BTK !
Trois lettres, symboles d’une épopée meurtrière sans précédent dans l’histoire criminelle américaine ! Dans la ville de Wichita aux États-Unis, entre 1974 et 1991, ces initiales font trembler toute la population depuis qu’un tueur en série a commencé à s’introduire dans les maisons pour violer et tuer. Pendant près de trois décennies, Wichita va vivre au rythme des délits de ce meurtrier d’une cruauté sans égale.
Trois lettres, derrière lesquelles se cache le leitmotiv de cet individu, son mode opératoire : « Bind, Torture, Kill », littéralement : « Ligoter, torturer, tuer ». Et c’est ainsi qu’il s’en prendra à toutes ses victimes, suivant un emploi du temps bien précis, n’hésitant pas à les suivre pendant des jours pour connaître leurs habitudes et la fréquence de leurs déplacements avant de finalement s’introduire chez elles.
Ce voyeur dépourvu de sens moral s’appelle en réalité Dennis Rader.
Avec lui, les apparences sont bien trompeuses, car Dennis Rader, alias BTK, a tout de l’Américain lambda, du père de famille ordinaire, du citoyen passe-partout. Contrairement au serial killer typique, Rader ne fera jamais de longs parcours pour chercher ses victimes, et prendra essentiellement pour cible ses voisins et les habitants de la ville.
Narcissique, sadique, calculateur, arrogant, mégalomane, rusé, c’est ainsi que l’on peut définir Dennis Rader, qui est considéré à ce jour comme l’un des serial killers les plus notables et dangereux au monde.
Je vous invite à me suivre sur les traces de BTK dans sa longue et terrifiante épopée sur la ville de Wichita.
Nous sommes le 25 février 2005. La police de l’État du Kansas pousse enfin un long soupir de soulagement et elle a bien raison : le tueur en série qu’elle n’a pas cessé de poursuivre depuis les années 70 est enfin sous les verrous. Grâce à l’avancée en matière de traçage, les policiers sont parvenus à repérer et arrêter l’assassin au terme d’une enquête qui s’est poursuivie pendant trente éreintantes années, où le doute et le découragement ont accompagné chacune de leurs tentatives de mettre la main sur celui qui a fait trembler la ville de Wichita.
Le coupable se laisse arrêter avec une facilité déroutante, passe même aux aveux sans pression aucune. Derrière ses airs inoffensifs de grand-père grisonnant et ses lunettes de vue, il ne correspond absolument pas à l’idée que se faisaient de lui les policiers. D’ailleurs, à part eux, qui pourrait se douter qu’il s’agissait du redoutable BTK, le serial killer qui ligote, torture et étrangle, comme ses initiales l’indiquent !
Source : kansas
Quant à son vrai nom, il est d’une incroyable banalité toute américaine, un patronyme passe-partout sans aucune résonance particulière : Dennis Rader ! Cela aurait pu être le nom du postier ou du livreur de lait.
Mais en quoi BTK et Dennis Rader sont-ils différents ? Eh bien, ils ne font qu’une seule et même personne. Dennis Rader raconte que BTK est son double, son alter ego démoniaque et narcissique qui commet les crimes à sa place, le meurtrier tout puissant et cruel tandis que Dennis Rader est le père de famille ordinaire, l’ancien militaire qui a servi vaillamment son pays, le moniteur bénévole qui emmène les petits boys scouts en forêt pour faire griller des marshmallows au coin du feu et raconter des histoires au clair de lune. En somme, une sorte de Dr Jekyll et Mr Hyde des temps modernes !
Bien avant son arrestation, Dennis Rader vivait encore dans un quartier résidentiel de Wichita et travaillait comme employé dans la municipalité de la ville. C’est un citoyen modèle : il paye ses impôts, ses enfants déjà grands font des études supérieures, et c’est un membre influent de l’église de la paroisse.
En somme, il réunit toutes les composantes qui font qu’un Américain est un membre accepté dans la communauté ; il les remplit toutes et avec les honneurs ! Mais derrière le masque, se cache un esprit diabolique et malsain que personne, pas même sa famille, n’aurait pu soupçonner un jour.
En créant BTK, ce double maléfique, Dennis Rader a réussi à avoir la notoriété qu’il a toujours souhaitée. A chaque meurtre commis, il n’hésitera pas à envoyer une lettre anonyme aux autorités, nouant ainsi un long échange épistolaire avec la police à l’instar de Jack l’éventreur, le boucher de Whitechapel dans le Londres du xixe siècle. Rader signe toujours ses lettres avec les initiales BTK. Des lettres, il en enverra aussi aux familles des victimes, poussant la cruauté jusqu’à leur décrire les derniers instants de leurs proches.
Semant la terreur, Dennis Rader créera un état de psychose sans précédent dans le Kansas. Jamais encore les habitants n’ont vécu sous une menace aussi redoutable qu’invisible. La paranoïa atteindra un tel point culminant que désormais, on commencera à douter de ses voisins, de ses amis, et même des membres de sa famille !
Avant d’en venir aux meurtres et à leurs déroulements, Tim Relph et Richard Lamunyon, les chefs de l’unité de police spéciale sur les trousses du tueur depuis le début de l’enquête, veulent en savoir plus sur ce singulier personnage et creusent du côté de son enfance où, d’habitude, la plupart des serial killers posent déjà leurs premières marques. A leur grand étonnement, ils constatent que cela ne correspond pas à l’idée reçue qu’ils en avaient avant de l’interroger!
Dennis Rader leur relate le récit d’une enfance normale, passée dans un environnement strict mais aimant. Ses parents étaient des gens croyants qui se souciaient beaucoup de leur bien-être, à lui et ses trois frères. Une famille américaine classique des années soixante comme tant d’autres avec une structure typique : un père qui travaille et subvient aux dépenses de la famille, une mère au foyer qui veille au bon déroulement des choses, organise les activités et s’occupe des travaux ménagers, et quatre frères qui s’entendent à merveille et dont il est l’aîné.
La religion avait une place de choix dans la famille, mais cependant sans fanatisme particulier. Puis il est allé à l’université, même s’il n’a pas pu poursuivre son cursus, et s’est engagé dans l’armée de l’air pour exaucer le vœu de son père qui rêvait de le voir rejoindre les rangs, comme lui par le passé. Il servira pendant cinq ans hors des États-Unis. A son retour, il épouse une jolie secrétaire médicale, qui lui donne deux enfants.
Tim Relph veut à présent entendre ses aveux sur les crimes dont il est responsable. BTK ne demande que ça, de raconter, de se vanter. Il ne tarit pas sur les détails, aussi sordides soient-ils, avec un plaisir dérangeant.
La vantardise et l’arrogance, doublées d’un égo surdimensionné ont marqué tout son parcours criminel. Les victimes, c’est lui qui prend le temps de les choisir. Il ne fait aucune distinction entre homme, femme et enfants, contrairement à d’autres psychopathes qui privilégient généralement une cible au détriment d’une autre !
Avant de tuer, Dennis Rader se prépare au préalable, établit un emploi du temps à la minute près. Il n’attaque jamais au hasard ni à l’aveuglette, il prend le temps, tout le temps nécessaire, quitte à observer ses victimes potentielles pendant des jours, voire des semaines entières afin de connaître leurs habitudes, leurs allers et venues, leur vie personnelle et leur activité professionnelle !
Tim Relph est horrifié par cette froideur et à mesure que Dennis Rader se confie, il voit pointer l’alter ego de ce dernier, le redoutable BTK : ses pupilles se dilatent, ses lèvres s’étirent dans une sorte de sourire grimaçant et satisfait à mesure qu’il entre et étale tous les détails. Rader se souvient de chaque moment, de chaque minute du crime. Pas une seule fois sa mémoire ne lui fait défaut. Tim Relph et son collègue retiennent leur souffle et se préparent au pire.
Un petit retour dans le passé s’impose à présent afin de mieux connaître l’origine de Dennis Rader et la construction du personnage de BTK.
Il est né Dennis Lynn Rader, le 9 mars 1945, à Pittsburg au Kansas. Il est l’aîné de William et Dorothea Rader. Juste après la naissance de Dennis, la famille déménage dans la périphérie de Wichita, la plus grande et importante agglomération du Kansas en termes de superficie et les poumons de l’économie locale. C’est là où naissent encore trois autres garçons.
Les Rader sont des gens bien intégrés dans leur communauté du quartier chic de Park City. La famille vit confortablement et les enfants sont assez obéissants et proches de leurs parents. Dennis Rader passera d’ailleurs la majeure partie de sa vie d’adulte à Wichita et ne se déplacera que très rarement dans d’autres villes, chose assez peu commune pour un serial killer en devenir.
Le père, William, ancien marine dans la Navy, est un homme assez strict, qui impose une discipline de fer mais n’est jamais violent envers ses fils. D’ailleurs l’enfance du jeune Dennis pourrait être définie d’idyllique tant tout semble bien se passer dans la structure familiale. C’est un petit garçon sensible et très sportif qui fréquente beaucoup les cercles des scouts avec qui il s’en va souvent camper en forêt et faire des activités en plein air. Il adore nager et pratique toutes sortes de sports nautiques.
Malgré sa timidité, il arrive à se faire facilement et rapidement des amis et n’a aucun mal à s’intégrer dans un groupe. D’ailleurs, le jeune Dennis ne cherche ni les bagarres, ni les confrontations physiques avec les garçons de son âge, il a toujours une attitude égale et pacifiste. Il aime dessiner, lire et regarder des films, des activités aussi innocentes que banales. Pourtant…
Pourtant une ombre commence déjà à assombrir le tableau : Dennis Rader n’est pas vraiment le petit garçon ordinaire qu’il laisse paraître. C’est même un enfant tourmenté par une sexualité précoce qui se manifeste très tôt et le bouleverse au plus haut point. Il développe des manies et des obsessions qu’il n’a jamais eu jusqu’ici, comme par exemple prendre un malin plaisir à torturer les petits animaux qui tombent entre ses mains. Il lui arrive souvent de capturer des petits chats et chiens errants qu’il garde en « otages » pendant des jours dans le sous-sol de la maison familiale, les affame et leur inflige coups et brûlures avant de les pendre et les prendre en photo.
Source : tueursenserie
Il développe un monde à part, parallèle, une bulle dans laquelle il se réfugie de plus en plus. Cette réclusion volontaire le conduit d’ailleurs à se créer un ami imaginaire, une sorte de double maléfique qui fait des bêtises et des tours pendables que lui, Dennis, serait incapable de faire en temps normal. A cet ami d’un tout nouveau genre, il donne même un nom : « Rex ».
Il lui arrive même de converser avec lui pendant des heures, ce que sa mère et ses frères ne manquent pas de remarquer quand ils passent à côté de sa chambre. Seulement, personne n’ose s’interposer et les parents jugent que cette lubie d’ami imaginaire n’est que passagère. Ils se trompent !
Durant toute son enfance, Dennis et « Rex » « cohabiteront », et ce dernier commencera à avoir de plus en plus d’ascendant sur lui et sa personnalité. Cela serait même Rex qui lui ordonne quoi faire en matière de torture d’animaux et lui aurait fait découvrir la masturbation.
A l’adolescence, Dennis Rader se découvre un penchant pour les revues pornographiques qu’il collectionne. Il découpe avec soin les photos de femmes nues dans des poses suggestives, les colle dans un cahier qu’il prend soin de cacher sous le matelas et le sort chaque soir avant de dormir. Il se met également à dessiner des femmes bâillonnées et ligotées dans des positions obscènes, mettant l’accent sur la souffrance ou la terreur de leur regard.
Observer une personne ou un animal se débattre de douleur et souffrir lui procure même du plaisir sexuel. Il fantasme sur des présentatrices du JT, sur des filles aux courbes avantageuses, généralement plus âgées que lui ou, au contraire, beaucoup plus jeunes, qu’il s’imagine en train de torturer, de frapper et de violer.
Les dessous féminins sexy constituent alors une vraie obsession. Il aime voir les femmes avec mais aussi en porter lui-même ! N’osant pas aller directement en acheter dans les magasins de peur de représailles, il commence à chaparder en cachette la lingerie de sa mère qu’il porte avec une euphorie particulière, protégé par l’intimité des murs de sa chambre.
Ainsi attifé, il joue des petites saynètes, maquillé et apprêté en fille ; il lui arrive même de se filmer et de se prendre en photo avec ce déguisement. Dennis Rader conservera toutes ses photos de travesti et ne les montrera jamais à personne.
Au lycée Riverview où il est scolarisé, c’est un élève moyen aux notes qui ne dépassent jamais le B ou le C. Ses frères, plus studieux, le dépassent et ont de meilleures notes que lui, mais cela ne semble pas jouer en sa défaveur.
Après avoir obtenu son diplôme de fin d’études secondaires sans aucune distinction particulière, Dennis Rader s’inscrit en 1965 à l’université de Weslayn College de Salina. Très motivé au début, il déchante cependant rapidement. L’université est très éloignée de la maison familiale, il doit louer une chambre dans le campus que son père refuse de lui payer.
Le jeune Dennis est alors contraint d’enchaîner les petits boulots pour pouvoir honorer ses dettes. Il travaille pendant ses week-ends, ce qui le conduit à être fatigué en cours durant la semaine et a du mal à se concentrer. Il se met alors à s’absenter très souvent et finit par tout abandonner au bout de quelques mois.
Il jette son dévolu sur la carrière militaire. Il s’enrôle alors dans l’armée de l’air américaine, la US AIR FORCE, et part avec son régiment en Europe qu’il parcourt de long en large, mais aussi au Japon, notamment sur l’île d’Okinawa. Comme durant l’enfance, il se fond dans la masse, se tient à carreau, obéit à ses supérieurs, fait ce qu’on lui demande de faire sans objection, intègre tous les groupes, se lie d’amitié avec tout le monde et personne en particulier.
Il tient un journal de bord dans lequel il consigne tous les détails de ses déplacements et des choses qu’il voit au fur et à mesure de ses transferts dans des pays différents. Durant cette période, il lui arrive de suivre des femmes de loin de la façon la plus discrète possible, sans pourtant jamais oser les aborder dans la rue quand il les croise.
Au bout de quatre ans de bons et loyaux services dans l’armée, il est promu au grade de sergent.
A son retour aux États-Unis en 1970, il fait la rencontre de Paula Dietz, qui travaille comme secrétaire dans un cabinet de dentiste. Le jeune couple s’est rencontré au préalable à l’église luthérienne qu’il fréquente assidûment ; s’il y a une chose qui rapproche Dennis et Paula, c’est bien la foi. Ils se marient le 22 mai 1971.
Sans emploi fixe depuis qu’il a quitté l’armée de l’air, et pour subvenir aux dépenses du ménage, Dennis Rader est employé à temps plein, comme caissier de supermarché de la chaîne Walmart. Il veut reprendre ses études qu’il a abandonnées quelques années auparavant pour s’enrôler dans l’armée et se ré-inscrit à la faculté. Il en sort finalement diplômé en électromécanique. Paula donne naissance à deux enfants, un fils Brian, né en 1975, puis trois ans plus tard, une fille, Kerry en 1978.
Ce mariage avec Paula, bien qu’il soit sans nuages, n’est pas sans calmer les pulsions morbides de Dennis. Il est de plus en plus obsédé par l’idée de ligoter une femme, mais n’ose jamais entreprendre la chose avec son épouse, sachant que c’est une femme très pieuse qui aurait refusé de se livrer à ce genre de pratique.
Alors il se crée un personnage, feint la droiture, l’équilibre, le bonheur conjugal. D’ailleurs, tout le monde s’accorde à dire qu’il est un homme charmant, poli et travailleur. Cette facette extérieure de sa personnalité publique, il la façonne avec soin, la rend plus que parfaite afin de cacher sa vraie nature tourmentée et macabre.
Sauf que ses pulsions sont les plus fortes, et prennent de plus en plus de place dans sa vie. Une fois, en sortant du magasin Walmart où il travaille, il se rend dans un centre commercial à la sortie de la ville pour acheter un cadeau à Paula. Dans le parking, alors qu’il stationne sa voiture, son regard est attiré par une femme. Il laisse de côté ce pourquoi il est venu jusqu’ici et reste à attendre sagement le retour de cette belle inconnue.
Dès qu’elle remonte dans voiture et prend la route, il la suit de loin, veillant à ne pas attirer son attention dans le rétroviseur. Quand elle se gare devant chez elle et entre dans sa maison, Dennis Rader note l’adresse pour y revenir les prochaines fois. C’est ainsi qu’il agira pour tous les crimes suivants. Il fait plusieurs allers-retours, observant de loin la jeune femme, remarque qu’elle vit toute seule et qu’il n’y a pas de mari ou de fiancé qui puissent gâcher ses plans.
Quand elle est absente, il en profite même pour entrer par effraction chez elle, chaparde quelques-uns de ses effets personnels, dont de la lingerie et du maquillage. De retour chez lui, il échafaude des plans pour la tuer, et anticipe les événements, repère même l’endroit où il compte enterrer le corps de la jeune femme, achète du matériel pour la ligoter, des cordelettes, de l’adhésif.
Et puis, le jour J, alors que tout est prêt et qu’il a déjà prévenu sa femme « de ne pas l’attendre pour le dîner ce soir, il a un shift de nuit », il abandonne tout. Pourquoi avoir fait marche arrière à la dernière minute, grand mystère ! S’est-il senti incapable de mener son plan jusqu’au bout ?
Mais cet homicide avorté ne sera que le premier d’une longue série où Rader se surpassera dans l’art d’échafauder des plans. Cette escalade dans le macabre, dans l’amour et la volonté de faire du mal, de torturer, occupe désormais toutes ses pensées et le plonge dans une obsession sans précédent.
Une chose est certaine, c’est un mordu d’organisation et l’une de ses caractéristiques est qu’il ne fait rien s’en bien se préparer au préalable, avec un méthodisme presque médical. L’une de ses techniques préférées est le ligotage, et il est passé maître à faire des nœuds de toutes les formes, des nœuds d’une complexité singulière et professionnelle, méthode qu’il a sûrement apprise lorsqu’il était dans l’armée.
Après cette tentative manquée, il se sent au plus mal mais tente encore une fois de camoufler son mal-être derrière une façade parfaite afin de ne pas éveiller les soupçons de son entourage. Le découragement commence même à le guetter quand l’arrivée d’une famille dans le voisinage immédiat réveille à nouveau ses instincts pervers et le monstre qui sommeille en lui.
Nous sommes en janvier 1974, la famille Otero qui vient à peine de s’installer aux États-Unis est originaire de Porto Rico. C’est une famille nombreuse, composé des parents, Julia et Joseph Otero, ainsi que cinq enfants d’âges différents, des petits comme des adolescents.
Les Otero sont une famille modèle qui veut vivre « le rêve américain » et fait tout pour bien s’intégrer dans la communauté de Wichita. Joseph, le père, est militaire, un latino doté d’une forte et imposante carrure qui veille vaillamment sur sa famille. Les enfants sont bons élèves et la mère, Julia, est une charmante femme au foyer. Ils s’installent dans un pavillon pas loin de la maison de Dennis Rader.
L’arrivée de ces nouveaux voisins différents des autres, ethniquement parlant, ne laisse pas Dennis Rader indifférent. Et ce sont les membres féminins de la famille qui l’attirent en premier lieu. Il est immédiatement subjugué par la beauté brune et exotique de Julia Otero et de ses filles et commence à fantasmer dessus.
Dès lors, la famille Otero devient son obsession quotidienne, de chaque heure et de chaque minute. Pendant des semaines entières, Dennis Rader, dissimulé dans sa voiture, espionne leur vie, leur train-train quotidien, leurs déplacements, les horaires où les Otero sont absents ou lorsqu’ils sont à la maison au grand complet.
Il se renseigne sur eux, apprend que Joseph Otero est militaire, est souvent en déplacement, ce qui est à son avantage et espère que cela rendra la tâche moins compliquée à l’avenir quand il voudra s’introduire chez eux.
Fidèle à son habitude d’homme réfléchi et méthodique, Rader établit l’emploi du temps de la famille Otero, dans lequel il ajoute chaque jour un nouveau détail, se rapportant au temps, ou à leur look du jour : dimanche, il sait qu’ils se rendent au grand complet à la messe catholique, il sait que les enfants rentrent tous de l’école vers 15 h 30, que Julia Otero fait ses courses tous les samedis accompagnée par ses aînés qui l’aident à porter les paquets. Il crée même un dossier pour organiser leur meurtre et le baptise « Project Little Tex Mex » croyant, d’après leur apparence, qu’il s’agit d’une famille mexicaine.
Le 15 janvier 1974, le projet « Little Tex Mex » peut être mis à exécution et Rader passe à l’acte. Tôt le matin, vers les coups de 7 h 00, il vole d’abord une voiture dans un parking de supermarché, y dispose son matériel constitué d’un arsenal de cordelettes, d’adhésif, de couteaux et d’un pistolet 22 long rifle de type Colt Woodsman, puis il se rend au domicile des Otero.
Une heure plus tard, Rader s’introduit sans bruit dans le pavillon de la famille. Il prend soin de couper la ligne téléphonique en premier lieu, puis ouvre la porte et s’introduit à l’intérieur. La maison est encore animée car les enfants se préparent pour l’école, les parents prennent leur petit déjeuner. Rader aperçoit Julia Otero de dos, en train de préparer du café, et Joseph, avec sa carrure avantageuse, est assis là devant un bol de céréales et une assiette d’œufs frits et de bacon.
Leur fille cadette Joséphine, sur laquelle Rader fait une fixation depuis plusieurs semaines, est également présente avec son frère. Les deux enfants doivent partir à l’école dans quelques minutes et attendent que le bus scolaire vienne les récupérer.
Dennis Rader passe à l’action. Ne perdant pas de temps, il entre en grand tapage dans la cuisine, pointant son arme sur les membres de la famille prise au dépourvu et incapable de réagir, et leur ordonne de faire tout ce qu’il dira.
Joseph Otero acquiesce et intime à tout le monde de garder son calme et de faire tout ce que dira « le monsieur ». Sur ordre de Rader, toute la famille s’allonge par terre avec les deux mains sur la tête, à la manière d’un hold-up, toujours avec le Colt Woodsman pointé sur eux.
Puis, Rader les conduit à l’étage et s’enferme avec eux dans la chambre des parents. Joseph et Julia Otero sont alors allongés à plat ventre sur leur lit avec leurs deux enfants, et Rader se met à les ligoter avec les cordelettes, effectuant plusieurs tours pour faire des nœuds très serrés. Puis il s’empare d’un sac plastique, étouffe Joseph, tire une balle sur Julia et son fils, et se tourne finalement vers Joséphine, sa cible préférée. Le sort qu’il lui réserve est le plus cruel de tous.
Il conduit la petite fille dans le sous-sol de la maison, où il achève de l’étrangler avec une corde, se masturbe sur elle, éjacule sur ses jambes, avant de la pendre au plafond au bout d’une corde. Avant de quitter les lieux, il s’assure n’avoir rien oublié, fait un tour dans la maison, vérifie si quelqu’un est encore vivant, vole quelques objets, quelques pièces de lingerie féminine et quitte les lieux. Il se rend dans le garage, vole la voiture familiale avec laquelle il fait un bout de chemin avant de l’abandonner sur un terrain vague, à quelques kilomètres du quartier.
Vers le coup de 16 h 00, les trois aînés des Otero rentrent de l’école. Ils sont étonnés de trouver la porte de la maison grande ouverte, ils entrent et ce qu’ils découvrent les inquiètent de plus en plus. La cuisine est dans un état déplorable, les couverts du petit déjeuner sont renversés par terre, les chaises sont jetés dans les quatre coins de la pièce.
Une boule dans la gorge, complètement terrorisés, ils décident de monter à l’étage, et c’est là qu’ils découvrent l’horreur : les corps sans vie de leurs parents et de leur petit frère dans une position qui ne laisse pas de doute quant à une abominable agression. Ils accourent chez la voisine en face, qui manque de s’évanouir en découvrant la scène du crime. La police locale est immédiatement prévenue.
A leur arrivée sur les lieux, les policiers découvrent une maison sens dessus dessous, ils retrouvent le couple Otero et leur fils, des sacs plastique sur la tête, ligotés avec une précision mathématique. La découverte qui les bouleversent au plus haut point est celle de la petite Joséphine, suspendue à une corde dans la cave, son corps balançant dans le vide comme une poupée de chiffon. Cette scène macabre savamment et cruellement orchestrée ébranle profondément les policiers.
Source : allthatsinteresting
La police scientifique ne tarde pas à arriver en renfort sur les lieux et passe au peigne fin tous les coins et recoins de la maison des Otero. Elle ne retrouve rien de convaincant, à part peut-être les traces de sperme sur le corps de la petite fille. Les policiers comprennent vite qu’il s’agit sûrement d’un maniaque sexuel. Les analyses ADN sont encore à leur tout début durant les années 70 et ne sont généralement pas encore utilisés pour pouvoir pister les meurtriers ou les violeurs.
Un détail attire l’attention des policiers : la complexité avec laquelle les nœuds des cordelettes ont été effectués : seul un militaire ou un marin serait capable d’en faire des pareils. Du reste, ils sont eux-mêmes incapables de les dénouer.
Dès le lendemain, le meurtre des Otero fait la une des journaux locaux. Tous les habitants de Wichita plongent en plein cauchemar. Jamais encore auparavant, des crimes de cette envergure n’avaient eu lieu dans la ville ! Des crimes pareils se déroulent généralement à New York, à Detroit ou en Alabama mais sûrement pas dans leur paisible contrée ! La psychose, inévitable, s’installe et la police ne fait rien pour l’atténuer, bien au contraire.
Quelques jours plus tard, l’impensable se produit ! La police reçoit un étrange appel téléphonique. Au bout de la ligne, un homme leur dit : « Vous voulez savoir qui a tué la famille Otero ? Rendez-vous à la bibliothèque du quartier, vous y trouverez votre bonheur ! ». L’étrange interlocuteur ajoute que tout a été consigné sur une feuille de papier glissée dans un livre ; il donne le numéro de la rangée et raccroche brusquement sans leur donner l’occasion de placer un mot.
La police s’exécute et se rend dans l’immédiat à la bibliothèque où là, elle tombe effectivement sur la note laissée dans le livre et qui raconte par le menu tous les faits, tous les détails de l’assassinat de la famille Otero. Elle indique aussi avec précision la position des cadavres et l’endroit exact de leur disposition dans la maison, notamment celui trouvé dans la cave. L’élément le plus curieux se trouve en bas de la lettre, une signature, trois lettres distinctes : « BTK », celle du meurtrier. Ultime bravade, en bas de la lettre, un nota bene :
« Vous trouverez encore ces initiales lors du prochain meurtre ! Vous êtes prévenus ! »
Durant les quelques semaines qui suivent le quadruple assassinat des Otero, tout le monde sait qu’il n’est plus à l’abri d’être la prochaine victime de « BTK ». Et on en a confirmation quelques mois plus tard, quand l’assassin frappe une nouvelle fois !
Pour cette nouvelle victime, que Rader a repéré à nouveau lors de ses sorties dans les alentours de son quartier, il a préparé « un dossier » comme pour son crime précédent et l’appelle « Project Light Out », projet « lumières éteintes ».
Sa nouvelle cible n’est nulle autre que Kathryn Bright, une jeune et jolie ouvrière qu’il observe de loin, assis dans sa voiture, abrité derrière de grosses lunettes noires. Comme pour la famille Otero, il note ses aller-retour et les fréquences de ses sorties, il comprend qu’elle doit avoir un travail à temps plein quelque part dans la banlieue ou dans une commune voisine, puisqu’elle ne rentre que tard le soir.
Il réussit à entrer par effraction chez elle, monte dans sa chambre, fait le tour des pièces pour s’assurer qu’il n’y a personne, puis se tapit dans l’armoire de Kathryn et attend patiemment son retour. Au bout de quelques heures, il entend la serrure de la porte d’entrée tourner et entend des voix, celle de Kathryn et une autre, masculine. Dennis Rader sent que les choses ne vont pas se passer comme prévu, la présence d’une tierce personne, un homme de surcroît, dérange son plan tout tracé.
Les choses dégénèrent précipitamment : apparemment incapable de faire marche arrière, Rader attaque le frère et la sœur qu’il prend au dépourvu dans le salon, il blesse le jeune homme avec son revolver et poignarde Kathryn de plusieurs coups de couteaux. Le frère de cette dernière, que Rader a cru avoir achevé, revient pourtant à la charge et tente de libérer sa sœur des griffes de son agresseur ; Rader lui assène encore un coup de revolver.
Le jeune homme finit par prendre la fuite, plus mort que vivant et se rend, dégoulinant de sang, au commissariat. Quand la police arrive sur place, l’assassin a déjà disparu. Elle trouve Kathryn Bright gisante dans une mare de sang et appelle les renforts. Kathryn n’a malheureusement pas le temps de décrire son meurtrier, elle succombe à ses blessures dans l’ambulance bien avant d’arriver à destination.
La police se tourne alors vers l’unique survivant du carnage, Kevin, le frère de Kathryn. Ses souvenirs sont brouillés à cause des sédatifs qu’on vient de lui administrer contre la douleur, et il est en état de choc, se remettant à peine de ses blessures. Sur son lit d’hôpital, il fait aux policiers une description approximative de l’assassin : il parle d’un homme grand, de race blanche, ayant probablement la quarantaine, et portant des lunettes de vue.
A part ça, pas d’autre élément ou de trait physique particulier. Se basant sur ce peu d’indices, la police fait un portrait-robot et interroge de nombreux suspects susceptibles de lui ressembler physiquement. Aucun cependant ne correspond. L’enquête est au point mort. Rader a encore réussi à passer entre les mailles du filet. Enhardi par l’incapacité de la police à mettre la main sur lui, il songe déjà au prochain meurtre mais pas pour tout de suite. Il laisse une trêve de trois ans à la ville de Wichita et revient à la charge en 1977.
Nous sommes en mars 1977, au domicile de Shirley Vian, jeune mère de famille âgée de 26 ans avec trois enfants à charge. Shirley vient à peine de se séparer de son mari. Incapable de tout gérer toute seule, elle a été contrainte de quitter son travail pour s’occuper exclusivement de ses enfants en bas âge. Rader, comme pour les précédentes victimes, a jeté son dévolu sur elle quelques semaines plus tôt.
Le jour du meurtre, il se présente devant sa porte sous les traits d’un détective privé à la recherche d’un malfaiteur. Il a pris soin de soigner son look avant de venir, imperméable à la Colombo, feutre sur la tête, grosses lunettes, moustache, costume trois pièces ! Une caricature de détective mais qui peut faire son effet, surtout si on n’a pas l’occasion d’en rencontrer tous les jours.
Shirley Vian est toute seule avec ses trois enfants ce matin-là, elle semble peu convaincue par la requête du faux détective mais accepte pourtant de le faire entrer chez elle, si cela peut faire avancer quelque chose dans ses recherches. Elle comprend rapidement qu’elle a eu tort d’être aussi naïve ! Le faux détective sort alors son revolver et menace Shirley Vian.
Exaspéré par les hurlements de terreur des enfants, Dennis Rader les enferme à double tour dans la salle de bains. Désormais en tête à tête avec la jeune femme terrorisée, il la conduit dans sa chambre à coucher, lui ordonne de se mettre à plat ventre sur le lit, se jette sur elle, l’étrangle, la bâillonne et lui attache les pieds avec de la cordelette…
Prévenue, la police débarque accompagnée par des pédopsychiatres au domicile de la victime. Visiblement en état de choc, les enfants de Shirley Vian répondent machinalement aux questions des enquêteurs. Compte tenu de leur jeune âge, on ne veut pas les brusquer, mais l’un des petits garçons parle d’un homme grand à moustache et à lunettes, portant un grand chapeau comme dans les films, il avait également un costume et portait un sac.
Le portrait-robot précédent est remis au goût du jour, avec les nouveaux éléments fournis par les enfants. Au grand dam des policiers, encore une fois, aucun suspect ne semble y correspondre.
En décembre de la même année, l’assassin prend pour cible Nancy Fox. Il la suit pendant des jours, connaît son adresse, ses heures de travail. Cette-fois ci, il pousse la hardiesse jusqu’à appeler lui-même la police pour revendiquer le meurtre ! Il leur donne aussi l’adresse exacte où se trouve le cadavre de la jeune femme, puis se volatilise.
Les policiers trouvent effectivement le cadavre de Nancy Fox, allongé sur le ventre, les mains liées dans le dos et les pieds entourés de cordelettes serrées. A côté de son cadavre, ils retrouvent une trace de sperme.
A cet instant, les policiers balayent leurs derniers doutes : il s’agit bien d’un tueur en série, et certainement le même qui a tué la famille Otero et les autres, considérant la manière quasi-similaire avec laquelle il ligote, étrangle et positionne le corps de ses victimes sur leurs sommiers. Ils sont bien d’accord, il n’y a plus aucun doute à présent. Une véritable course contre la montre commence !
Les policiers tentent tant bien que mal de cacher ce dernier meurtre au grand public afin d’éviter de les effrayer davantage, mais l’information fuite. Tout Wichita a appris ce nouveau meurtre par le biais des journaux et de la télé locale. Les habitants de la paisible commune vivent désormais dans la peur de voir surgir l’assassin à un moment ou un autre !
Les gens commencent même à prendre leurs précautions : les portes sont fermées à double tour chaque soir, on installe des systèmes de surveillance, on ramène des chiens de garde, on fait attention au moindre détail : une porte-fenêtre entrouverte, une porte entrebâillée par laquelle pourrait se glisser le meurtrier et s’introduire à l’intérieur… La peur n’a plus de limites, la psychose se généralise et grandit de jour en jour.
Certains témoins commencent timidement à se manifester aussi. Tous racontent que le jour du meurtre de Nancy Fox, ils ont aperçu le probable meurtrier dans une cabine téléphonique, un grand bonhomme d’environ 1,80 m, les cheveux grisonnants et portant un uniforme, sûrement un militaire voire un marin, ils ne peuvent pas trancher là-dessus.
Les jours suivant l’homicide de Nancy, un présentateur de la chaîne de télé locale, Larry Hatteberg, reçoit un colis contenant des lettres dactylographiées du meurtrier. Le colis, posté la veille, comporte également plusieurs dessins et illustrations du cadavre ligoté de la jeune femme, le tout accompagné d’un poème intitulé « Nancy’s Death » (Mort de Nancy). Le courrier est signé encore une fois BTK, pour « Bind, Torture, Kill » (ligoter, torturer, tuer), la « marque de fabrique » de l’assassin.
Dans cet ensemble de lettres effrayantes, d’un macabre qui pourrait démonter le policier le plus chevronné, BTK revendique sept meurtres dont celui des quatre membres la famille Otero, celui de Kathryn Bright, de Shirley Vian et le plus récent, de Nancy Fox.
Larry Hatteberg se dépêche d’envoyer le colis à Richard Lamunyon, chef de la police du département criminel de Wichita. Le jour même, lors du journal télévisé de 20 h 00, une édition spéciale est consacrée au meurtrier. Le sergent Richard Lamunyon est venu en personne faire une intervention auprès des téléspectateurs :
« Notre ville connait depuis quelques temps les actes infâmes d’un dangereux tueur et maniaque sexuel ! J’ai le regret de vous dire que nous sommes dans l’impossibilité d’être derrière chacun de vous et de protéger tout le monde. Je vous conseille donc de rester vigilants et sur vos gardes.
Barricadez-vous dans vos maisons pendant la nuit, ne laissez aucune ouverture potentielle qui puisse aider le malfaiteur à pénétrer en douce chez vous et commettre l’irréparable. » Il conclut son annonce par : « Au nom de tous les éléments de la police dont je suis l’un des représentants, je peux vous promettre une chose : nous ferons tout pour l’arrêter et le transférer en justice ! » Le message est clair et fait son effet.
Dennis Rader se frotte les mains, il a vu lui-même parler le policier devant les caméras de télévision. C’est ce qu’il recherche depuis toujours : qu’on s’intéresse à lui, qu’on parle de lui en termes menaçants, qu’il puisse enfin bénéficier de cette notoriété tant espérée et attendue, et entendre les gens parler de lui à la télévision lui procure une joie immense. Quant aux policiers, ils peuvent toujours courir pour le retrouver !
Il est d’autant plus content de brouiller les pistes et de mettre à mal l’enquête ou plutôt les enquêtes, ouvertes et laissées de côté les unes après les autres, que les policiers manquent toujours d’éléments et de preuves tangibles.
Pour alimenter davantage la rumeur, entretenir la terreur et façonner son personnage mystérieux et terrifiant, BTK envoie d’autres messages écrits et des enregistrements de sa voix aux plateaux de télévision mais aussi aux familles des victimes et à la police de Wichita, souvent accompagnés de pamphlets et de poèmes obscènes sur les personnes assassinées mais aussi de dessins au contenu sadomasochiste. Il signe tous ses courriers par « BTK » ou « Bill Thomas Killman », un autre surnom qu’il s’est trouvé entre-temps.
La police tente d’analyser un de ses enregistrements vocaux pour pouvoir faire la comparaison avec celles d’autres suspects ; il s’avère que la voix de Rader est une voix banale, quelconque, avec un léger accent du Kansas, sans aucune inclinaison ou trait caractéristique particulier.
Durant la dernière moitié des années 70, Dennis Rader travaille comme employé administratif de la municipalité de Wichita sans éveiller de soupçon. Il est décrit comme un fonctionnaire normal, qui se présente tous les matins à son poste, fait son boulot et rentre chez lui le soir. Il entretient même des relations cordiales avec ses collègues, qui le trouvent serviable et gentil, un peu timide peut-être, un peu secret peut-être, mais rien de bien menaçant.
Il est également un membre influent de son église luthérienne où il organise des œuvres de charité. Ayant pratiqué le scoutisme dans son enfance, il renoue avec cette activité et programme des sorties en forêt pour les petits boys scouts de sa paroisse. On parle alors d’un moniteur responsable et proche de ses protégés. Il mène une vie familiale parfaitement normale, et aime profondément ses enfants, Kevin et Kerry.
Les derniers crimes de « BTK » ont lieu au milieu des années 80 et sont moins retentissants et moins bien organisés que ceux perpétrés dans les années 70. Il s’en prend tout à tour à une quinquagénaire, Marine Hedge, qu’il étrangle, puis l’année suivante, avec le même procédé, il tue par asphyxie une jeune mère de famille, Vicky Wegerle. Son tout dernier meurtre remonte à 1991 où il tue une femme âgée, sans motif préalable, Dolores Davis.
Source : tueursenserie.vip-blog
Durant ses derniers meurtres, il privilégie l’usage des collants et des ceintures, au lieu des sacs plastique et des armes à feu dont il faisait usage précédemment.
Son arrestation tardive et improbable a lieu en 2005 dans des circonstances inattendues. Toujours soucieux de faire parler de lui le plus souvent possible pour ne pas tomber dans les oubliettes, maintenant qu’il sait que ses crimes commencent à intégrer les archives, Dennis Rader se met à harceler les journaux : il commente les articles que des rédacteurs écrivent à son propos, corrige lui-même des données erronées, et réclame qu’on respecte la chronologie de son règne de la terreur. Son règne, justement, Rader le précipite lui-même et son arrestation avec !
Fidèle à son habitude de maniaque zélé, il va commettre une terrible erreur : envoyer une disquette contenant des données relatives à ses agressions à la police du Kansas. Une bourde monumentale pour celui qui s’est targué d’être le tueur en série le mieux organisé et le plus méthodique !
Ce qu’il ignore alors, c’est qu’avec la nouvelle avancée en matière d’informatique, la police n’a aucun mal à effectuer le traçage de la provenance de la disquette en se basant sur ses données.
Dennis « BTK » est mis en état d’arrestation le 25 février 2005 au terme d’une course poursuite qui aura duré près de trente ans. Sa capture inattendue, inespérée, et considérée longtemps comme une affaire classée, provoque un bouleversement au niveau national ! Les journaux de toutes les rédactions américaines et les chaînes de télévision ne parlent plus que de cela pendant des semaines.
Reconnu coupable de dix meurtres prémédités et organisés, il est condamné en août 2005 à dix peines successives de réclusion criminelle à perpétuité, sans espoir de bénéficier d’une remise de peine. Agé de 75 ans aujourd’hui, Dennis Rader est toujours derrière les barreaux du pénitencier El Dorado Correctional Facility.
Ainsi s’achève trente ans d’une traque sans merci entre BTK et la police de l’état du Kansas. Dennis Rader a marqué les esprits dès le début de son épopée sanguinaire par la froideur avec laquelle il a échafaudé et étudié chacun de ses plans avant de passer à l’acte.
Jamais encore un serial killer n’avait autant cherché la notoriété auprès de la police et de l’opinion publique comme l’a fait Dennis Rader ; il ne supportait pas qu’on puisse le considérer comme un meurtrier quelconque, sa personnalité narcissique y est, d’ailleurs, pour beaucoup.
Il aurait peut-être commis d’autres meurtres s’il était resté en liberté mais la sur-médiatisation et les prouesses scientifiques en matière criminelle actuelle lui auraient gâché l’aura de mystère dont il a bénéficié par le passé, lorsque l’information filtrait encore au compte-goutte et où la pauvreté des moyens de communication l’ont, si l’on peut dire, préservé d’une arrestation rapide et précoce.
Sa personnalité, son égocentrisme, la manière dont il a orchestré tout seul chaque meurtre sans avoir recours à un complice ou à du matériel élaboré, mais aussi sa double personnalité aux deux facettes bien distinctes, auront marqué à long terme deux, voire trois générations d’Américains. Aujourd’hui encore, il est considéré comme l’un des pires serial killers ayant jamais existé.
BTK ! Trois lettres, symboles d’une épopée meurtrière sans précédent dans l’histoire criminelle américaine ! Narcissique, sadique, calculateur, arrogant, mégalomane, rusé, c’est ainsi que l’on peut définir BTK ou Dennis Rader, qui est considéré à ce jour comme l’un des serial killers les plus notables et dangereux au monde.
Les sources :
- Dennis Rader
- Dennis Reder-tueurs en série
- Exclusive interview with BTK killer
- Dennis Rader: The Bind and Torture Killer | Real Crime
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