat d’arrêt a donc été délivré contre lui et aucune suite conséquente n’a été portée à cette affaire.
Mamadou Traoré semble être l’agresseur de Laurence Eymieux, Le flair des enquêteurs est infaillible dans pareil cas. On sort l’ADN, la salive, les empreintes digitales, tout correspond, c’est bien lui qui a agressé toutes ces femmes.
Mais le bonhomme est un drôle d’oiseau, il ne faut pas rater son interrogatoire, c’est une étape très importante pour résoudre cette affaire avec succès. Heureusement qu’on a tout le temps nécessaire pour l’interroger et le confronter.
Il faut absolument obtenir des aveux et voir s’il est impliqué dans l’une des cinq autres agressions… Comme c’est le même mode opératoire, il est fort probable qu’il y soit mêlé… On regroupe les dossiers et on se met au travail.
On emmène Mamadou Traoré au quai des orfèvres. Les enquêteurs sont en alerte, ils cherchent à obtenir des aveux… C’est le commandant Jean-Claude Mulès qui se charge d’interroger le suspect. C’est une personne qui a beaucoup d’expérience dans ce domaine. Il fait preuve de beaucoup de tact et de psychologie pour ne pas braquer les suspects face à lui. Le commandant sait que pour faire parler Mamadou, il faut se mettre à son niveau.
Par expérience, il sait que l’agresseur a toujours un besoin impérieux de libérer sa conscience. Tôt ou tard, le poids psychologique sera tellement fort que sa conscience le rattrapera et l’obligera à se livrer… Il faut juste le pousser un peu dans ce sens. Pour le commandant Mulès, qui se définit lui-même comme un « gynécologue de l’esprit », l’empathie est un véritable don et une qualité nécessaire. On lui a toujours confié les criminels les plus retors car il est un mélange de psychologue et de profiler, et a presque une volonté de devenir ami avec l’accusé…
Alors pour interroger Mamadou, le commandant va essayer de le mettre en confiance en lui parlant de football. Il sait qu’il a toujours voulu être un grand joueur donc il va le flatter sur cette frustration-là. Le commandant Mulès a les bons mots pour créer le contact face à Mamadou et le faire avouer. Il lui amène Anna Faye, sa maman, pour l’attendrir et le rendre le plus vulnérable possible avant de mettre les agressions sur le tapis… Une à une, il lui demande de se livrer, de lui raconter comment ça s’est passé.
Pressé toute une nuit dans ses retranchements, et confronté à la quasi-preuve qui constitue la correspondance entre son code génétique et celui qui a été relevé rue Caillaux, Mamadou finit par avouer l’agression de Laurence Eymieux, avant de se lâcher complètement et de reconnaître toute les autres agressions, l’une après l’autre, sans omettre aucun détail. Il est mis en examen et écroué par le juge Didier Ducoudray pour tentative d’homicide volontaire et vols sur Laurence Eymieux. Un autre magistrat, Francois Neher, l’a mis en examen pour le meurtre et le viol de Nelly Bertrand.
Les enquêteurs découvrent au fil des jours les horreurs des crimes de Mamadou Traoré et concluent qu’il est non pas l’auteur de deux agressions mais plutôt de six ! C’est un véritable tueur en série qu’ils viennent d’arrêter !
Mamadou Traoré, après avoir avoué, semble vouloir expliquer son comportement meurtrier. Il justifie sa violence par le fait d’être devenu séropositif, une maladie qu’il ne méritait pas.
Il dit que depuis qu’il sait être malade du sida, il a perdu le goût de vivre et qu’il n’a plus rien à perdre. Il ne fait que survivre dans la rue, volant de quoi se nourrir et de quoi payer sa dose de drogue journalière. Plus rien d’autre n’a d’importance pour lui. De quoi faire de sa vie une errance, de squat en squat, ponctuée de braquages, motivé par l’appât d’un gain facile et par d’irrésistibles poussées de violence.
Une violence extrême qui a fait penser aux enquêteurs que l’agresseur utilisait une batte de baseball alors qu’il n’a usé que de ses poings nus… Les six victimes ont été frappées avec une telle violence qu’elles ne se souvenaient plus ce qui leur était arrivé. Certaines ont gardé des séquelles, notamment Danielle Batty, la première victime, qui a perdu l’odorat et le goût, et vit avec une éternelle migraine.
Mamadou se livre complètement et petit à petit, les enquêteurs découvrent qu’ils sont confrontés à un rôdeur, prédateur qui n’était pas prêt de s’arrêter. Un braqueur qui agresse les femmes au hasard de son errance et de ses pulsions. Il les frappe, les viole et les dépouille.
L’une de ses victimes est décédée, une autre s’en est sortie de justesse… Et il a fallu plusieurs semaines d’enquête acharnée à la brigade criminelle de Paris et à l’exactitude formelle de la science pour le stopper enfin sinon, il aurait continué indéfiniment à attaquer les femmes partout dans Paris.
Mais qui est vraiment ce Mamadou Traoré ? Quelle est son enfance ?
Tous les tueurs en série ont une enfance chaotique et la racine du mal se trouve toujours dans leur enfance.
Mamadou Traoré est né en 1973 à Joal-Fadiouth au Sénégal, il est le fils de Sidki Traoré, un Bambara, de religion musulmane, devenu cheminot à Paris. Sa mère s’appelle Anna Faye, une femme de l’ethnie Sérère, de religion catholique.
Mamadou est le premier fils aîné de la famille maternelle depuis cinq générations. Il va mettre quatre jours à venir au monde, mort-né et va subir des rites vaudous qui l’ont soit disant ramené à la vie. Il est alors considéré par sa famille maternelle comme l’« élu de Dieu » et est considéré comme un enfant sacré, avec un esprit supérieur.
A chacun de ses anniversaires, on l’asperge de sang partout sur le corps. Son père lui donne le prénom de son grand-père décédé. Alors qu’il n’a que trois ans, il rejoint son père en France, avec sa mère et son frère Ousseynou, un an. Il passe ainsi son enfance à Paris où naissent ses deux sœurs en 1978 et 1980. Sa scolarité est plutôt perturbée ; à la maternelle, avenue de Choisy, il est tantôt violent et agressif, et mord son institutrice, tantôt d’une grande gentillesse… En primaire, il redouble son CP, puis son CE1, jugé « insuffisant et indiscipliné », puis il est chassé du collège dès la 6e.
En 1986, ses parents se séparent, et Mamadou est très affecté par le divorce. Il rejette la faute du divorce sur son père. Il l’accuse de dépenser tout l’argent du foyer à boire, à parier et à jouer aux courses et au tiercé. Pour lui, c’est un père indigne qui ne s’est jamais occupé de sa famille et qui tapait sa mère. Pourtant, c’est la mère qui, un jour, a cassé le bras du père avec un « objet d’art sénégalais »…
Pour l’enquêtrice de personnalité, c’est Anna Faye, la « femme volcanique, capable d’emportement ». A ses yeux, la mère et Mamadou se ressemblent, ils ont le même tempérament rebelle, impétueux, passionné et violent. Il y a une relation fusionnelle entre le fils et la mère. Une relation maladive qui sera l’origine de toutes les perturbations de Mamadou. Un amour excessif et presque incestueux.
Mamadou, perturbé par le divorce de ses parents, quitte alors son environnement familial, se met à fumer du shit, à en vendre dans la rue et se clochardise de plus en plus, prenant goût à la vie dans la rue. Quand sa mère déménage rue Gardon et se remet en couple avec un certain Monsieur Yobo, il se met à haïr son beau-père, il le considère comme un intrus et un usurpateur.
Comme il adore sa mère, il voudrait vivre seul avec elle. Il ne voulait pas d’un autre homme que lui à la maison. Il ne voulait pas partager sa mère avec un autre homme. Perturbé et sans repère, Mamadou tombe de plus en plus dans la délinquance de rue. De mars 1988 à juin 1989, il enchaîne vols et violences avec armes blanches. Il a à peine 15 ans lorsqu’il côtoie les bandes du quartier, vole et violente à tout bout de champ, il n’épargne personne.
Les passants, les habitants et les petits commerces du quartier, tout le monde le connaît… Suite à une agression dans le métro, un juge l’envoie dans un foyer pour adolescents. Là, les éducateurs détectent chez lui « une forme de personnalité différente » : il parle comme si ce n’était pas lui. Il entend des voix. Il devient violent sans comprendre pourquoi. Il parle d’envoûtement et de possession. Dépassés, les éducateurs proposent aux parents de le ramener au Sénégal.
Pendant l’été 1989, dépassé par cet enfant délinquant et ingérable, sa mère, avec les conseils d’un ethnopsychiatre et sous le prétexte de l’emmener en vacances, va se jouer de lui, l’emmener au Sénégal et l’abandonner aux mains de sa famille. Il est alors séquestré par ses oncles maternels qui veulent reprendre son éducation en main comme ils disent. Ils veulent le sauver de la jungle urbaine parisienne où il a pris de mauvaises habitudes, le sauver de lui-même et le remettre sur le droit chemin. On l’enferme, on lui fait subir des châtiments corporels pour le calmer et le rendre plus docile…
Ses oncles paternels chez qui il va se réfugier ne sont pas tendres non plus, ils n’hésitent pas à le corriger eux aussi. Ils le considèrent comme un enfant maléfique, et l’appellent « l’enfant du diable ».
Son père quitte spécialement la France pour le Sénégal afin de le désenvoûter. Au cours de la cérémonie de désenvoûtement, il lui remet un petit pendentif qu’il n’a plus le droit d’enlever de son cou. Une sorte de gri-gri, un médaillon en argent fondu comme preuve d’amour. Il dira lors de son procès que c’est ce pendentif qui le commande et le pousse à commettre des crimes…
Après cet épisode, il semble s’acclimater à la vie au Sénégal, il va devenir pêcheur en pirogue et champion de football puis s’installe à Dakar chez sa grand-mère paternelle. Il se porte bien et commence à faire des projets d’avenir. Il vend des vêtements avec un cousin et envisage même de se marier avec une jeune et belle ivoirienne dont il était tombé amoureux.
Mais après cinq ans au Sénégal, en 1994, ses parents pensent à le faire revenir en France pour effectuer son service militaire. Ils pensent que ce sera pour lui une bonne opportunité. Sa situation s’améliorera avec un bon métier d’homme qui viendra à point pour lui et assurera son avenir pour de bon. Malheureusement, pendant la visite médicale obligatoire, on découvre qu’il est atteint du sida. Il l’a attrapé en Afrique, il est alors réformé et renvoyé.
Humilié et furieux, il accumule la colère au fond de lui. Il est désemparé puisqu’il n’a plus aucune perspective d’avenir alors qu’il a à peine 21 ans… Il se remet à consommer de la drogue. Du shit mais aussi de la drogue dure, il retourne s’installer chez sa mère et passe ses journées vautré sur le canapé du salon.
Mais Anna Faye ne vit plus toute seule, elle a eu entretemps deux autres enfants de son nouveau compagnon, un garçon et une fille, Mamadou les considère comme des bâtards et ne les accepte pas, ni eux ni leur père, Yobo, qu’il ne porte absolument pas dans son cœur et avec qui il ne manque jamais l’occasion de provoquer une dispute. Le 12 mars 1996, excédée par le comportement irrespectueux de cet enfant spécial, Anna Faye le met à la porte : parce qu’en plus, il fume du haschisch sous son toit et passe son temps à voler dans le quartier !
C’est la goutte d’eau qui fait déborder le vase pour Mamadou, il est hors de lui, il ne peut accepter que sa mère le rejette… En effet, Mamadou Traoré est très attaché à sa mère, il ne supporte pas d’être éloigné d’elle. Lors d’un accès de fureur, dans un état second, il tente de se défenestrer du 6e étage de l’immeuble où vit sa mère. On le rattrape de justesse mais c’est le déclenchement de tout. A ce moment précis, quelque chose a changé en lui, il ne sera plus jamais le même.
Depuis lors, Mamadou Traoré erre dans les rues de la capitale, sans domicile fixe, il squatte ici et là, il vole les passants, terrorise les gens du quartier et surtout devient prédateur et commence à suivre et à s’attaquer à des proies innocentes. Ses victimes ne sont que des femmes. Il semble se venger de toutes les femmes sans exception. Les psychiatres spécialisés dans la psychologie criminelle parlent de « matricide déplacé ». Selon eux, à travers ses victimes, Mamadou Traoré croit tuer sa mère.
Le 7 février 2000, le procès débute à la cour d’assises de Paris. La salle est pleine, les victimes, celles qui sont encore vivantes, sont assises au premier rang. Maître Philippe Bilger est l’avocat général. Maître Philippe Lemaire est l’avocat de Marie-Astrid Clair, la quatrième victime et la défense de Mamadou Traoré est assurée par Maître François Honnorat.
La salle du tribunal est bondée, les médias sont là en grand nombre et les badauds également pour assister au jugement du monstre qui a agressé six femmes blanches à poings nus et à coups redoublés. Il en a tué deux, en a violé trois. Il les a toutes blessées gravement à la tête et au visage. Il a laissé les survivantes amnésiques et défigurées.
Mais tout le monde est surpris de découvrir cet homme dans le box des accusés. Mamadou Traoré est habillé en jogging bleu-vert-noir, longiligne avec une apparence pas si puissante que ça. Il est décontracté, il regarde partout dans la salle et quand il remarque deux femmes noires dans le jury, il demande à son avocat de les changer.
D’entrée de jeu, Mamadou Traoré demande à prendre la parole, il sanglote face à ses victimes à qui il demande pardon mais il affirme qu’il n’est ni assassin ni psychopathe, il n’a aucune raison d’agresser des femmes pour les voler ou pour les violer, au contraire, il est respectueux des femmes, il n’a aucun problème de ce côté-là, il a l’esprit vif et rapide… Il est séduisant et sa vie sexuelle est la perfection… Il a juste quelques problèmes de drogue… Le mal qu’il a fait ? Il avoue, c’est bien lui qui les a toutes frappées mais il y a été poussé et il va expliquer comment il en est arrivé là…
Un silence pesant se répand dans la salle du tribunal… Que veut-il dire par là ?
Mamadou Traoré continue sa tirade : certes il reconnaît les faits qu’on lui reproche, mais il soutient avec force qu’il n’est pas responsable. Il n’est pour rien dans ce qu’il a fait. Face à la cour d’assises, il se révèle narcissique, dans le déni le plus total et pire, il ne fait preuve d’aucune forme de remords… Mais Mamadou Traoré a déjà tout avoué à la brigade criminelle. Que fait-il là ?
Devant le tribunal, il tient des paroles incohérentes, la stupéfaction est générale. Il continue et explique qu’il a été victime de sorcellerie africaine dans son enfance et que ce « maraboutage » est la raison de sa violence. Il rejette la faute sur « un gri-gri maléfique » donné par son père en 1994. C’est vrai que c’est lui qui a frappé ces femmes, ce n’était pas sa volonté mais celle d’entités maléfiques qui l’habitent.
Toute la salle est tétanisée. Personne n’ose le croire, Mamadou Traoré tente de transformer sa comparution devant la cour d’assises de Paris en procès de sorcellerie !
Toute la salle est dans la consternation, on n’arrive pas à assimiler ce qui est en train de se passer, Mamadou invoque la sorcellerie comme circonstance atténuante…
Anna Faye, sa mère, debout à la barre, en rajoute une couche dans la stupéfaction générale :
« Mamadou était mort-né à sa naissance et ma sœur aînée a pratiqué des rites vaudou pour le ressusciter… C’est “l’enfant du diable” ».
Toute la salle est indignée. Au lieu de s’expliquer et d’essayer d’apaiser la douleur des victimes et de leurs familles, l’accusé et sa mère s’accrochent à la sorcellerie comme excuse.
Mais Mamadou persiste et signe, sa vie à lui aussi est gâchée à cause de la sorcellerie et des rites vaudou.
Devant ce refus systématique de Mamadou Traoré de coopérer et donner la vérité aux victimes qui ont eu le courage de venir l’affronter, le président Yves Corneloup lit à haute voix ses aveux recueillis par les policiers. Mamadou Traoré nie encore. Les policiers de la criminelle mentent. Les photos des scènes de ses crimes sont des faux. Ce n’est pas son ADN que l’on a retrouvé dans les vagins des femmes violées et même dans le cadavre d’une de ses victimes, âgée de 70 ans.
« Arrêtez de lire, monsieur le président, la famille est là ! » ordonne-t-il quand le récit de ses méfaits lui devient trop insupportable. À un avocat des parties civiles qui lui rétorque qu’il est un peu tard pour penser à la famille, Mamadou Traoré lance :
« Vous aurez la parole plus tard ! ».
Le président Yves Corneloup, consterné, essaie de le confronter à ses incohérences :
« Vous utilisez à la fois la pensée africaine et cartésienne, car vous reconnaissez a minima les faits. Pourquoi le sortilège vous pousse-t-il à commettre les meurtres et pas les viols ? Pourquoi ce déni psychologique ? »
Mamadou baisse la tête sans répondre. Il se dit fatigué de tous ces mensonges, de ces hypothèses de criminel en série. Il n’arrive pourtant pas à expliquer les cinq viols. Il s’entête à les nier en bloc et ne change pas sa ligne de défense.
C’est une vraie mascarade. Il n’accepte pas d’admettre les crimes qu’il a commis car selon l’avocat général, Maître Philippe Bilger, il se prend pour quelqu’un de bien, il a une opinion bien complaisante de lui-même dont il devrait se défaire pour affronter la vérité. Mamadou Traoré le regarde d’une drôle de façon. Provocateur, arrogant et satisfait de sa personne, il finit par lui répondre :
« Le vrai Mamadou Traoré, il est là, devant vous, il vous parle, ce n’est pas celui qui a frappé » assène-t-il, avant d’évoquer encore sa carrière ratée de footballeur professionnel.
Selon les deux psychiatres Jean Martel et Michel Dubec, qui ont expertisé Mamadou Traoré, ses agressions répétées répondent à « un déchaînement pulsionnel archaïque si disproportionné par rapport à leur mobile originel, vol ou désir érotique, qu’elles évoquent le déclenchement d’une fureur destructrice », suivies en général « de comportements insolites, seulement ébauchés, à connotation sexuelle (dénudation partielle et caresse des corps) », où Mamadou Traoré semble « apaisé devant le corps de sa victime inanimée ». Il ne supporte pas le « décalage entre l’image qu’il se fait de lui-même et la réalité », et « réagit alors par la transgression sans frein ».
Les médecins parlent de psychopathe pervers, notent son déséquilibre, mais pas d’anomalie mentale ou psychiatrique. Mamadou Traoré est accessible à la sanction pénale, avec un discernement altéré par un trouble psychique au moment des faits.
Le recours à la pensée animiste, sur un fond culturel indéniable puisque ce garçon né au Sénégal a été imprégné de rites vaudous, permet à Mamadou Traoré de supporter ses actes et d’en parler alors que les serial killer n’y parviennent pas.
« Son interprétation des faits lui permet de les reconnaître, mais de s’éloigner de leurs qualités archaïques et pulsionnelles. Alors qu’il en a été l’auteur et pas totalement le maître, il veut aujourd’hui en être le maître et plus du tout l’auteur. » Avec un moteur de l’action – le grigri maléfique – extérieur à lui, l’accusé reproduit ainsi l’effet d’un Moi clivé qui est à l’origine de ses passages à l’acte.
Le docteur Martel interprète sa conviction inébranlable du maraboutage comme un processus délirant. A l’inverse, l’expert Dubec y voit un début d’un travail psychique. A ses yeux, la découverte de sa séropositivité puis le rejet par sa mère ont tout déclenché, il s’agit d’un matricide déplacé.
Mais cette thèse de maraboutage invoquée par la défense ne peut être prise au sérieux. La justice ne croit qu’au rationnel et au concret, alors on appelle des psychiatres à la rescousse pour déterminer si Mamadou est responsable pénalement. L’expert psychiatrique Michel Dubec explique que Mamadou a une personnalité psychopathique, il a dû subir un déséquilibre psychique. Il ne tolère pas la frustration et le manifeste par la violence ; l’alcool et la drogue empirent la situation.
L’avocat général Maître Philippe Bilger est longuement revenu sur le passé perturbé de Mamadou Traoré. Il explique que le jeune homme décourage et fait peur. Sa violence a commencé depuis son enfance où il mordait la maîtresse… La petite délinquance a ensuite jalonné son parcours pour aboutir à la violence bestiale des agressions physiques et parfois sexuelles sur ses six victimes.
L’avocat général a tenu à rendre hommage aux victimes qui ont eu les visages massacrés et dont deux ont perdu la vie. « Leurs visages constituent un unique visage de douleur », selon Philippe Bilger qui s’est dit persuadé que « la vie les portera de plus en plus vers le bonheur qu’elles méritent ».
Maître Honnorat a d’emblée demandé aux jurés l’acquittement de Mamadou Traoré. Il a tenté de démontrer que la thèse du maraboutage avancée par son client n’était pas une stratégie de défense mais une « réalité africaine ». Il a même cité un jugement gabonais où les juges se référaient à des notions « inconnues du juge occidental ».
Reprenant la parole en dernier avant que la cour ne se retire délibérer, Mamadou Traoré s’est de nouveau présenté comme une victime. « J’en ai marre d’être détenu, marre des mensonges » s’est-il exclamé. Il s’est plaint que personne ne l’écoute et s’est dit fatigué des thèses de criminologie avancées par les parties civiles.
Lui qui est toujours persuadé d’avoir un grand talent et beaucoup d’expérience dans le football a finalement lancé : « Passez-moi un ballon de foot et vous verrez qui est le véritable Mamadou Traoré ! ».
Devant le juge, les experts sont formels ; certes on peut expliquer que Mamadou a subi un choc quand il découvre sa séropositivité ; et quand sa mère le rejette, il tue sa mère à chaque fois qu’il agresse une victime, on appelle ça un matricide déplacé… Mais Mamadou n’est pas un malade mental, il n’est pas fou, il est responsable de tous ses actes.
On le déclare pénalement responsable et on le juge pour ses actes criminels. Le 15 février 2000, il est condamné à la réclusion criminelle à perpétuité assortie d’une peine de sûreté de 22 ans. Le jury de la cour d’assises a suivi les réquisitions prononcées par l’avocat général, Philippe Bilger. Mamadou Traoré, entouré de trois gendarmes, a écouté sans broncher la décision de la cour.
Source : issuu
Au prononcé du verdict, l’accusé est, contrairement à son habitude, resté étrangement calme et silencieux, comme s’il avait deviné depuis longtemps que ses juges refuseraient d’abandonner le terrain de la rationalité occidentale pour celui du mystère africain…
Le prisonnier a un profil de fou dangereux. Il a commencé à purger sa peine en détention classique avant d’agresser à tout bout de champ surveillants et codétenus. Depuis, il fait des aller et retours entre la Santé et Fresnes, dans le Val-de-Marne.
Certains surveillants déclarent que sa place n’est pas en prison car il a besoin d’une prise en charge médicale forte et continue. Sa folie le rend inhumain et incontrôlable. Il serait beaucoup mieux en hôpital psychiatrique plutôt qu’en prison en raison de son comportement.
Moins de deux mois après son procès et sa condamnation, Mamadou Traoré comparaît à nouveau devant la justice car il a bondi sur le surveillant qui lui apportait son repas. Sans un mot et sans motif apparent, il a fracassé son assiette sur le visage du surveillant avant de se ruer sur sa victime à terre.
Devant le tribunal correctionnel de Créteil, on l’amène menotté et bien encadré. Pas moins de quatre policiers entourent Mamadou Traoré, menotté dans son box durant toute l’audience. Trois autres surveillent la salle. Un dispositif de sécurité maximal justifié par le caractère instable et totalement imprévisible du prévenu qui peut bondir à tout moment.
Quand il se présente à la barre, Mamadou Traoré paraît calme, serein, regrettant son accès de colère et s’excusant d’avoir « accidentellement » blessé le surveillant de prison de Fresnes où il est incarcéré. Pour le surveillant de prison frappé qui s’est porté partie civile, l’agression dont il a été victime est un exemple flagrant de la folie du détenu. Étonnamment, Mamadou se montre beaucoup plus mesuré, presque immobile, regardant fixement ses interlocuteurs. Il refuse l’assistance d’un avocat et tente de minimiser la portée de son geste.
« J’étais énervé, c’est vrai. Mais j’ai lancé mon assiette au hasard. Elle est retombée sur le surveillant avec lequel j’ai de bonnes relations, par accident. Je ne voulais pas lui faire de mal. »
Une version qui n’a pas convaincu le substitut du procureur. Soulignant le retentissement de ce genre d’agression dans la fonction pénitentiaire, il a requis 10 mois de prison. Une réquisition suivie par le tribunal qui a rajouté ces dix mois à la peine à perpétuité de Mamadou Traoré.
En 2013, Mamadou Traoré a alors 40 ans et il a encore une fois agressé des gardiens de prison, à la centrale d’Arles, dans les Bouches-du-Rhône où il est détenu. Sans raison apparente, il a aiguisé une fourchette avant de se jeter sur eux et d’en blesser deux. Il est toujours aussi violent et aussi imprévisible.
Au tribunal correctionnel de Tarascon, Mamadou Traoré regarde fixement le juge énumérer les faits qui lui sont reprochés. Entravé par une ceinture en cuir à bracelets et encadré de trois policiers. Mamadou s’agrippe à la barre, il sait qu’il a encore transgressé la loi carcérale.
Source : m.ina
On lui rappelle que dans un excès de colère, il a agressé des surveillants qui se sont présentés à sa porte, il leur a sauté à la gorge avec une fourchette sans raison apparente. Il en a blessé deux et s’est jeté sur un troisième en brandissant son arme. Les surveillants n’en peuvent plus de ce genre de détenu malade qui agresse à tout bout de champ. Ils ont peur d’être pris au dépourvu, qu’il s’en prenne à eux par surprise et les tue. Il en est tout à fait capable et n’hésitera pas un instant à le faire.
Mamadou Traoré est d’habitude poli et calme mais quand il ne prend pas son traitement médicamenteux, il pète les plombs, devient paranoïaque et agressif. Les surveillants sont tous d’accord, depuis 15 jours, il ne prend plus ses comprimés. Il devenait fou, un gardien l’a même surpris en train de parler aux murs…
Depuis ce dernier accident, on a été obligé de le déplacer d’urgence et de le placer dans une unité de malades difficiles à l’hôpital psychiatrique de Montfavet Avignon, il s’est depuis stabilisé et est redevenu plus calme. C’est là qu’il aurait dû être depuis longtemps. Cet homme ne doit pas sortir de l’hôpital psychiatrique, il est trop dangereux pour la société. Il est coupé de tout contact social, à l’exception des surveillants et des médecins qui le suivent.
Après délibération, le tribunal correctionnel de Tarascon le condamne à deux ans de prison, conformément aux réquisitions du procureur.
Entraîné par les policiers, Mamadou demande au juge, incrédule :
« Deux ans en plus de la perpétuité ? »
… Une question naïve ou ironique ? S’attendait-il à avoir une réponse ?
Ou est-ce simplement un ultime sursaut d’une âme perdue ?
Portez-vous bien.
L’affaire que nous allons traiter aujourd’hui est celle d’un tueur en série hors norme que l’on surnomme le « tueur aux mains nues », le « tueur aux poings nus », ou même le « tueur aux coups de poing ». Un criminel français aux origines sénégalaises qui a agressé six femmes en l’espace de six mois, entre le 20 avril 1996 et le 30 octobre 1996, dans le 12e et le 13e arrondissement de Paris…
Ce tueur en série a été très violent et a même affirmé s’être inspiré de Guy Georges, le tueur de l’Est parisien, son « idole »…
Les sources :
- L’affaire d’aujourd’hui est le tueur aux mains nues Mamadou Traoré
- Spécial tueurs en série et Dossiers Criminelsht
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