Le bilan est lourd : 78 morts dont 27 enfants, tous appartenant à la secte des Davidiens, une branche de l’Église adventiste du septième jour.
Il faut dire que 51 jours plus tôt, la secte avait entamé un bras de fer avec les autorités, recluse dans sa résidence collective située à Waco au Texas, refusant obstinément de collaborer et de livrer l’arsenal d’armes et d’explosifs qu’elle détenait illégalement dans ses locaux.
Derrière ce regroupement religieux très controversé, se cache en réalité un homme étrange, obsédé par les femmes et le culte de la personne, celui que ses disciples appellent avec dévotion « Le Messie » : David Koresh.
Source : filmdaily
Avec ses lunettes d’intello et son air de jeune premier, David Koresh était aussi charismatique qu’il était imprévisible et dangereux ! Pourtant à ses débuts, rien ne laissait présager l’esprit diabolique de celui qui entraînera avec lui ses fidèles dans une folie suicidaire, n’épargnant ni hommes, ni femmes, ni jeunes enfants.
Le siège de Waco, qui a clôturé dramatiquement l’histoire des Davidiens, reste l’un des épisodes sectaires les plus tristement célèbres aux États-Unis. Surgit alors la question “pourquoi ?”. Pourquoi l’acquisition d’un tel arsenal d’armes et d’explosifs ? Un attentat prévu dans un centre commercial ? Une attaque organisée visant le Bureau Fédéral Américain ?
Pour tenter d’y répondre, je vous invite à faire un retour aux tout débuts de cette secte et la construction de la personnalité de son gourou tout puissant, David Koresh.
Comment se construit une secte ? Comment un individu, aussi banal soit-il, peut-il avoir autant d’emprise et d’ascendant sur d’autres personnes sans éveiller leur méfiance, leur faire boire ses paroles les plus fantasques sans perdre de sa crédibilité, leur faire faire tout ce qu’il lui passe par la tête, les entraînant sans contrainte au vice, au crime, au vol, ou pire, à leur mort certaine ?
Aux États-Unis, terrain fertile pour ce genre de dérives, les sectes se succèdent mais ne se ressemblent pas, et ce depuis le début des années 60 avec la résurgence de la nouvelle mode de l’ésotérisme. Y compris l’avènement médiatisé des supposées visites extraterrestres à répétition dans la Zone 51, qui ont fini par persuader la majorité écrasante des Américains qu’une vie existe bel et bien ailleurs, dans d’autres cieux !
Avant de sombrer dans la manipulation mentale, le lavage de cerveau, la torture, le harcèlement, l’arnaque à grande échelle et le crime organisé, ces cultes ont pour point commun la vocation religieuse de leurs fondateurs.
Ce sont souvent de brillants orateurs, pourvus de beaucoup de charisme, tous appartenant à ces mouvances extraites du protestantisme anglican : Église pentecôtiste, Église mormone, Église adventiste du septième jour, Témoins de Jéhovah, Église scientologue, les Raëliens ou Le Mouvement pour l’accueil des Elohim créateurs de l’humanité, et ainsi de suite, pour ne citer que ceux-ci !
Dans une Amérique en proie à la guerre au Moyen-Orient, aux luttes internes pour les droits des diverses communautés, aux bavures politiques extérieures et aux scandales médiatiques, la secte s’érige comme la salvatrice d’un monde ultra-matériel qui part à la dérive.
Le futur adepte, souvent mal dans sa peau, en quête de soi, désorienté ou affaibli psychologiquement par des soucis personnels et professionnels, trouve refuge dans cette communauté qui ne demande qu’à l’accueillir, à l’écouter sans le juger et le réconforter ! Les sectes ont d’ailleurs toutes cette approche d’accueil subliminal visant à enjôler et à séduire le futur disciple avant de refermer soigneusement le piège sur lui.
C’est suivant cette approche que la « Branch Davidian » voit le jour dans le sud des États-Unis, plus précisément à Waco, à mi-chemin entre Dallas et Houston dans le Texas.
Quand Benjamin Roden et sa femme Lois prennent, à la fin des années 50, les rênes de la future « secte des Davidiens », ce n’est pour l’instant qu’une fraction de l’église Adventiste du Septième Jour dont elle vient à peine de se séparer pour faire cavalier seul.
Le couple Roden s’est rencontré à la fin des années trente, réunis par l’amour de la foi chrétienne. Elle, Loïs May Scott, est protestante de descendance écossaise, tandis que lui, Benyamin Roden, anglicisé en « Ben » ou « Benny », est fils d’immigrés juifs récemment établis aux États-Unis. Quand ils se rencontrent pour la première fois, Loïs n’a aucun mal à l’entraîner dans ses réunions paroissiales et le fait convertir sans difficulté au bout de quelques temps.
Ben et Lois auront six enfants, quatre garçons et deux filles. Leur fils aîné, George, a été désigné pour suivre leurs pas dans l’ordre de succession du culte auquel ils appartiennent.
Tous les deux manipulateurs indécrottables, ils réussissent en peu de temps à réunir autour d’eux une assemblée de fidèles qui va en grandissant de jour en jour.
Au début des années 70, le couple Roden jette son dévolu sur une résidence située à Waco, à mi-chemin entre les villes principales du Texas, Dallas et Houston.
Ils en font rapidement l’acquisition et y installent leur communauté qui compte alors une cinquantaine de personnes de tous horizons. La maison baptisée Mount Carmel, en référence à la montagne Har Hakarmel située en Israël, veut dire littéralement en hébreu « Le vignoble de Dieu », nom très évocateur et symbolique.
Ainsi à l’abri du monde extérieur, ils ont plein pouvoir sur leur communauté. George rejoint la nouvelle résidence avec ses frères et sœurs, il est alors un adolescent très perturbé qui ne s’entend pas bien avec ses parents.
Ben Roden décède en 1978 et sa femme reprend sa succession. À ce moment précis, un singulier jeune homme fait pour la première fois son entrée au sein de la congrégation. On lui donnerait même le Bon dieu sans confession, à ce Vernon Wayne Howell, âgé de seulement dix-neuf ans et originaire de Houston.
Lois Roden le prend rapidement sous son aile, avant de commencer à éprouver des sentiments amoureux pour lui. Malgré le grand écart d’âge qui les sépare, elle ne reste pas indifférente au charme naturel de Vernon, à ses manières délicates de garçon bien élevé, et est rapidement conquise par sa beauté juvénile qui lui rappelle celle du Messie, comme représenté dans les fresques.
Ceux qui ont connu Vernon Wayne Howell à cette époque sont toujours restés marqués par son aspect inoffensif, son look vestimentaire assez banal mais son physique néanmoins accrocheur : une haute stature athlétique, une longue chevelure blonde et bouclée, des yeux bleus, et des traits doux et harmonieux.
Très vite la relation entre la gardienne du temple des Davidiens et le jeune disciple mue vers quelque chose de plus sérieux, de plus charnel. Pour le moment, l’idylle est gardée sous secret, il s’agit surtout de ne pas attirer l’attention des autres et d’éviter le scandale.
À mesure que la relation entre Lois Roden et le jeune Vernon Howell évolue, elle commence à lui confier des tâches de plus en plus importantes, allant même jusqu’à lui confier les clés de son bureau et du coffre-fort, et lui céder sa place sur l’estrade d’honneur lors des assemblées tenues généralement chaque vendredi soir.
Le succès est vite au rendez-vous. L’homme est un orateur de talent, il allie persuasion et bienveillance, son auditoire reste carrément scotché lors des sermons, et avec le temps, il arrive même à éclipser Lois Roden dans le cœur de ses fidèles.
Sa jeunesse joue beaucoup à son avantage, son air innocent mais néanmoins viril séduit plus d’une femme dans l’assemblée. Avec ces quelques éléments à la clé, Vernon Howell fait ses premiers pas de gourou en devenir : le futur David Koresh en phase de modelage et de construction.
Déjà à cette époque, il parle de sa capacité à parler directement avec Dieu, à avoir des prémonitions qui se révèlent toujours justes.
Loïs Roden est ravie du succès de ce jeune homme qu’elle ne regrette pas d’avoir engagé. Hormis leur relation amoureuse, il est même devenu son bras droit, l’homme sur qui elle peut compter pour tout, depuis la rédaction des sermons jusqu’aux simples emplettes au supermarché. Vernon fait profil bas, se montre conciliant, n’aspirant qu’à apprendre d’elle.
De son côté, Lois Roden ne cherche même plus à cacher sa jubilation devant son fils, George, qui commence à avoir de sérieux doutes quant à la bonne foi de sa mère.
Depuis la mort de l’ancien chef, Ben Roden, son fils George est resté dans l’ombre, presque ignoré par tous, d’autant que maintenant, il y a ce Vernon Howell qui s’accapare tout et le nargue avec mépris et hauteur ! George peste de jalousie dans son coin : lui, l’héritier légitime du culte, relégué au rang de simple spectateur, cela ne devrait pas être permis ! Il faut que le vrai chef reprenne les commandes du navire, sinon tout ce que son père s’est échiné à construire pendant toutes ces années risque de partir en fumée !
Il sait que sa mère est vieille, affaiblie et sous le joug de ce profiteur sorti de nulle part ! George Roden, sans plus attendre, passe à l’acte. Pour cela, il réussit à rallier des membres du culte avec lui, les montent contre Vernon, le provoquant sans relâche, le traitant de parasite et d’imposteur, de menteur et de charlatan.
Les mots ne suffisant plus, les deux hommes commencent même à s’affronter physiquement et à en venir aux mains. Cela s’envenime tant et si bien que George, armé de son revolver, jette finalement Vernon Howell dehors avec ses affaires, avec l’ordre de ne plus jamais remettre les pieds à Mount Carmel s’il ne veut pas se retrouver avec une balle dans le crâne !
Vernon n’écoute cet avertissement qu’à demi ! Il repère une maison à quelques kilomètres de la résidence des Davidiens et s’y installe pendant deux ans. Cette période « transitoire », il la consacre à l’étude de la Bible et des textes anciens, notamment le Coran et le Talmud.
Voulant visiter les lieux qui ont vu naître les religions monothéistes, il se rend plusieurs fois en Israël, en Palestine et en Jordanie, apprend des rudiments d’hébreu et d’arabe, voyage aussi très souvent en Europe et en Australie pour parfaire sa connaissance du monde hors de l’Amérique.
À son retour de ce long périple, il est contacté par d’anciens membres de la branche de Davidiens qui veulent le rejoindre. Ils sont en tout vingt-cinq membres. Ils disent que depuis que Lois Roden a pris sa retraite et que George, son fils, est aux commandes, rien ne va plus à Mount Carmel ! Ce qu’il faut aux Davidiens à présent, c’est quelqu’un d’intègre et de responsable, quelqu’un prêt à se donner corps et âme à l’Église : lui en l’occurrence ! C’est la première bataille gagnée de Vernon Howell contre son rival.
Lois Roden décède le 10 novembre 1986 et les choses commencèrent sérieusement à se dégrader au sein de la communauté religieuse. George Roden devenu leader, un rêve qu’il a convoité depuis des années, n’est pas le chef de file rêvé ! Il est alcoolique, imprévisible, colérique, insolent et entre souvent en conflit avec les autres membres qui n’ont aucun respect pour lui et menacent de le quitter !
À quelques kilomètres de là, Vernon Howell quant à lui fait l’effet inverse : il rassemble de plus en plus de monde, pour la plupart des étudiants en fac de médecine ou de journalisme fraîchement débarqués de Houston et de Dallas, pour écouter la bonne parole de ce nouveau prophète bourré de charisme et de culture.
Ses premiers sermons font étalage des rapports homme-femme. Il se dit pour la pratique de la bigamie, même si décriée dans la société moderne ! Il se dit favorable à un double mariage au vu et au su de tous, plutôt que de mener une double vie sentimentale cachée dans le mensonge et l’hypocrisie. L’Amérique souffre justement à cause de cette hypocrisie sociale qui gangrène la société !
Quand George Roden apprend la nouvelle, il est fou de rage et veut faire éclater l’assemblée à succès qui se déroule sous son nez. En colère d’autant plus quand il apprend que ceux qui ont eu le culot de quitter Mount Carmel il y a quelques mois encore sont tous devenus les condisciples de Vernon Howell !
Les deux hommes s’affrontent encore une dernière fois en 1987, cette fois à coups de pistolet à l’intérieur des murs de la résidence. L’affaire aboutit finalement à un non-lieu.
George Roden fera par la suite plusieurs séjours au sein d’instituts psychiatriques de la région, avant de tuer avec une hache un autre patient, ce qui lui vaudra l’internement à vie dans une structure plus stricte.
Libéré de son unique ennemi, la montée du futur David Koresh peut donc enfin commencer ! Qui se cache cependant derrière la façade bien façonnée de David Koresh ? Pourquoi avoir cherché à remplacer Vernon Wayne Howell, le petit jeune homme timide qui veut se faire une place dans le monde ? Un futur gourou doit toujours laisser derrière lui son passé tourmenté et aller de l’avant, voilà toute l’explication !
Son enfance, parlons-en !
Elle commence déjà dans la difficulté et la honte. Il est né le 17 août 1959 à Houston. Sa mère Bonnie Clark n’a que 14 ans quand elle accouche. Son père biologique, Robert « Bobby » Howell, beaucoup plus âgé qu’elle et déjà marié, la quitte dès qu’elle lui annonce sa grossesse.
La venue au monde du petit Vernon se fait dans une atmosphère chargée de honte et de non-dits dans une Amérique très puritaine où les mères célibataires ne valent pas mieux que les prostituées. Pendant très longtemps, on lui fera même croire que Bonnie est sa grande sœur et que sa grand-mère, Earline Clark est sa vraie mère !
Ses premières années se déroulent chez ses grands-parents maternels qui l’hébergent, tandis que sa très jeune maman part travailler dans une autre ville pour subvenir à ses besoins. La famille de Bonnie Clark appartient à l’Église adventiste du septième jour et est très pratiquante.
Le petit Vernon est initié très tôt à la lecture du Nouveau Testament par sa grand-mère qui le considère comme un petit prodige. À douze ans, il est même déjà capable de réciter des psaumes entiers d’une seule traite. Souffrant de dyslexie, le plus clair de son éducation religieuse se fait oralement devant l’orgue du salon de papy et mamie Clark.
À l’école pourtant, le futur David Koresh ne s’illustre pas par ses bonnes notes. Sa dyslexie encore inconnue à cette époque, que tout le monde attribue à un trouble mental et du comportement, le freine brutalement et le fait recaler.
À cette période, on le surnomme même « Vernie » ou « Mister Retardo » !
Parce qu’il a du mal à suivre correctement ses cours, la direction de son école prend la décision de le placer dans « une classe spéciale » pour enfants attardés. Il le vit comme une terrible humiliation.
Du reste, c’est un enfant très solitaire de plus en plus renfermé sur lui-même, incapable de se lier d’amitié et de jouer avec les garçons de son âge.
Bonnie Clark, entre temps s’est remarié avec Roy Haldeman, un homme alcoolique et très violent. Elle récupère son fils resté chez ses parents et l’installe avec elle dans sa nouvelle maison. Roy Haldeman déteste le petit garçon et le bat continuellement pour tout et n’importe quoi, et Bonnie, qui le craint aussi, ne fait rien pour défendre son fils !
En 1966, Bonnie et Roy accueillent leur premier enfant, un petit garçon nommé Roger, qui accapare désormais toute l’attention de sa mère. Vernon se sent alors entièrement exclu : sa mère a refait sa vie et lui n’en fait plus partie !
À l’adolescence, il tombe très amoureux de la fille du pasteur de leur paroisse. Il souhaite même l’épouser sur le champ, allant jusqu’à la suivre et la harceler à ce sujet. Ses tentatives restent vaines pour son plus grand malheur, et quand le pasteur apprend la nouvelle, il lui interdit même de venir au prêche ! Éconduit et incapable de retourner à l’église, Vernon plie bagages et quitte la maison familiale et Houston, direction Waco dans la province de l’État, où il espère trouver un semblant de paix intérieure.
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S’il a du mal à lire et à déchiffrer des phrases à cause de sa dyslexie, eh bien il fera autre chose, de la prédication. Sa vocation est toute trouvée et il possède tous les atouts pour cela : un physique assez avenant et une voix captivante et persuasive qui a le don d’hypnotiser les auditeurs. Il troque son nom de naissance Vernon Wayne Howell contre celui de David Koresh, David en référence au personnage biblique et Koresh qui signifie Cyrus en hébreu, le premier roi de Perse.
À partir de là, l’ambition de David Koresh sera toujours la plus forte.
On le retrouve dès 1987 à la tête de la résidence de Mount Carmel. Lois Roden décédée, son fils George derrière les barreaux d’un asile de fous, c’est désormais lui, David, et lui seul qui prendra en charge le culte « Branch Davidian » !
L’une de ses particularités qui marqueront à jamais « son règne » dans la secte est l’usage et l’abus de la polygamie qu’il dressera comme le comportement sain à suivre pour tous les hommes en âge de se marier. Lui-même se taille la part belle, et parle de prophéties et de visions qu’il a chaque nuit durant son sommeil, où des femmes viendraient à ses pieds.
À son réveil, il raconte que Dieu lui a ordonné de prendre pour épouses 140 femmes, partagées entre épouses officielles, « les reines », et les non-officielles, « les concubines ». Dorénavant, ce qui n’a été qu’une simple vision imagée et très certainement inventée de toutes pièces, deviendra la vérité suprême, LE comportement à adopter !
Ainsi, il prend pour épouse la jeune Rachel Jones à peine âgée de 13 ans, que son père Perry Jones, ancien fidèle de Lois Roden, lui « donne » avec sa bénédiction paternelle.
Tous les nouveaux disciples qui arrivent à Mount Carmel et déjà en couple ou mariés, ont, comme première condition d’enrôlement, la séparation des conjoints qui prend effet dès leur arrivée au sein des murs de la résidence. Car oui, David Koresh les veut toutes, ces femmes !
Et les maris dans tout ça ? Eh bien c’est très simple, ils doivent désormais observer un strict célibat accompagné d’une chasteté irréprochable, une sorte de prêtres sauf que ces derniers verront chaque jour leurs anciennes femmes dans les bras du chef du culte sans espoir de les récupérer !
Ces conditions, aussi extrêmes et bizarres soient-elles, seront pourtant acceptées par tous les membres de la « Branch Davidian » qui s’y plieront sans broncher et sans même protester !
Dès le début des années 90, la petite communauté religieuse adventiste commence à avoir des allures de secte. À Koresh, il arrive souvent d’annoncer au matin, alors que tout le monde vient à peine de se réveiller :
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« J’ai rêvé que … » ou « Dieu m’a dit de faire ceci ou cela ». Et cela concerne souvent une nouvelle et jeune recrue qu’il veut prendre en mariage. D’ailleurs il commence à les épouser de plus en plus jeunes, certaines n’ayant même pas atteint l’âge de 15 ans, le tout, sous la bénédiction de leurs parents également membres du culte.
Il raconte aussi qu’il posséde sa « Révélation de la nouvelle lumière », et en tant que Messie ressuscité, il faut que toutes les femmes du groupe lui appartiennent, qu’elles soient mariées ou célibataires, afin de créer sans cesse des générations de pèlerins au service de Dieu.
Dans cet état d’esprit, il jette son dévolu sur Shari Doyle, une jeune australienne de 14 ans dont le père Clive, est un membre influent parmi les Davidiens du temps de Ben et Lois Roden. David épouse la jeune Shari avec l’accord de Clive, qui devient par la même occasion le second bras droit du gourou.
David recrute aussi Steven « Stevie » Schneider, qui devient en quelque sorte « ses yeux et ses oreilles » : il est chargé de tout ce qui se passe dans le monde extérieur hors Mount Carmel et doit en faire un compte-rendu quotidien à Koresh. D’ailleurs il est le seul à prendre la voiture pour aller en ville.
Les journées à Mount Carmel s’organisent à la manière d’un camp, les tâches sont distribuées selon le rang et le sexe des individus. Koresh, lui, fait continuellement des sermons sur le Jugement Dernier. Ces derniers temps, la communauté commence à accueillir de plus en plus de nouveaux adeptes ; parmi eux, beaucoup d’étudiants à la fac et des fonctionnaires. La fascination qu’exerce David sur eux est incroyable et immédiate, impossible de résister à son regard qui sonde l’âme.
Comme dans n’importe quelle autre structure de ce genre, les adeptes sont sommés de confier l’ensemble de leurs biens, leurs salaires ou n’importe quelle autre rentrée régulière d’argent au gourou, qui est chargé de gérer ces biens désormais mis en commun, censés régler les dépenses de la communauté.
Les naissances aussi se succèdent car Koresh épouse à chaque fois une nouvelle jeune fille. En tout, ils ne seront pas moins d’une vingtaine d’enfants, nés de femmes différentes. Quand vient le moment de l’accouchement, une autre adepte se charge de faire la sage-femme car il est formellement interdit que les femmes du Messie aillent accoucher à l’hôpital de Houston.
Les enfants des autres adeptes nés hors de la secte sont pris en charge par David qui devient aussi leur père spirituel. À ces enfants, ordre leur est donné pour qu’ils appellent leurs parents biologiques « chiens » tandis que David devient « Père » !
Outre ces différents abus, Koresh et ses aides ont de plus en plus recours aux armes à feu dont ils renouvellent à chaque fois le stock. Pour ne pas se faire remarquer par d’importants achats, ils commencent par acheter des 22 Long Rifle à l’unité. Des séances de tir sont alors organisées dans la forêt derrière Mount Carmel auxquelles prennent part également les enfants. Quant aux adultes, ils sont soumis à un véritable entraînement militaire. Dès lors, les armes à feu, leur composition et leur usage deviennent leur sujet de discussion quotidien.
Les autorités de Waco comprennent cependant que quelque chose de louche se trame à Mount Carmel ; ils ont déjà reçu des échos à propos de mariages de mineures, de polygamie généralisée qui est pourtant interdite par la loi américaine. Cependant, elles ne font rien pour intervenir et arrêter les agissements déviants et pédophiles de Koresh.
L’année 1992 sonne le début du glas et le début de la descente aux enfers des Davidiens. Tout commence avec le départ précipité d’un des « fils spirituels » de Koresh, l’australien Marc Breault. Ce dernier, qui a assisté à ce qu’il faut bien appeler des scènes de viols entre le gourou et des jeunes filles traumatisées, n’en supporte plus davantage ! Le climat qui règne à l’intérieur est de plus en plus malsain et anxiogène, et est aux antipodes des beaux prêches prononcés par David chaque soir. En d’autres termes : faites ce que je dis mais ne faites pas ce que je fais !
Breault veut rentrer en Australie et en finir définitivement avec la secte ! Mais avant, il tente à plusieurs occasions d’avertir les policiers au sujet des viols à répétitions, et des grossesses imposées à de toutes jeunes filles. La police de Waco prend acte, promet d’intervenir mais n’en fait rien. Le dossier est trop épineux et vaseux, et il est difficile d’intervenir sans preuves à l’appui dans une résidence privée dont les résidents n’ont jamais fait parler d’eux.
Enhardis par la passivité des autorités, Koresh et ses hommes passent à nouveau commande d’une importante cargaison comprenant différentes armes à feu, des grenades et des minutions. Mais ce colis, transporté via une des sociétés de logistique locale, a été ouvert par mégarde par l’un des livreurs. Ce qu’il y découvre le laisse sans voix : un véritable arsenal de guerre ! Ne sachant comment réagir, il a la prudence de prendre contact avec l’un des agents de l’ATF chargé du contrôle de l’alcool, du tabac et des armes à feu.
Nous sommes en juin 1992, et l’agent Davie Aguilera prend son service quand il reçoit le coup de fil du livreur. Sans en avertir ses supérieurs, Aguilera commence à mener une enquête en secret de son côté. Il cherche à en savoir le plus possible sur Koresh et sa communauté de Mount Carmel, complétement hermétique au monde extérieur, à part bien sûr quand il s’agit d’acheter des armes !
Aguilera commence à avoir des doutes quant à la présence de cette singulière communauté vivant en retrait et s’équipant en fusils et en munitions. Il fait des pieds et des mains pour obtenir un mandat de perquisition de ses supérieurs, avertis entre temps.
L’enquête dure sept mois. En janvier 1993, l’ATF décide finalement de louer une maison en face de la résidence de Mount Carmel afin de surveiller de loin les allers et venues, et essayer de deviner ce qui se trame derrière les imposants murs de la résidence des Davidiens.
Certains agents vont même jusqu’à s’infiltrer dans les rangs des fidèles, se faisant passer pour des étudiants intéressés par la parole de David Koresh. Ce dernier les accueille à bras ouverts, sans se douter une seule seconde de leur identité, car il aime voir venir des visiteurs du monde extérieur, et être entouré par des gens qui le vénère !
Parmi « ces taupes », l’agent Robert Rodriguez est l’un des premiers à avoir le privilège de parler directement à Koresh. Il s’installe pour de bon à Mount Carmel, assiste à tous les sermons du Messie, fait mine de s’intéresser et de s’impliquer avec le groupe des fidèles alors qu’en vérité, équipé de micros dissimulés dans ses vêtements, il envoie toutes les informations à ses collègues cachés dans la maison en face.
Rodriguez découvre aussi l’importante cargaison d’armes à feu que la secte vient d’acquérir : environ deux millions de cartouches et de munitions mais surtout des AR15, des armes semi-automatiques. Devant lui, David Koresh se vante de posséder un tel arsenal d’armes sans pour autant lui confier ce qu’il compte en faire. Il se contente juste de dire sur un ton léger :
« Vous savez Bobby, il n’y a rien d’illégal à acheter et de posséder des armes dans notre pays ! Je ne fais rien de mal à ce que je sache, n’importe quel autre citoyen américain pourrait faire pareil ! »
Mais en février 1993, l’agent Davie Aguilera vient sonner à la porte de Mount Carmel, dans sa main le mandat de perquisition qu’il a passé des mois à réclamer à ses supérieurs. L’étau commence à se serrer sur Koresh et sa communauté.
Les Davidiens comprennent alors qu’ils sont surveillés de l’extérieur, soit par le FBI, soit par un autre organisme de l’état. Sûrement qu’ils ont même infiltré des taupes à leur insu. L’ATF réclame la cargaison d’armes, ce que Koresh refuse catégoriquement de donner.
De longs pourparlers s’engagent alors entre les deux parties sans succès et sans arriver à un compromis. Obstiné, Koresh se retranche à l’intérieur et décide désormais de vivre en ermite en attendant l’Apocalypse. En vérité, il a surtout peur de se rendre et que l’on découvre la vraie face de sa communauté, les mariages avec les adolescentes et les naissances consécutives de bébés, il en aurait pour une longue période en prison !
La présence des agents de l’ATF sur les lieux ne fait qu’attirer l’attention des médias. Des journalistes des différentes chaînes nationales et des gazettes locales commencent à affluer à leur tour à Mount Carmel.
Un journal titre un de ses articles : « Le Messie pécheur » et raconte l’histoire de Koresh avec des détails sordides. Dans ce billet, il est également annoncé un prochain raid de la police sur Mount Carmel si ses résidents refusent de collaborer.
Et c’est effectivement ce qui se passe, mais pas dans le sens attendu ! Les jours suivants, les premiers coups de feu sont tirés en provenance de la maison des Davidiens, visant les agents de l’ATF. Ceux-ci ripostent à leur tour quand l’ordre leur est donné d’ouvrir le feu. En peu de temps, l’extérieur de la résidence se transforme en vrai champ de bataille !
Dans le feu de l’action, beaucoup d’agents de l’ATF sont grièvement blessés et finissent par battre en retraite. Le bureau fédéral américain est alors sommé d’intervenir. L’un de ses chefs, l’agent Jim Cavanaugh, ordonne un cesser-le-feu. Les membres de l’ATF, fragilisés et déroutés par cette intervention musclée, quittent les lieux tandis que les éléments du FBI prennent le relais.
Pour l’ATF, l’heure est à l’échec et tous les efforts de Davie Aguilera et de ses hommes ont été vains ! La perquisition de Waco qu’ils croyaient avoir sous contrôle a eu vite fait de dégénérer sans qu’ils aient le temps de faire quoi que que ce soit. Le bilan est lourd : 4 agents de l’ATF ont trouvé la mort et 16 ont été grièvement blessés.
On ignore encore qui tirait au semi-automatique derrière les fenêtres de Mount Carmel. Est-ce Koresh, ses hommes, ses femmes, tous ensemble ?
Le FBI décide de changer de tactique et encourage le dialogue par haut-parleurs. Ils apprennent via des messages glissés devant la porte que Koresh a été blessé lors de l’embuscade avec l’ATF. Quand les agents du FBI commencent à négocier avec lui, il leur demande de l’appeler Jésus Christ !
Via le haut-parleur, l’agent Cavanaugh lui demande :
– M. Koresh, comment allez-vous ?
– Pas bien !
– Je sais que vous êtes blessé, comment vous portez-vous maintenant ?
– Je suis très affaibli !
– Vous a-t-on tiré dessus ?
– Et comment ! Ces salopards m’ont tiré dessus, mes petits jeunes ont riposté à leur tour par pure légitime défense ! C’est l’ATF qui a commencé ce massacre et pas nous !
Et il continue ainsi les jours suivants. Jim Cavanaugh comprend qu’il a affaire à un genre d’illuminé particulièrement anormal. Sa voix est atone et incroyablement sereine ; en typique orateur il aime s’écouter parler. Ce que Cavanaugh espère avec cette méthode non brutale de dialogue est que le gourou se livre de son plein gré. Mais les discussions avec le FBI restent neutres et tournent en rond.
Leur inquiétude monte d’un cran lorsqu’ils apprennent qu’il y a de jeunes enfants à l’intérieur et qu’ils sont directement exposés aux armes à feu. La phrase que lâche Koresh au bout de quelques jours de négociation achève de leur glacer le sang :
– Aujourd’hui est le jour du Seigneur, Dieu réclame le sang !
– Peut-être pas aujourd’hui, David ! Tente de le raisonner l’agent fédéral.
– Oui ! Je vous dis que c’est bien aujourd’hui qu’il a besoin de sang !
Sous la pression des agents fédéraux, il consent à livrer une dizaine d’enfants qui sont accompagnés de quelques adultes. Une logistique composée d’ambulances et de bus est même stationnée sur place afin d’accueillir les rescapés quand ils sortiront.
En contrepartie, Koresh demande aux radios de diffuser un de ses sermons pendant une heure sur toutes les chaînes nationales. À son terme, il accepte de se livrer aux autorités avec tous les membres de la secte. Le FBI pense détenir là sa dernière chance, et accepte avant qu’il ne change d’avis.
Vers 13 h ce jour-là, toutes les radios américaines résonnent au son de la voix du Messie, il parle des 7 sceaux qui représentent la fin des temps dans les Écritures. Il parle pendant une heure sans faire aucune pause, sans marquer d’hésitation. Puis le silence, oppressant et interminable.
À partir de cet instant, la terrible attente du côté des agents du FBI commence. Selon le marché conclu avec David Koresh, il doit normalement sortir de Mount Carmel dans l’immédiat avec ses fidèles. Le FBI attend pendant une heure encore et rien ne se produit. Puis soudain, coup de théâtre du gourou : il ne sort plus car Dieu lui a demandé d’attendre !
Les agents du FBI comprennent rapidement qu’ils se sont fait leurrer. La nature tourmentée de David Koresh et son côté psychopathe éclatent en plein jour ! Jusqu’ici les agents fédéraux pensaient communiquer avec quelqu’un d’honnête !
Pendant trois jours encore, le FBI négocie avec lui, trois jours pendant lesquels leurs forces sont poussés à bout. Un seul espoir les oblige à continuer : ils savent que David Koresh est psychiquement fatigué et que sa blessure par balle va s’infecter s’il ne reçoit pas de soins médicaux. Le lendemain, Koresh envoie un enfant au dehors avec un message accroché à ses vêtements, le message dit :
« Quand tous les enfants seront libérés, les adultes mourront ! »
Dans la même soirée, Koresh consent à relâcher encore 21 enfants supplémentaires et en garde 27 à l’intérieur de Mont Carmel. La mission actuelle des agents du FBI est de sauver le plus d’enfants possible ! Pour cela, ils fournissent même des caméras à Koresh pour qu’il puisse filmer des scènes de sa vie familiale, ce qu’il fait volontiers ! Il tourne des passages avec chacun des 27 petits dont il revendique la paternité. Parfois les mères des enfants sont également présentes, tout sourire et enlacés avec le gourou.
« Vous voyez M. Cavanaugh, aucune femme ne peut me résister, c’est pas de ma faute tout de même si mon charme est aussi ravageur ! » se vante-t-il devant la caméra, avec un rictus satisfait.
Il donne même la parole aux autres disciples, hommes et femmes, qui assurent n’être pas retenus à l’intérieur contre leur gré.
Seulement la situation tourne toujours en rond. Certes une vingtaine d’enfants a été libéré est c’est un point positif mais à présent, c’est Koresh qui doit sortir de sa tanière pour être transféré en justice !
Au bout de la troisième semaine de négociation, à bout de nerfs, le FBI décide d’employer les grands moyens pour déloger tout ce monde de cet endroit !
À grand problème, grands moyens : Mount Carmel est noyée de lumière pendant la nuit, projetée par des hélicoptères qui font la ronde sur le toit, afin d’affaiblir les résidents et les empêcher de dormir. On leur coupe également l’eau, l’électricité et la ligne téléphonique pendant des jours pour les déstabiliser !
Des chars d’assaut sont également envoyés comme pendant une guerre, ils abattent les arbres autour de Mount Carmel et écrasent tout sur leur passage, notamment les voitures de Koresh et de son bras droit, Steven Schneider.
De l’intérieur, aucune riposte, le silence total comme s’ils étaient tous morts ! Et si c’était le cas ? Le FBI retient son souffle.
Quelques jours plus tard, Koresh envoie deux des représentants de la secte pour affronter directement les agents fédéraux. Parmi eux, Steve Schneider et Wayne Martin, l’avocat des Davidiens. Les négociations se passent de façon très tendue. Une seconde entrevue est organisée deux jours plus tard et cette fois-ci, ni Schneider ni l’avocat ne se présentent.
Finalement, le procureur de la plus haute instance juridique de l’état du Texas, donne le feu vert au FBI pour lancer des bombes lacrymogènes sur la résidence. Le siège de Waco dure déjà depuis 51 jours.
Quand le jour se lève ce 19 avril 1993, il y a comme une ambiance de fin des temps. L’agent fédéral Byron Sage, qui a remplacé Jim Cavanaugh entre-temps, prend la parole le premier depuis un haut-parleur :
« À l’attention de David Koresh et des individus présents dans la résidence des Davidiens : nous vous informons que nous lancerons du gaz lacrymogène dans les édifices et les bâtiments dans quelques instants ! Je vous ordonne de vous rendre immédiatement ! David, vous êtes en état d’arrestation ! Rendez-vous tout de suite ! Cette mascarade a assez duré comme ça ! »
Aucune réponse. Au bout de quelques heures, Byron Sage aperçoit de la fumée s’échappant de l’une des façades. Il ne comprend pas sur le moment, ce n’est que quelques minutes plus tard que l’incendie se déclenche tout à fait. Les Davidiens ont décidé de mettre le feu à Mount Carmel et d’y périr.
Byron Sage, qui le matin encore donnait ses ordres avec aplomb, se met à présent à supplier Koresh d’arrêter ce désastre :
« David, pitié ne faites pas ça ! N’infligez pas ça à vos adeptes ! Pensez à vos enfants ! »
Mais trop tard, le feu est bel est bien parti, consumant rapidement les édifices faits en bois. Dehors, tout le monde est complétement tétanisé par la scène apocalyptique qui .est en train de se dérouler. L’événement est même diffusé en direct par les caméras de télévision du monde entier, installés sur place depuis le début du siège. Des membres de l’armée essayent de pénétrer à l’intérieur en cassant les fenêtres, mais les flammes leur font rebrousser chemin !
Source : thoughtco
À 12 h 35 exactement, Mount Carmel est entièrement consumé !
Le FBI apprend que parmi les Davidiens, neuf personnes ont pris la fuite en sautant par les fenêtres et ont disparu dans la nature.
Sur le toit, des drones ont pris des images du haut de la résidence, montrant que le feu a pris à trois endroits différents au même moment.
À présent, l’heure est aux constats. Dans l’incendie éteint, le FBI identifie 78 cadavres, dont celui de David Koresh, de Steven Schneider et des 27 enfants. Le cadavre carbonisé de Shari Doyle, l’une des jeunes épouses de David, a également été trouvé avec celui de son bébé.
Les premiers résultats balistiques constatent que David Koresh aurait été tué par balle par l’un des membres de la secte qui s’est suicidé à son tour quand le feu s’est déclenché. Il s’agit sûrement de son très dévoué Steven Schneider qui lui obéissait au doigt et à l’œil.
Ce dramatique épilogue que le FBI a tenté bravement d’éviter fait la une des journaux télévisés pendant des mois entiers.
En tout, trente-cinq Davidiens ont survécu en réussissant à fuir avant l’incendie. Clive Doyle, le père de Shari, la jeune épouse de Koresh, figure parmi eux.
Pour ces survivants, longtemps restés éloignés des feux des projecteurs, demeurent la hantise, la culpabilité et le remord, le sentiment d’avoir été complices d’un abominable crime organisé et d’avoir été manipulés par un psychopathe à l’égo démesuré !
La question restée à ce jour non élucidé est : qui a bien pu déclencher le feu à Mount Carmel ? Koresh lui-même ? Un adepte pris d’une crise de panique ? Un suicide collectif ordonné par le gourou ? On ne le saura jamais !
Ainsi se termine l’histoire de Mount Carmel et de la secte des Davidiens menée par son gourou emblématique. L’incendie sur lequel s’est achevée leur doctrine apocalyptique reste l’un des pires épisodes des dérives sectaires américaines.
Si certains des survivants parmi les anciens adeptes ont choisi de tourner définitivement le dos à cet épisode dramatique de leur existence, beaucoup restent nostalgiques du gourou, comme cette ancienne sage-femme de la secte, Sheila Martin, qui raconte avec émotion :
« David me manque, je continue à voir en lui le fils de Dieu. Je continue toujours à écouter ses sermons enregistrés. Heureusement que mes enfants et mon mari sont désormais à ses côtés. »
C’est vous dire l’emprise que cet homme avait sur ses disciples qui, même aujourd’hui, ne lui en veulent pas. D’anciens membres regrettent même d’être partis avant l’incendie ; d’après eux, cela aurait été un honneur de mourir à ses côtés ! Ils ont réussi à s’extirper de la secte mais la secte continue à vivre en eux !
Bien que de nombreuses associations aient déclaré la guerre à ces cultes et leurs chefs de file par le moyen de campagnes de sensibilisation, de numéros verts mis à disposition, de réunions, de sit-in et de courts-métrages dissuasifs, il reste que beaucoup de sectes sont encore très puissantes, voire intouchables pour que le commun des mortels puisse y changer quelque chose !
Les agents du FBI sortent complétement bouleversés de cette expérience. Leur réputation en restera longtemps entachée, car beaucoup les accuseront d’avoir provoqué la colère de Koresh et d’avoir déclenché implicitement l’incendie de Waco. Les agents fédéraux s’en défendent encore aujourd’hui, précisant n’avoir fait que leur devoir.
Cela ne fera pas décolérer des individus témoins du siège qui chercheront à se venger d’eux. En effet, deux ans plus tard à la même période, un ancien marine du nom de Timothy McVeigh fera exploser des bureaux fédéraux dans l’état de l’Oklahoma, l’un des pires attentats encore jamais arrivés aux États-Unis. Pour sa défense, il dira avoir voulu venger Koresh et sa communauté à titre posthume. Il sera condamné à la réclusion criminelle à perpétuité.
Source : filmdaily
Dans certains pays, ces sectes ont même réussi à avoir l’appui et la complicité des autorités et parfois même des gouvernements. La corruption est d’ailleurs l’un des moyens de prédilection des sectes qui achètent le silence de certains responsables.
En France, en Suisse et au Canada, l’Ordre du Temple Solaire (l’OTS) a eu le même impact sur ses adeptes pour ensuite faire les mêmes ravages, au même degré de gravité que la secte des Davidiens. Le suicide collectif maquillé par un hypothétique voyage sur la planète Sirius a généré l’une des pires pertes humaines et matérielles comme jamais les trois pays n’en ont connues par le passé. Comme pour la secte de Koresh, les gourous de l’OTS n’ont pas hésité à mettre les enfants en première ligne des sacrifiés et de les brandir en boucs émissaires quand l’occasion se présentait.
La vigilance reste le seul moyen de contourner ces nouvelles forces du mal dissimulées derrière un message trompeur de paix, de fraternité et d’amour !
Avec ses lunettes d’intello et son air de jeune premier, David Koresh était aussi charismatique qu’il était imprévisible et dangereux ! Pourtant à ses débuts , rien ne laissait présager l’esprit diabolique de celui qui entrainera avec lui ses fidèles dans une folie suicidaire , n’épargnant ni hommes , ni femmes , ni jeunes enfants. Le siège de Waco qui a clôturé dramatiquement l’histoire des Davidiens, reste l’un des épisodes sectaires les plus tristement célèbres aux États-Unis..
Les sources :
- La tragédie de Waco
- La minute de vérité – Le Siège de Waco
- David Koresh
- David Koresh, le « prophète » aux 140 femmes
- L’histoire des davidiens retranchés à Waco pendant 51 jours en 1993
- Le siège de Waco
- Le siège de Waco (13emerue)
- Top 15 des sectes les plus dangereuses du monde
- Les gourous les plus dangereux de l’histoire des sectes
- Lois Roden
- Mon t Carmel
- BIOGRAPHIE: Clive Doyle
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