Cliquez ici pour en savoir plus
Nous sommes le 12 septembre 1994, il est 9 h du matin, dans l’école primaire Indian Meridian, dans la banlieue d’Oklahoma City à Choctaw, aux États-Unis. Le directeur de l’école, James Davis, est dans son bureau quand soudain, un homme aux allures de vagabond, vêtu d’un costume froissé et au regard très sombre, fait irruption. James Davis, surpris, lui dit alors :
— Que… Que puis-je pour vous monsieur ?
L’homme hystérique répond :
— Ils m’ont pris mon fils, vous m’avez pris mon fils et je ne partirai pas sans lui.
— Qui a pris votre fils monsieur ? Vous êtes parent de l’un de nos élèves ?
— Oui ! Mon fils s’appelle Michael Anthony Hughes et je ne quitterai pas cette école sans lui.
— Michael Anthony Hughes, oui… Tout à fait, il fait partie de nos élèves. Mais je connais ses parents, ce sont Merle et Ernest Bean. Je ne peux malheureusement pas vous laisser partir avec cet enfant !
— Je ferais mieux de te dire que j’ai un pistolet dans ma poche. Tu sais quoi, peut-être qu’en te le montrant, tu changeras d’avis.
L’homme dégaine son pistolet et poursuit :
— Aujourd’hui, je suis prêt à mourir et si tu ne m’aides pas, tu ne vivras pas. Maintenant, sans faire aucun geste brusque, tu m’emmènes dans la salle de classe de Michael !
Le directeur s’exécute à contrecœur, il sort le petit Michael de sa classe et suit l’homme armé jusqu’au parking de l’école, avec le petit garçon. Le vagabond force ensuite l’enfant et le directeur d’école à monter dans la camionnette de ce dernier et lui ordonne de conduire.
James Davis est au volant de la voiture, avec un pistolet braqué sur la tempe. Il sent la fin s’approcher, il est tout en sueur, il tremble et pleure à chaudes larmes. Il implore le ravisseur de les laisser partir ou au moins de libérer le petit garçon.
De temps à autre, il sèche ses larmes et se ressaisi, pour se tourner vers le petit Michael qui est dans tous ses états et essaie de le calmer, en lui répétant : « Ne t’en fais pas petit, on fait un petit tour en voiture avec le gentil monsieur et on rentre à la maison. » Mais le ravisseur le rappelle à chaque fois à l’ordre, en lui enfonçant le bout de son arme sur la tempe : « Silence et regarde devant-toi ! » et lui indique le chemin à prendre.
Cette situation perdure pendant un bon moment, jusqu’à ce qu’ils aient atteint une zone boisée. C’est à ce moment qu’avec la menace de son arme, il fait sortir James du véhicule, le bâillonne, l’attache à un arbre menottes aux mains, puis s’évapore dans la nature avec le garçon. James se débat pour défaire ses liens, en vain. Ce n’est que plus de quatre heures plus tard qu’une randonneuse le trouve, lui enlève son bâillon, lui donne à boire et court vite chercher les secours.
Lorsque James raconte sa matinée aux services de police, ils comprennent que le ravisseur a au moins quatre heures d’avance sur eux et qu’il a sûrement dû quitter l’État de l’Oklahoma. Ils contactent alors le FBI et c’est l’agent spécial Joseph Fitzpatrick qui prend en charge l’affaire. Il commence par signaler la camionnette et lance une enquête pour trouver le ravisseur et sauver l’otage.
Mais c’est aux services de police locaux que revient la délicate affaire d’informer les parents adoptifs du petit garçon de son enlèvement. Cette nouvelle anéantit Merle et Ernest Bean. Surtout qu’ils n’ont même pas le droit de s’adresser au ravisseur à travers les médias, pour l’implorer de ne pas faire de mal à leur fils adoré et fragile, à cause des clauses de confidentialité qui réglementent les dossiers d’adoption.
En effet, Michael, 6 ans, vit depuis quatre ans chez les Bean, un couple qui l’a accueilli dans un premier temps en tant que famille d’accueil. Après le décès de sa mère, Tonya Dawn Hughes, dans un tragique accident alors qu’il a deux ans, son père, un certain Franklin Floyd, le confie aux services sociaux. Après un certain temps sans nouvelles de lui, ils le placent chez les Bean. Six mois après le placement de Michael en famille d’accueil, Franklin Floyd est arrêté pour violation de sa liberté conditionnelle, pour une affaire d’enlèvement et d’agression sexuelle qui remonte à 1973.
Lorsque le couple Bean accueille le petit garçon, il est très traumatisé et fait des crises d’angoisse. Il souffre également de mutisme et a des problèmes de motricité. Les Bean se lient d’affection pour lui et lui procurent tout l’amour, l’affection et l’environnement sain dont il a besoin, ce qui lui permet de se rétablir et de s’épanouir. De peur qu’il n’ait à revenir dans sa famille biologique, qui a sûrement été la cause de tous ses maux, les Bean décident de l’adopter et lui donnent le nom de famille de sa mère décédée, Hughes.
Dans le cadre de ce processus d’adoption, l’ADN de Michael est comparé à celui de Franklin Floyd pour confirmer sa paternité. À l’issue de ce test ADN, il est établi que Franklin Floyd n’est pas le père biologique de Michael. Malgré ces résultats, dès sa sortie de prison, Franklin tente désespérément de récupérer la garde de Michael, mais il n’obtiendra jamais gain de cause, la faute à ses antécédents judiciaires et surtout, sa non-filiation biologique au petit.
C’est suite au rejet de sa demande de récupérer Michael que l’étau se resserre dans son esprit, donnant ainsi vie à ce plan désespéré qui a conduit à l’enlèvement du petit ce jour, du 12 septembre 1994 et lançant une vraie chasse à l’homme et l’une des enquêtes fédérales les plus palpitantes de ces dernières décennies. Une enquête qui permettra de lever le voile sur le passé sombre et les secrets troubles que Franklin Floyd a cachés depuis tant d’années.
Comme il est d’usage, les enquêteurs remontent à la source et passent au crible le passé de Franklin, en commençant par son enfance. Et voilà ce qu’ils découvrent :
Franklin Delano Floyd est né le 17 juin 1943, dans une famille rurale pauvre et marginale, à Barnesville, dans l’État de Géorgie. Il est le plus jeune de la fratrie de cinq enfants de Thomas et Della Floyd. Son père alcoolique et violent décède peu de temps après son premier anniversaire d’une insuffisance rénale et hépatique, des suites de son addiction.
Quant à sa mère démunie, qui a du mal à subvenir à ses besoins et à ceux de ses cinq enfants, elle les abandonne. En 1946, Franklin et ses frères et sœurs sont pris en charge par le foyer pour enfants du Georgia Baptist Children’s Home, à Hapeville. Un foyer où règne la cruauté et les abus de tout genre, comme il en existe malheureusement partout dans le monde.
Dans cet orphelinat, le jeune Franklin, qui est efféminé, subit de multiples supplices. Il est battu, brutalisé et agressé sexuellement à plusieurs reprises par les résidents plus âgés, ainsi que par des adultes censés prendre soin des enfants. À l’âge de six ans, il est sodomisé avec un manche à balai par un autre pensionnaire de l’orphelinat. Franklin continue de subir les maltraitances et les tortures du personnel jusqu’à son adolescence, âge auquel sa main est trempée dans de l’eau bouillante après qu’il a été surpris en train de se masturber.
Toute cette violence n’engendre chez ce garçon que plus d’agressivité et de brutalité. Il commence alors à se battre et à commettre de plus en plus de petites infractions, jusqu’au jour où il s’introduit par effraction dans une maison pour voler de la nourriture, ce qui pousse la Georgia Baptist Children’s Home à s’en séparer et à le mettre sous la garde de sa sœur aînée Dorothy en 1959, alors qu’il est âgé de 16 ans.
Sa sœur le garde pendant un bref moment, avant de finir par le mettre à la porte. Livré à lui-même, seul et sans argent, il monte dans un bus, direction Indianapolis, à la recherche de sa mère. Après deux semaines d’errance, le jeune Franklin finit par la retrouver. Malheureusement, il est loin de trouver chez elle l’amour et le réconfort dont il a besoin. Au contraire, ces retrouvailles ne font que renforcer son traumatisme. Sa mère, Della, est dans une situation très précaire, elle est accro à la drogue et se prostitue pour une dose.
Dégoûté par cette situation, Franklin essaie de trouver une solution pour enfin s’en sortir. Il demande alors à sa mère de l’aider à falsifier son acte de naissance et lui fournir une pièce d’identité lui permettant de se faire passer pour un adulte, afin qu’il puisse aller en Californie pour s’enrôler dans l’armée. Cette magouille fonctionne et il est pris dans l’armée, mais son bonheur est de courte durée. À peine six mois après son engagement, il est renvoyé, les autorités militaires ont découvert qu’il est mineur et que ses papiers sont falsifiés.
Il revient alors à Indianapolis, mais cette fois, il est incapable de retrouver la trace de sa mère. Il commence alors une longue et périlleuse vie de vagabond, voyageant sans but ni destination d’État en État.
Sans plus tarder, après quelques mois à peine, à dormir dans la rue, à mendier ou à fouiller les poubelles pour trouver à manger, le 19 février 1960, Franklin entre par effraction, tard le soir, dans un magasin de la chaîne américaine de grande distribution Sears à Inglewood, en Californie, pour voler une arme à feu. Cependant, une alarme antivol est déclenchée et la police intervient sur les lieux très rapidement, ce qui entraîne un échange de coups de feu entre les agents de police et Franklin sur le toit du magasin.
Pendant cette fusillade, il reçoit une balle dans le ventre, mais survit grâce à une intervention chirurgicale d’urgence. Après sa convalescence, il est envoyé dans une institution pour jeunes pendant un an. À 17 ans donc, la première d’une longue série d’infractions est inscrite dans le casier judiciaire de Franklin. Mais après sa libération, il revient très rapidement derrière les barreaux en 1962 pour violation de sa libération conditionnelle. Il est arrêté à la frontière entre les États-Unis et le Canada avec un autre libéré conditionnel.
En juin 1962, cela fait un mois qu’il est en liberté et grâce aux services étatiques de réinsertion des anciens détenus, il travaille comme manutentionnaire dans l’aéroport international d’Atlanta, mais ses pulsions agressives le rattrapent. Il enlève une petite fille de quatre ans dans le bowling d’un centre commercial, la conduit dans une forêt, l’agresse sexuellement puis la relâche.
Très vite, une enquête de police mène jusqu’à lui et entraîne son arrestation, puis sa condamnation pour vingt ans d’incarcération pour enlèvement et viol sur mineur de moins de 15 ans. Il est donc détenu dans la prison de Reidsville à Atlanta, en Géorgie. Cependant, il ne passera que quatre mois en prison puisqu’en novembre 1962, il est transféré au Milledgeville State Hospital pour une expertise psychiatrique ordonnée par le juge. Hôpital dont il s’échappe le 14 mars 1963.
Le lendemain, il reprend de plus belle, puisqu’il pénètre armé dans une succursale de la Citizens & Southern National Bank à Macon, en Géorgie, et vole un peu plus de 6 000 dollars. Après une course poursuite qui dure deux heures, les services de police l’arrêtent. Le mois de juillet de la même année, son procès a lieu, sa culpabilité dans le braquage de la banque est indéniable mais il explique qu’il a volé cet argent pour faire appel de sa condamnation injuste pour pédophilie et laver son honneur. Il est donc condamné à quinze ans de prison et il est envoyé à la prison fédérale de Chillicothe dans l’Ohio.
Mais il faut croire que Franklin est incorrigible. Le 27 septembre 1963, après deux mois à peine d’emprisonnement, avec la complicité de deux autres détenus, il vole un camion de pompiers de la prison et défonce la clôture. Cette tentative d’évasion est aussi un échec et lui vaut une peine de cinq années de prison supplémentaires. Pendant sa détention, il est transféré dans différentes prisons, de Lewisburg en Pennsylvanie jusqu’à Marion dans l’Illinois.
En effet, dans chaque nouvelle prison, il dit qu’il est continuellement violé par d’autres détenus et tente à chaque fois de suicider, tantôt en s’ouvrant les veines, tantôt en menaçant de se jeter depuis un toit. Cette situation dure pendant plusieurs années, jusqu’à son retour en 1968 à la prison de Reidsville à Atlanta, en Géorgie, là où il se lie d’amitié avec un son compagnon de cellule David Dial.
Cela fait dix ans que Franklin est détenu, et malgré son enlèvement et son viol de la petite fille de quatre ans, son braquage de banque à main armée et ses deux tentatives d’évasion, contre toute attente et tout bon sens, il est placé en 1972 dans un foyer de transition, en vue d’une prochaine libération qui ne tarde pas à arriver. Le 19 janvier 1973, Franklin est donc remis en liberté conditionnelle.
Comme à son habitude, la liberté ne lui réussit pas trop : une semaine plus tard, c’est-à-dire le 27 janvier 1973, il reprend ses activités criminelles. Il approche une jeune femme dans une station-service à Atlanta, la force à monter dans sa voiture, l’agresse sexuellement puis tente de la violer. Heureusement, la jeune femme se débat et parvient à s’échapper.
Quelques jours plus tard, il est appréhendé par les services de police locaux, mais grâce à un mystérieux concours de circonstance, il réussit à convaincre son ami, David Dial, de la prison de Reidsville, de payer sa caution de 3 000 dollars. Toutefois, son audience devant le tribunal pour tentative d’enlèvement et agression sexuelle contre la femme de la station-service est prévue le 11 juin 1973.
Connaissant le parcours du personnage jusqu’à présent, vous vous doutez qu’il ne se présenterait en aucun cas de son plein gré au tribunal. C’est justement ce qui se produit et le 11 juin 1973, un mandat d’arrêt est émis à son encontre. Il mène donc une vie de fugitif recherché, en endossant différentes identités et en portant différents noms, jusqu’en 1990, année pendant laquelle il commet une erreur qui conduira à son arrestation.
En effet, après le décès de son épouse et la mère du petit Michael, Tonya Dawn Hughes, il donne sa véritable identité avec son vrai numéro de sécurité sociale à la compagnie d’assurance auprès de laquelle son épouse avait contracté une police d’assurance-vie de 80 000 dollars.
Puisqu’il figure dans la liste fédérale des personnes recherchées, une alerte est aussitôt lancée par la compagnie, ce qui conduit à son arrestation. Mais les faits d’agression et de tentative d’enlèvement sont prescrits, il n’est condamné qu’à 33 mois de prison pour violation de liberté conditionnelle et, cerise sur le gâteau, il perçoit les 80 000 dollars de la police d’assurance-vie de Tonya.
Comme vous le soupçonnez, Franklin n’est pas près de rentrer dans le droit chemin. Ainsi, le 4 juillet 1994, soit quatre mois après sa libération, il entre par effraction dans l’appartement de Carry Back, une résidente du complexe d’appartements Northwest à Oklahoma City où il travaille comme préposé à l’entretien. La dame qui était de sortie rentre à l’improviste et le surprend dans sa chambre à coucher en train de renifler ses sous-vêtements.
Lorsqu’elle le voit, elle est prise de panique et commence à hurler. Pour la faire taire Franklin lui brandit un couteau sous la gorge et menace de la tuer. Heureusement, son petit ami arrive quelques minutes plus tard et parvient à l’immobiliser puis il appelle la police. Franklin est encore une fois arrêté et encore une fois, il s’en sort puisqu’un mois plus tard, c’est-à-dire en août 1994, il est libéré sous caution.
À ce stade, vous connaissez la suite ; un mois après sa libération sur parole, Franklin est encore une fois recherché par le FBI pour l’enlèvement du petit Michael de son école. Mais ce qui préoccupe le plus les enquêteurs dans cette affaire est que Franklin est obsédé par ce garçon, bien qu’il sache pertinemment qu’il n’est pas son père biologique. Connaissant le passé agressif, criminel et imprévisible du ravisseur, les agents spéciaux du FBI s’inquiètent pour la sécurité du petit garçon et tandis que les heures, puis les jours passent, ils ne présagent rien de bon dans l’issue de cette affaire.
Voilà donc ce qui ressort de l’enquête préliminaire sur Franklin dans l’enlèvement de Michael, mais la police et le FBI ont toujours un trou de 17 ans dans son historique, de 1973 à 1990, la période pendant laquelle il a sûrement dû sévir impunément et pendant laquelle il a dû également nouer des contacts qui lui permettent probablement de cacher Michael. Pour briser donc le mystère de ses 17 ans en tant que fugitif, ils décident de diriger leur enquête vers Tonya Dawn Hughes, la mère décédée de Michael, en espérant trouver des réponses à leurs questions, et surtout une piste qui les mènera vers le garçon enlevé.
L’enquête des agents du FBI commence alors par la fin de la courte vie de Tonya. Ils reviennent sur les circonstances de sa mort. Dans la soirée du 5 avril 1990, trois passants la trouvent inconsciente, baignant dans son sang sur le bord d’une autoroute très fréquentée d’Oklahoma city, entourée de ce qui semble être des courses, notamment des couches pour bébé, du lait, du pain, des biscuits et du soda et murmurant ces mots : Daddy… Daddy… Daddy… Papa en anglais.
Elle est transportée d’urgence à l’hôpital presbytérien d’Oklahoma City avec de graves contusions et un gros hématome à la base du crâne. La police suppose qu’elle est victime d’un chauffard qui l’aurait percutée puis se serait enfui alors qu’elle marchait avec ses courses vers le Motel 6, là où elle vit. Mais les médecins qui la traitent sont d’un tout autre avis. Ils trouvent que ses blessures ne correspondent pas à celles d’une victime d’un accident de la route.
Le lendemain, Franklin arrive à l’hôpital et affirme qu’il s’est endormi dans sa chambre du Motel 6, après le départ de Tonya pour faire des courses. Plus tard dans la journée, il va à son lieu de travail, récupère son chèque de paye et informe ses collègues qu’il déménage avec le petit Michael et ne dit rien à propos de Tonya, qui est entre la vie et la mort à l’hôpital.
Malgré ses nombreuses blessures, l’état de Tonya commence à s’améliorer jusqu’à ce que Franklin lui rende visite un soir à l’hôpital. Juste après son départ, le cœur de la jeune fille s’arrête de battre. Étant son époux au moment de son décès, il fait part de ses soi-disant dernières volontés, à l’hôpital, en indiquant qu’elle voulait que ses organes soient donnés et que son corps incinéré. Puis il remet Michael aux services sociaux.
Les enquêteurs trouvent la fin de cette jeune fille très suspicieuse et se dirigent donc à Tulsa dans l’état de l’Oklahoma, là où la jeune femme a vécu les derniers mois de sa vie. Les investigations les mènent au Passion, un bar à strip-teaseuses bas de gamme, où travaillait Tonya en tant que danseuse, avant de mourir.
Dans ce club, tout le monde les renvoie vers une autre danseuse, Karen Parsley, qui était très amie avec Tonya. Et les employés du Passion avaient vraisemblablement raison, puisque Karen a, semble-t-il, beaucoup de choses à révéler aux enquêteurs. Une fois que ceux-ci l’informent de la raison de leur visite, la danseuse se lance dans une tirade sans fin :
— Enfin ! J’attendais que quelqu’un vienne un jour m’interroger à propos de mon amie Tonya. C’était une fille très intelligente, elle n’avait pas du tout le profil des filles d’ici. Pendant ses pauses, entre deux clients, elle avait toujours un livre à la main.
Tonya était très belle, mais elle était aussi très cultivée. Sincèrement, au début, je ne comprenais vraiment pas comment cette fille dans la vingtaine a atterri dans ce coin miteux. Mais très vite, j’ai compris que c’était son mari qui la poussait à travailler. C’est un vieil homme qui s’appelle Clarence Hugues.
Les policiers comprennent qu’il s’agit de l’un des multiples noms d’emprunt qu’a porté Franklin pendant sa cavale. Karen reprend :
— C’était lui qui récupérait ses chèques de paie et il lui est arrivé à pas mal de reprises de venir faire des scandales dans le club, quand Tonya ne rapportait pas assez d’argent. Après quelque temps, je me suis liée d’amitié avec elle et elle m’a expliqué que Clarence était dominateur et très agressif et qu’il menaçait de la tuer, elle et son enfant, si elle essayait de le quitter. Surtout qu’avec ses contacts de l’Ordre fraternel de la police [une association volontaire, formée d’agents de police et de civils, œuvrant pour l’amélioration des conditions de travail des agents des forces de l’ordre. Franklin a dû intégrer cette organisation sous l’une de ses fausses identités].
Tonya disait qu’il pouvait la retrouver, peu importe où elle se cacherait dans le pays. Mais moi, je m’y connais en relations toxiques, du coup je lui ai conseillé de prendre son courage à deux mains et de le quitter quand même, surtout qu’il y avait un jeune homme qui semblait l’aimer et qui était prêt à la protéger, elle et Michael.
Il venait régulièrement la voir dans le club. Tonya m’avait dit qu’elle sortait en cachette depuis le lycée avec ce jeune homme, qui s’appelait Kevin Brown. Je pense même que c’est le père de Michael, le petit lui ressemble tellement. Enfin bref ! Vous savez, quelques jours avant sa mort, Tonya était décidée à quitter Clarence pour de bon. Elle allait épouser Kevin et reprendre ses études.
Sincèrement, moi, j’ai toujours trouvé que sa mort n’avait rien d’accidentel. Je suis prête à parier que ce salaud de Clarence y est sûrement pour quelque chose. Il ne nous a même pas dit qu’elle avait eu un accident, et à sa mort, il n’a même pas voulu lui rendre un dernier hommage, en lui organisant des funérailles. C’est moi, avec quelques filles du club, qui nous sommes cotisées pour lui payer des funérailles.
Lui, il s’est pointé quelques minutes pendant la cérémonie pour salir sa mémoire une dernière fois. Il criait partout : « Vous croyez qu’elle était gentille la Tonya, mais vous ne la connaissiez pas, elle n’était qu’une traînée avec de gros secrets. » Et avant de partir, il a déposé une photo sur son épitaphe, de lui, jeune, avec une petite fille blonde de cinq ou six ans qui ressemblait comme deux gouttes d’eau à Tonya. Il me semble bien que j’ai toujours la photo. Je l’ai prise après le départ de Clarence. Je ferai tout pour la retrouver et vous l’envoyer. »
Nous sommes maintenant une semaine jour pour jour après l’enlèvement de Michael et après le témoignage glaçant de Karen, qui a laissé les enquêteurs plus que perplexes. Ils reçoivent enfin la fameuse photo dont elle leur a parlé. Il faut croire que la danseuse disait vrai, la petite fille sur la photo a une ressemblance frappante avec Tonya Hugues, la femme décédée de Franklin et la mère de Michael.
Après plusieurs expertises, il est avéré que la fille sur la photo est incontestablement Tonya, étant enfant. Petit à petit, l’idée horrible que Michael n’est probablement pas le premier enfant que Franklin enlève commence à germer chez les agents du FBI. Ils présument alors que Tonya a également été kidnappée par Franklin, qui l’a élevée, pour en faire ensuite sa femme. Et maintenant, c’est au tour de son fils Michael de subir Dieu sait quels supplices, avec cet homme à l’esprit dérangé.
Dans les semaines qui suivent, les agents du FBI essaient de retracer cette photo à l’aide de plusieurs témoignages, qui leur permettent de suivre le parcours de Franklin, endossant diverses identités partout à travers le pays depuis 1973. De fil en aiguille, ils parviennent à localiser le premier enregistrement administratif connu de Tonya Hughes, qui n’est autre que son inscription dans une école primaire à Oklahoma City en 1975, sous le pseudonyme de Suzanne Davis, fille de Trenton B.
Davis. Ensuite, l’enquête les mène en 1985, à Atlanta en Géorgie, là où Tonya est inscrite cette fois dans le lycée Forest Park, sous le nom Sharon Marshall, fille de Warren Marshall, un autre nom d’emprunt de Franklin. En interrogeant ses anciens camarades et professeurs de lycée, c’est une jeune fille populaire, très belle et extrêmement intelligente qui est dépeinte aux enquêteurs.
Sa meilleure amie de l’époque raconte qu’elle était une fille joviale, qui avait toujours le mot pour rire et qui avait de grands projets pour l’avenir. Quant à sa vie privée, selon les témoignages recueillis, elle a toujours dit que sa mère était décédée et que son père était extrêmement sévère et strict, sans pour autant entrer dans les détails. En 1986, elle obtient son diplôme d’études secondaires avec les honneurs et décroche une bourse complète du Georgia Institute of Technology pour étudier l’ingénierie aérospatiale. Mais comme elle l’avait dit à l’une de ses amies du lycée, son père ne la laissera jamais poursuivre ses études supérieures.
L’enquête conduit cette fois le FBI, à Tampa en Floride, deux ans plus tard. Toujours sous le nom de Sharon Marshall, la belle et brillante jeune fille qui rêvait de grandes études est désormais danseuse exotique et le petit Michael ne tarde pas à arriver le 21 avril 1988. Jusqu’à lors, elle présente Franklin qui porte le nom de Warren Marshall comme son père.
Cependant, ses collègues de travail trouvent bizarre qu’un père vienne tous les jours assister au numéro de striptease de sa fille. Mais vicieux comme il est, il ne rate jamais une occasion pour trouver une autre victime. Tandis qu’il reluque de façon malsaine celle qui fut sa fille pendant son show de danse exotique, il fait croire à une autre danseuse du club, Cheryl Ann Commesso, une jeune fille de 19 ans qui rêve de percer à Hollywood, qu’il a des relations qui peuvent l’aider à atteindre son but.
En avril 1989, il la convainc donc de poser pour lui, nue, dans un bateau avec Sharon dans des positions suggestives, en la persuadant qu’il a des contacts chez Playboy Magazine. Mais très vite, cette séance photo tourne au cauchemar. Franklin tente de violer Cheryl, qui parvient à fuir en sautant par-dessus bord et nageant jusqu’à la côte. Ensuite, elle rentre chez elle en auto-stop. Pour se venger de Franklin, elle dénonce Sharon qui ne déclarait pas la totalité de ses revenus, ce qui lui a fait perdre ses allocations gouvernementales, Medicaid. Mais Franklin a riposté en tabassant Cheryl à la sortie du club jusqu’à ce qu’un videur intervienne. Une semaine après cet incident, Cheryl disparaît mystérieusement et laisse derrière elle trois enfants en bas âge.
Quelques jours plus tard, début mai 1989, alors que Tonya et Franklin sont soupçonnés dans la disparition de Cheryl, aucune enquête de recherche sérieuse n’est lancée. Ce n’est qu’une prostituée et une strip-teaseuse de plus qui disparaît. En somme, une personne de seconde zone qui ne mérite pas que les autorités se soucient de son sort. Pendant ce temps, Franklin dit à un voisin qu’il part en vacances avec sa fille et son petit-fils et il lui demande de tondre la pelouse et de récupérer son courrier.
Le 15 juin 1989, Suzanne Davis (qui est devenue pendant un moment Sharon Marshall) est désormais Tonya Tadlock et elle épouse Franklin qui s’appelle à présent Clarence Hugues, à l’autre bout du pays, dans la Nouvelle-Orléans. Ce ne sont plus un père, sa fille et son petit-fils qui sont en cavale, mais plutôt monsieur et madame Hugues, et leur fils Michael. Le lendemain, Franklin appelle son voisin en Floride et lui demande de brûler sa caravane ainsi que son courrier. Quelques semaines plus tard, les jeunes mariés s’installent à Tulsa en Oklahoma, la dernière étape de la courte et misérable vie de Tonya.
Grâce au recoupement de toutes les informations qu’ont pu recueillir les agents du FBI en retraçant son parcours à travers tout le pays, entre les différentes adresses qu’il a occupées, les divers véhicules qui lui ont appartenu, ainsi que les nombreuses identités qu’il a eues pendant ses 17 années de fuite, le bureau du FBI à Tallahassee en Floride appelle l’agent spécial Joseph Fitzpatrick, pour l’informer que Franklin a fait une demande de permis de conduire sous l’identité de Warren Marshall. Permis qui devrait être posté à une adresse à Louisville, dans le Kentucky.
Le 10 novembre 1994, soit presque deux mois après l’enlèvement de Michael, les équipes d’intervention du SWAT sont stationnées devant cette adresse afin de l’appréhender. Mais, craignant pour la sécurité du petit Michael, l’un des agents est déguisé en livreur Fedex et frappe chez Franklin, en prétendant qu’il est là pour lui livrer son permis de conduire. Une fois à l’extérieur, les agents du SWAT ne tardent pas à le maîtriser pour enfin l’arrêter. Certes, Franklin est désormais bel et bien derrière les barreaux mais ce n’est qu’une victoire en demi-teinte pour le FBI, puisqu’aucune trace du petit garçon n’est trouvée.
Malgré les multiples tentatives d’interrogatoire, Franklin nie farouchement avoir kidnappé le garçon, bien qu’il existe de nombreuses preuves le mettant en cause, notamment son identification formelle par James Davis, le directeur de l’école primaire. Les agents du FBI décident donc de se tourner vers ses collègues, dans la concession de voitures d’occasion dans laquelle il travaille en tant que vendeur pendant quelques semaines, ainsi que ses nouveaux voisins de Louisville.
Ceux-ci rapportent qu’il n’a jamais mentionné un quelconque fils. Au lieu de cela, ils disent qu’il parlait sans cesse d’une fille qui se prostituait. Un certain Terry Evans, un voisin qui s’est lié d’amitié avec Franklin, raconte aux policiers que, n’ayant pas de télévision, Franklin venait toujours chez lui pour regarder l’émission The Fugitive.
Après plusieurs interrogatoires, Franklin change sa version des faits, face aux preuves de son enlèvement du petit garçon. Cette fois, il dit qu’il a effectivement enlevé Michael, mais pour le mettre à l’abri, loin de ses parents adoptifs, les Bean, un couple machiavélique et abusif. Et lorsqu’il est interrogé à propos de Tonya, puis confronté à sa photo avec elle enfant, il dit que l’homme bon qu’il est a eu pitié de la petite fille. Il n’a fait que la sauver aussi des griffes de sa mère indigne, prostituée et toxicomane, avec laquelle il sortait en 1974.
Bien sûr, aucune de ses allégations n’est avérée. Les policiers ne trouvent aucune preuve permettant d’affirmer que Michael est confié à quiconque nulle part dans le pays, ils ne trouvent aucune preuve de maltraitance non plus chez les Bean et, à ce stade, ils n’ont aucune information sur les parents de Tonya, et ce sera sans compter sur la coopération de Franklin qui refuse de livrer leurs noms à la police.
Dans une énième tentative désespérée, les enquêteurs font appel à Rebecca Barr, une ancienne amie de Franklin qui a grandi avec lui dans l’orphelinat, afin qu’elle essaye de lui soutirer des informations sur ce qu’il a fait du petit garçon. Dans un premier temps, elle accepte de coopérer avec le FBI, mais ne parvient pas pour autant à faire parler Franklin. Au contraire, elle tombe sous son charme et l’épouse en prison.
L’enquête sur l’enlèvement de Michael est au point mort, depuis plusieurs mois déjà. Et les déclarations des centaines de témoins interrogés par les agents du FBI ne présagent rien de bon dans le destin du petit garçon. Certains disent qu’ils ont eu les aveux de Franklin concernant la mort du malheureux garçon. Selon ces informations, Franklin aurait dit à sa sœur et à d’autres qu’il l’a noyé dans une baignoire dans un motel en Géorgie, puis l’a enterré dans une forêt, peu de temps après l’enlèvement.
D’autres personnes affirment avoir vu Franklin enterrer le corps de Michael dans un cimetière, tandis que d’autres sources du FBI rapportent que Franklin aurait déclaré que Michael était bien portant et qu’il vivrait à l’extérieur des États-Unis en sécurité, sans que Franklin ne leur révèle l’emplacement exact du garçon ou qui s’occupe de lui.
Nous sommes maintenant, en mars 1995 lorsque, enfin, un nouveau rebondissement fait irruption dans cette affaire. Un mécanicien du Kansas a trouvé une grande enveloppe dissimulée entre le plateau et le haut du réservoir d’essence d’un camion qu’il a récemment acheté, lors d’une vente aux enchères.
Il a trouvé 97 photos dans cette enveloppe, dont de nombreuses de Tonya dans des poses pornographiques et sexuellement suggestives, depuis ses 4 ans et jusqu’à l’âge adulte, ainsi que plusieurs images de petites filles nues, qui ne seront jamais identifiées. Mais aussi plus d’une dizaine de photos d’une femme ligotée, avec plusieurs ecchymoses partout sur le corps, certaines colorées avec du rouge sang, c’est le summum du glauque et de la perversion.
La police remonte ce véhicule jusqu’à Franklin. Il s’agit de la camionnette du directeur d’école, James Davis, que Franklin a volé lors de l’enlèvement du petit garçon en septembre 1994, avant de s’en débarrasser le mois suivant au Texas, lorsqu’elle tombe en panne. Les enquêteurs comparent ces photos à celles des jeunes filles que Franklin a connues pendant ses années de cavale. Les résultats des comparaisons ne tardent pas à tomber et c’est une grosse surprise. La femme dont les derniers instants de torture sont capturés en photo n’est autre que Cheryl Ann Commesso, la collègue strip-teaseuse de Tonya qui a disparu en Floride.
Maintenant que l’identité de la jeune femme sur les photos est établie, la description des vêtements qu’elle porte est saisie dans la base de données fédérale. C’est ainsi que les choses s’accélèrent, du moins pour l’enquête de la disparition de Cheryl. En effet, une concordance remonte dans la base de données : les vêtements décrits correspondent à ceux retrouvés sur les restes d’un squelette découvert par hasard, fin 1994, par un paysagiste dans une zone marécageuse, au bord de l’autoroute inter-États 275, dans le comté de Pinellas en Floride, non loin du domicile de Franklin de l’époque.
Jusqu’à présent, ces ossements étaient répertoriés sous le nom de Jane Doe [c’est le nom que les autorités américaines donnent aux cadavres de sexe féminin dont l’identité est inconnue ou non confirmée]. Selon le rapport médico-légal, cette Jane Doe est décédée des suites d’un passage à tabac et de deux coups de feu dans la tête.
Avec cette nouvelle correspondance, les éléments de preuve récoltés à côté des restes de cette jeune femme sont comparés avec les photos retrouvées dans la camionnette. Hormis les vêtements qui sont similaires en tout point à ceux de Cheryl, de nombreuses photos contiennent des images de meubles et d’autres biens identifiés comme appartenant à Franklin. Une seconde expertise médico-légale permet de constater que les blessures observées sur les photos de Cheryl sont cohérentes avec celles relevées sur les restes du corps retrouvé en Floride.
Les enquêteurs arrivent donc à la conclusion que Franklin a enlevé Cheryl, l’a battue et torturée avant de lui tirer deux balles dans la tête pour ensuite se débarrasser de son corps le long de la route I-275. Ils ont assez de preuves pour l’inculper et l’envoyer en prison pour le restant de ses jours dans cette affaire, même s’il n’a jamais avoué.
Nous sommes maintenant en septembre 2002, Franklin est incarcéré dans une prison fédérale de haute sécurité dans l’Oklahoma. Il y purge la peine de 57 ans à laquelle il a été condamné pour l’enlèvement de Michael. Malheureusement, cette condamnation ne change rien au fait que le garçon est toujours porté disparu. Mais, en ce septembre 2002, c’est un autre procès de Franklin qui démarre, dans le tribunal du Comté de Pinellas en Floride [un État qui applique toujours la peine de mort]. Ce procès est celui du présumé meurtre avec préméditation de Cheryl Ann Commesso.
Le 28 septembre 2002, après un procès qui a duré neuf jours, les douze jurés ont délibéré pendant environ quatre heures avant de déclarer à l’unanimité Franklin, âgé maintenant de 59 ans, coupable de meurtre au premier degré de Cheryl en 1989. À l’annonce du verdict, Franklin s’adresse aux jurés avec hystérie : « Regardez-moi en face. Vous ne trouverez plus jamais le sommeil, vous avez condamné un homme innocent. Ce sont les pourritures du FBI qui m’ont piégé avec leurs photos truquées. »
Quelques jours plus tard, Franklin est de nouveau dans le palais de justice, cette fois il doit faire face à la sentence de la juge Nancy Ley. Pendant qu’elle lit la sentence, Franklin sourit ironiquement et secoue la tête :
— En vertu des pouvoirs qui me sont conférés par l’État de Floride et en suivant les recommandations du jury, l’accusé Franklin Delano Floyd est condamné à la peine capitale par injection létale, pour le chef d’accusation de meurtre au premier degré de Cheryl Ann Commesso. En attendant la date de son exécution, il sera incarcéré dans le couloir de la mort au sein de l’administration pénitentiaire de l’État de Floride. M. Floyd, que Dieu ait pitié de votre âme !
— Je n’ai pas besoin de votre pitié ni de celle de votre Dieu, allez tous en enfer ! Rétorque bruyamment Franklin, avant que les agents de police le conduisent à l’extérieur de la salle d’audience.
Le 1er septembre 2003, Franklin fait appel de sa condamnation auprès de la Cour suprême de Floride, mais deux ans plus tard, sa peine est confirmée.
Les années passent, jusqu’en 2013. Franklin a maintenant 70 ans et il est toujours dans l’attente dans son exécution dans le couloir de la mort quand le FBI et le Centre national pour les enfants disparus et exploités rouvrent plusieurs Cold Case, dont l’enquête sur l’enlèvement de Michael.
Un an plus tard, les agents spéciaux Lobb et Furr, chargés de cette nouvelle enquête, passent plusieurs jours à interviewer Franklin en prison, au sujet de Tonya et Michael Hughes. Au bout de plus d’une centaine d’heures de conversation, ils parviennent enfin à avoir une information exploitable du condamné à mort peu coopératif. Il leur déclare qu’en 1974, sous le nom de Brandon C. Williams, il a épousé une femme en Caroline du Nord.
Par le biais des dossiers judiciaires et grâce au nom qu’il leur a donné, ils trouvent la trace d’une certaine Sandi Chipman. Ce nom leur permet, à son tour, de retracer le parcours de cette femme et de la trouver.
Sandi Chipman était mère de quatre enfants de deux pères différents, Suzanne, née en 1969 et Allison, née en 1971, de son premier mari, Cliff Sevakis, ainsi qu’Amy, née en 1972 et Philip, surnommé Stevie, né en 1974, de son deuxième mari, Dennis Brandenburg. Franklin et Sandi sont sortis ensemble pendant un mois avant de se marier. Quelques mois après leur mariage, Franklin la convainc de déménager avec toute sa famille avec lui à Dallas, au Texas.
En 1975, Sandi est condamnée à trente jours de prison pour avoir délivré des chèques sans provision. Alors qu’elle purge sa peine, elle laisse ses enfants sous la garde de son mari. Après sa libération, elle rentre chez elle et découvre que la maison est vide. Son mari et ses enfants sont partis. Sandi tente alors de porter plainte pour enlèvement, mais les autorités locales lui disent qu’en tant que beau-père, Franklin a le droit de prendre les enfants.
Après plusieurs mois de recherches, elle arrive tout de même à trouver ses deux filles, Allison et Amy, dans un centre pour enfants géré par l’église locale. Mais elle n’a jamais retrouvé son aînée, Suzanne, ni son dernier, Philip. À l’issue de cette enquête et à l’aide d’échantillons d’ADN prélevés chez Sandi Chipman, les agents Lobb et Furr dévoilent enfin la véritable identité de Tonya Hugues : c’est la fille aînée de Sandi, Suzanne Marie Sevakis.
Plus tard en 2019, un homme du nom de Phillip Steve Patterson s’est manifesté, estimant qu’il est le petit frère de Suzanne et le fils de Sandi, toujours considéré comme porté disparu. Des tests ADN confirment son identité en 2020. Il a été pris en charge par les services sociaux puis adopté en privé en Caroline du Nord.
Confronté aux conclusions des deux agents, Franklin regarde l’agent spécial Lobb droit dans les yeux, sans manifester une once de regret, et raconte enfin ce qui est arrivé à Michael Hughes :
— Le jour où j’ai enlevé Michael de son école, j’étais très en colère et j’en voulais à Tonya qui m’a trompé avec autre. Mais j’en voulais surtout à ce garçon, parce qu’il est la preuve qu’elle est allée voir ailleurs [dans le cadre de sa procédure d’adoption par les Bean, des tests ADN ont confirmé que Franklin n’est pas le père biologique de Michael].
Donc j’étais au volant, je me dirigeais d’Oklahoma City vers Dallas et Michael est devenu hors de contrôle, il pleurait et il criait. C’est là que j’ai senti la pression monter et j’ai manqué de patience. À la dernière sortie d’autoroute quittant l’Oklahoma, je l’ai sorti de la voiture, je lui ai tiré deux balles à l’arrière de la tête pour le faire taire puis je l’ai enterré sur place.
Après plus de 20 ans, il ne reste probablement rien du corps de Michael, mais les agents du FBI passent la zone au peigne fin avec l’aide d’une équipe d’anthropologues de l’Université de l’Oklahoma, ne serait-ce que pour trouver les deux douilles, ou les œillets métalliques des baskets de Michael. Cependant, ils ne retrouvent rien.
Mais au moins, la réouverture de ce Cold Case vieux de deux décennies a révélé la véritable identité de Tonya Hughes, dont la mort suspecte demeurera probablement un mystère et a surtout mis fin aux recherches de Michael. Malgré l’absence de corps, ses parents adoptifs ont déclaré que les aveux de Franklin leur ont enfin permis de faire le deuil de ce garçon parti beaucoup trop tôt.
Franklin Delano Floyd, ce criminel cruel et dénué d’humanité qui a brisé tellement de vies, a aujourd’hui 78 ans et souffre de graves problèmes de santé. Sans date fixée pour son exécution, il est fort probable qu’il mourra de causes naturelles dans le couloir de la mort.
Franklin Delano Floyd est un meurtrier américain, violeur et Condamné à mort. Il a été reconnu coupable du meurtre et d’enlèvement d’enfants. D’ailleurs, sa femme était kidnappée par Floyd dès son plus jeune âge… C’est une histoire criminelle qui fait froid dans le dos. Alors si vous avez une fascination gênante pour les esprits criminels, cette histoire est pour vous !
Les sources :
- Michael Hughes
- Franklin Delano FLOYD
- Après 20 ans de mensonges, le kidnappeur admet avoir tué un garçon de l’Oklahoma
- Franklin Delano Floyd
- LE JURY APPELLE À MORT POUR TUER
- Un juge déclare Floyd coupable d’avoir kidnappé
- Suzanne Davis
- Cold Case Investigation
- Identités secrètes, mensonges élaborés — Le cas de Franklin Delano Floyd
Voir Acast.com/privacy pour les informations sur la vie privée et l’opt-out.