La police découvre, désappointée, qu’hormis le corps poignardé de la victime , la scène du crime ne fournit aucun autre indice particulier. D’autant plus que Marie-Agnès Bedot n’a été ni volé, ni agressé sexuellement par son malfaiteur. On cherche un mobile, en vain. Serait-ce une personne de sa famille ou de son entourage avec qui elle avait eu un différend, ou plutôt un amant qu’elle aurait repoussé ?
Même l’autopsie du corps sera incapable de fournir plus de détails.
L’enquête policière patauge, en manque d’indices, quand l’improbable survient : un témoin se manifeste, assure qu’il peut reconnaitre le meurtrier. La police , ne dépendra désormais que de cette personne afin de mettre la main sur l’assassin.
De fil en aiguille, guidée par ce témoignage, les policiers réussissent à arrêter le supposé coupable ; son nom : Marc Machin, un petit délinquant de dix-neuf ans . Il faut dire que ce jeune homme a tout pour faire peser les suspicions sur sa personne : un casier judiciaire déjà rempli malgré son jeune âge, des fréquentations douteuses dans le milieu de la petite délinquance parisienne, une consommation excessive de substances illicites, une enfance mouvementée, passée entre les foyers de la DDASS et les maisons de placement avant de finir chez son père.
L’accusé nie tout en bloc : ce n’est pas lui ! Il n’était même pas là le jour du meurtre ! Il ira même jusqu’à accuser la police de vouloir lui faire extorquer des aveux. Mais les enquêteurs restent persuadés de sa culpabilité, trop d’éléments concordent pour que ça soit lui et pas un autre !
Source : lexpress
En 2004 puis en 2005, Marc Machin sera condamné à 18 ans de réclusion criminelle pour le meurtre de Marie-Agnès Bedot. Durant les six années qui suivront son inculpation pour le meurtre de la mère de famille, il ne cessera de clamer haut et fort son innocence derrière les barreaux de sa prison. Durant son procès, il ne réussira à persuader ni les juges, ni le jury, ni l’opinion publique qui refuseront de le croire, et même son avocat, qui restera pleinement persuadé de sa culpabilité !
Mais voilà qu’en 2008, l’improbable se produit : alors que Marc Machin purge encore sa peine, David Sagnon, un SDF d’origine guinéenne, se présente un beau matin au commissariat pour avouer le meurtre du pont de Neuilly-sur-Seine. Au Quai des orfèvres, ses aveux sont pris au sérieux, Sagnon donne des détails très précis sur le crime et son ADN sera même retrouvé sur le corps de Marie-Agnès Bedot et celui d’une victime ultérieure, Maria Judite Araujo !
Marc Machin sera relâché, grassement indemnisé par l’Etat français, et quand tout semble le définir désormais, comme la malheureuse victime d’une terrible erreur judiciaire, l’homme fera encore parler de lui dans les médias et pas de la meilleure des façons !
Jusqu’en 2018, il commettra nombre d’agressions et de délits qui le renverront devant les parquets et qui fera resurgir le souvenir du meurtre de Madame Bedot. Marc Machin , un malheureux innocent des annales judiciaires ou un assassin chevronné capable du pire? La justice a-t-elle commis une erreur en l’innocentant après l’avoir condamné ? C’est ce que nous allons découvrir ensemble.
Nous sommes à Paris ce 1er décembre 2001. Un matin d’hiver glacé, venteux, et gris. Vers huit heures, la police reçoit un appel. C’est un SDF qui désire signaler quelque chose de grave qui s’est passé, il vient de trouver une femme assassinée sur les marches du Pont de Neuilly-sur-Seine. Les policiers se rendent urgemment à l’endroit indiqué par cette personne, précédés par les pompiers, appelés également en renfort.
La victime, est une femme de la quarantaine, brune, portant un blouson et une tenue de sport. Les policiers examinent le cadavre, fouille dans ses poches à la recherche d’une pièce d’identité. Ils tombent sur sa carte de transport avec ses informations personnelles.
Son nom est Marie-Agnès Bedot, elle a 45 ans et mère de trois enfants. Dans l’autre poche de son blouson, les policiers retrouvent également son téléphone portable affichant plusieurs appels en absence : les enfants de la victime, visiblement inquiets de ne pas la voir revenir, ont commencé à l’appeler. Marie-Agnès Bedot se rendait à son club de sport situé sur les hauteurs du quartier huppé de Neuilly.
Le corps est en très mauvais état. La victime git dans beaucoup de sang. Elle a été poignardée à la poitrine. Sur la scène du crime, les policiers retrouvent peu d’indices : deux bouteilles de rhum vides, comportant des traces de doigts ensanglantés. A part ça, rien du tout, ni sac à main, ni accessoires ou matériel de sport.
Sur les poignets et les paumes des mains de Marie-Agnès Bedot, il y’a des coupures et des plaies encore récentes, surement faites avec un couteau, la victime a visiblement voulue faire paravent en se cachant la tête instinctivement quand son meurtrier s’est attaqué à elle. Ses ongles abimés indiquent également qu’elle a désespérément cherché à se défendre en griffant son agresseur.
Un curieux élément attire aussi l’attention des policiers: la victime n’a pas été « dépossédée » de ses biens à savoir ses bagues, son bracelet et sa montre qui sont toujours sur ses mains et poignets. L’agresseur a-t-il voulu en finir vite et partir, oubliant d’emporter les bijoux avec lui, les a-t-il jugés sans valeur, ou bien, a-t-il eu peur de laisser beaucoup trop de traces ?
Les enquêteurs sont face à un crime d’un genre curieux, avec d’une part, l’absence totale de témoins et de l’autre le manque flagrant d’éléments susceptibles de les conduire sur une piste. Même le motif du crime, semble inconnu est sans mobile. Quand on sait que Madame Bedot n’a été ni violé ni volé par son agresseur !
Interrogés, ses proches et ses collègues, racontent tous la même chose, à l’unanimité : tous sont d’accord pour dire que Marie-Agnès était une femme gentille, tranquille, rangée, sans problèmes et sans relation suspecte ou louche. Elle vivait avec ses trois enfants, déjà grands, âgés de vingt-quatre, dix-huit et quatorze ans et a été marié et divorcé deux fois de suite.
Toutefois, elle avait conservé des relations saines, amicales et cordiales avec ses anciens conjoints et tous les deux assurent qu’il n’y a aucun problème de ce côté-là. Et s’il s’agissait d’une récente relation masculine qui aurait mal tourné, un amant éconduit ou trop jaloux qui aurait pu commettre l’irréparable ? La police est devant un dilemme.
Si la famille et les ex de Marie-Agnès sont rapidement écartés du rang des suspects potentiels, la seule piste qui reste aux policiers est celle du maniaque sexuel. Mais elle ira de surprise en surprise. C’est donc avec le peu d’éléments qu’elle a sous la main et le peu de pistes exploitables à sa portée, qu’elle engage une véritable course contre la montre afin de retrouver le meurtrier.
Le Procureur de la République, chargé du dossier, décide d’en confier les soins à des policiers forts d’une longue expérience dans le domaine et choisi la brigade criminelle de Paris.
Entretemps, le corps de Marie-Agnès Bedot est envoyé pour autopsie à l’institut médico-légal. Le médecin légiste relève deux plaies d’une profondeur de quinze centimètres dans le thorax dont une a conduit à la mort. Cependant, aucune agression sexuelle n’est à déplorer. Les mains de la victime comportent des plaies profondes, en forme d’arc, infligées avec une lame de couteau.
La police décide d’établir les premières bases de l’enquête dans le lieu où a été trouvé le corps. Des patrouilles sont alors placées sur tout le périmètre de la Défense, le cœur du quartier des affaires à Paris, qui d’habitude, ne voit défiler que des hommes d’affaires pressés, pendus à leur portable. Les policiers espèrent trouver des témoins ou au moins des personnes ayant noté la présence d’individus suspects la nuit précédant le crime. La tâche se révèle difficile.
Ils interrogent également le personnel de l’hôpital situé pas loin de la passerelle qui relie l’esplanade de la Défense au pont de Neuilly-sur-Seine, car, comme ils le savent, beaucoup empruntent ce chemin pour rentrer chez eux à la fin de leur service, soit pour aller récupérer leurs voitures dans un garage souterrain, soit pour aller prendre le métro.
Alors que les policiers ne récoltent que des réponses négatives, le témoignage d’une infirmière, de service dans ce même hôpital, se révèle d’une grande importance. Vraisemblablement, elle sait quelque chose qui pourrait guider les enquêteurs sur une piste.
Cette femme fait aux policiers un récit des plus étonnants : elle raconte comment la veille du meurtre, en sortant de l’hôpital et voulant prendre la direction du pont de Neuilly pour prendre l’un des derniers métros encore en service, elle s’est faite accoster par un homme jeune, qui lui a fait une proposition déplacée, une invitation d’ordre sexuel. Il faisait déjà nuit et la rue était presque déserte. Prise de panique, elle a préféré ne pas renchérir, et a hâté le pas sans se retourner, convaincue que l’homme allé continuer à la suivre. Mais il n’en fit rien.
Source : lepoint
La police veut avoir plus de précisions. L’infirmière est conduite au commissariat afin de faire sa déposition. Surtout que dans tout le périmètre du quartier, personne n’est encore venu leur faire part de quelque chose d’étrange qui a eu lieu ces derniers jours.
Interrogée, elle raconte que si elle se souvient encore très bien de la voix de l’homme qui l’a agressé verbalement la veille, elle est cependant incapable de fournir des informations détaillées sur son aspect physique. Les seuls éléments qui ont retenu son attention sont qu’il s’agit d’un jeune homme de type européen, avec des cheveux bruns, s’exprimant parfaitement bien en français, et portant un blouson en cuir, beige ou marron de style aviateur avec un col en laine.
On se charge immédiatement de la conception d’un portrait-robot. Le lendemain, il est diffusé dans tous les commissariats de Paris et retient l’attention d’un policier qui croit reconnaitre dessus, les traits d’un jeune délinquant, arrêté un an plus tôt pour agression sexuelle et coups et blessures.
Le policier est formel, le portrait-robot correspond trait pour trait, et exactement à cet individu. Chose encore plus curieuse, le délinquant avait fait le même type de proposition déplacée à sa victime formulée de la même manière que celle qu’a entendue l’infirmière. Pire, cette femme qui habite Suresnes a été violée pars son agresseur dans le hall de l’immeuble où elle habite. La police est persuadée de tenir une piste solide, l’identité de ce délinquant est connue dans les fichiers de la Crime, il s’agit d’un certain Marc Machin, un petit délinquant connu pour des histoires de cette envergure et pour d’autres types de délits.
La fiche signalétique de Marc Machin est envoyée au 36, Quai des Orfèvres et l’infirmière est rappelée une seconde fois afin d’en prendre connaissance. Les policiers veulent exploiter cette piste, qui avec un peu de chance, pourrait probablement être la bonne !
A son arrivée, l’infirmière est invitée à identifier les individus figurant sur l’album photo qui regroupe entre autres, huit fichiers et images de d’autres accusés potentiels. En dévisageant attentivement chaque cliché, l’infirmière fini par pointer son doigt, sans hésiter, sur la photo numéro 3, la photo de Marc Machin.
Cependant, elle estime qu’elle n’est pas sûre à cent pour cent, mais dit quand même au policier qu’elle a comme une impression de déjà vu, qu’il il y ‘a de fortes chances à ce que l’homme qui figure sur la photo et le portrait-robot , soit celui qui lui a fait peur quand elle a voulue traverser le pont de Neuilly en sortant de son travail. La police décide d’en avoir le cœur net et se rend dès le lendemain au domicile de Marc Machin.
La police procède à son arrestation le 14 décembre 2001, à l’appartement qu’il partage avec son père et son demi-frère, dans le 18ème arrondissement. Les enquêteurs font la perquisition de la maison est tombent sur des éléments suspects : plusieurs couteaux, et surtout, un blouson en peau de mouton, de type aviateur, avec un col en laine, le même dont l’infirmière n’a pas cessé de faire mention.
Le vêtement contient également d’étranges tâches rouges au niveau des poches. Marc Machin, pris au dépourvu, se défend, se déclare innocent de toute accusation. Il faut dire qu’à ce moment, le jeune homme qui a précédemment été arrêté puis relâché pour des vols à l’étalage, vols en réunion, agression sexuelle et affaires de mœurs , n’a jamais encore été confronté à une arrestation pour meurtre. Il est persuadé qu’il sera relâché au bout des classiques 24 heures de garde à vue. C’est ce qu’il dit d’ailleurs à son père, en quittant la maison : « Papa, je serai de retour demain, ne t’inquiète pas ! » Il ignore à ce moment ce qu’il l’attend.
Marc Machin est arrêté le 13 décembre 2001 est immédiatement placé en garde à vue. Son arrestation intervient douze jours après le meurtre de Marie-Agnès Bedot.
Le suspect, escorté par des policiers de la brigade criminelle, est conduit au commissariat où doivent commencer ses interrogatoires. Rapidement la police lui annonce les faits qui pèsent sur lui : il est suspecté du meurtre de Marie-Agnès Bedot. Marc Machin nie tout en bloc, jure n’avoir jamais commis de meurtres. Les policiers le scrutent longtemps , et ont des doutes.
Les empreintes retrouvées sur les deux bouteilles de rhum de la scène du crime, sont comparées à celles de Marc Machin et se révèlent négatives.
Interrogé au sujet de son emploi du temps, Marc Machin se hâte de fournir un alibi : le jour du meurtre, il dormait chez un copain, chez qui il avait atterri dans la nuit, sans le savoir, après une soirée de beuverie assez agitée dans les rues de Paris.
La vie de ce jeune homme est l’archétype même du jeune paumé : Marc Machin est déscolarisé depuis longtemps et ne travaille pas. Il vit aux crochets de son père qui est également agent de l’ordre, passe ses journées dans les rues, à trainer à gauche à droite, consomme de la drogue dont du cannabis, et boit beaucoup ce qui a tendance à le rendre parfois colérique et violent.
N’ayant aucune structure, ni de journée régit par un horaire strict, le jeune homme n’obéit à aucune règle, fréquente des garçons comme lui, des garçons paumés qui ont longtemps tourné en rond sans parvenir à se fixer quelque part ou dans quelque chose. Il se dit trop indiscipliné pour pouvoir exercer un métier, et a en horreur les patrons et les horaires fixés d’avance, lui qui passe ses journées à dormir et les nuits à tourner dans la ville.
Les policiers orientent alors leurs questions sur sa vie personnelle. Le jeune homme, coopératif depuis le début, se renferme, prend une grande inspiration pour faire le chaotique récit de sa vie.
Il faut dire que Marc Machin revient de loin. Né le 14 Mai 1982 à Paris, il passe la première partie de son enfance dans un foyer dysfonctionnel où ses parents passent le plus clair de leur temps à se disputer.
Marc ainsi que son frère et sa sœur, évoluent dans ce climat anxiogène sans trouver d’issue de secours. Le père, qui se prénomme Marc comme son fils, est un officier de police, souffrant de crises d’anxiété et de tempérament fragile. Sa mère, Martine, originaire de l’Hérault, est scandalisée par la condition précaire de la famille, et en jette la responsabilité sur son mari, qu’elle accuse d’être tout bonnement incapable de subvenir correctement au besoin de ses enfants.
Le couple accueille un troisième enfant , en espérant pouvoir régler les choses mais cela ne fera qu’aggraver leur situation financière. Le ressentiment de Martine Machine envers son époux , n’en sera que plus grand. Le couple, commence à battre de l’aile et la mention « divorce » est évoquée plus d’une fois, même devant les enfants.
Marc Machin sera témoin d’une dernière et très violente querelle de ses parents. Ce jour-là, sa mère, dans un accès de rage incontrôlable, s’empare de l’arme de service de son mari et veut l’achever, elle tire, en espérant le viser mais rate sa cible. La balle ricoche sur le mur avec fracas, et les voisins préviennent la police.
À la suite de ce malheureux événement, le couple Machin divorce et les enfants sont placés séparément dans des familles d’accueil. Marc dira plus tard lors de son procès , que la séparation avec sa fratrie a été la chose la plus dure à vivre pour lui. Leurs parents qui n’ont pas divorcé à l’amiable, continuent de se déchirer.
Cet épisode très violent à supporter pour un enfant, marquera à jamais le petit garçon. Depuis, sa vie s’apparentera à une véritable descente aux enfers, dans une perpétuelle errance, allant de foyer en foyer, de famille d’accueil en famille d’accueil. C’est alors qu’il atterrit pendant un temps , chez la famille Thomas.
Très renfermé , en proie à des accès de violence imprévisible, il s’entend très mal avec ses parents adoptifs et les autres enfants placés avec lui. Madame Thomas le décrit comme étant un enfant ambivalent, parfois fermé et froid, parfois en recherche perpétuelle d’affection.
L’ambiance au sein du foyer est malsaine. Les attouchements sexuels sur les plus jeunes, ne sont pas rares, et Marc en est souvent témoin, mais une loi du silence, semble régenté ce foyer où jeunes et moins jeunes cohabitent difficilement dans la promiscuité.
Durant cette période , il se fera violer à plusieurs reprises par l’un de ses « frères » adoptifs. Ce garçon, déjà adolescent, le menaça de lui faire beaucoup de mal si jamais il lui venait à l’idée de faire part de « leur secret » à un membre de la famille. Terrorisé, réduit au silence comme la plupart des victimes de ce genre d’agression, Marc commence à développer des TOC particuliers : il est obsédé par les boites de Kleenex et la propreté, et se frotte souvent la peau avec des mouchoirs , comme pour se nettoyer symboliquement de la souillure qu’il subit quotidiennement. Il en éprouve de la honte et du dégout. Il est au plus mal.
Ayant reçu des échos alarmants de sa situation, ses grands-parents maternels le recueille dans leur maison, en 1990. Un couple bienveillant auquel s’attache rapidement le jeune adolescent. Ils habitent une jolie maison dans le midi de la France et essayent de lui offrir une éducation correcte, ou du moins, réparer les pots cassés, car il est bien difficile de refaire l’éducation d’un enfant issu d’un milieu trouble. Néanmoins, ils veulent lui donner sa chance et rattraper le temps perdu !
Source : francetvinfo
Sa grand-mère l’aide pour ses devoirs et essaye de lui faire rattraper les lacunes accumulées, son grand-père lui fait découvrir les activités en plein air, comme la pêche, et les arts martiaux. Il l’inscrit même au judo, une discipline dans laquelle Marc va s’adonner avec beaucoup d’énergie. Il dira par suite, que cette parenthèse idyllique chez les grands-parents, restera comme la période la plus heureuse de sa vie, et lui a permis de renouer avec les choses simples et saines de la vie, loin de la violence qu’il a toujours connu dans le foyer de ses parents et du traumatisme des placements en famille d’accueil .
Alors qu’il est toujours dans le sud de la France, il apprend le décès de sa mère qui souffrait du sida qui sera suivi par celui de sa grand-mère qui meurt des suites d’un cancer en 1994. En plein crise d’adolescence, confronté à son grand-père qui n’a plus aucune emprise sur lui, il est renvoyé à Paris chez son père, qui a récupéré entretemps, son autre fils, placé également en foyer.
Ne faisant rien de ses journées, mal dans sa peau, en proie à un mal-être profond, Marc se met à fumer des joints, parfois de façon excessive, frisant maintes fois l’overdose. Puis il commet ses premiers délits : vols à l’arrache dans la rue, dans les étals des supermarchés. Il fréquente des petits délinquants qui l’initient à de nouvelles drogues.
Au début de l’année 2000 , toujours en proie à des pulsions incontrôlables, il agresse sexuellement une femme de quarante dans le hall de son immeuble. Il n’a alors que dix-sept ans. Il récidivera l’année suivante, en agressant une autre femme dans les toilettes d’un bistrot.
L’infirmière qui a déjà témoigné est ré invoqué par les policiers afin qu’elle soit confrontée directement au prétendu meurtrier. Derrière une glace sans tain, Marc Machin est présenté à la dame, habillé vêtu du même blouson de style bombardier. Les policiers lui demandent alors de reformuler la même proposition sexuelle qu’il lui aurait faite sur le pont de Neuilly afin qu’elle puisse reconnaitre sa voix. Elle a un sursaut , c’est bien lui !
Dans le procès-verbal établi par la brigade criminelle, l’infirmière est cette fois-ci sûre et certaine que c’est bel et bien l’individu qu’il lui a parlé ce soir-là
« Vous venez de me présenter au travers d’une glace sans tain un individu, celui dont j’avais déjà vu la photo au sein d’un album que vous m’avez présenté hier. Je reconnais en celui-ci de façon quasi certaine l’homme qui m’a agressée verbalement sur le pont de Neuilly le samedi 1er décembre… »
Marc Machin se sent piégé, il nie tout en bloc, ce ne peut pas être lui puisqu’il n’a jamais mis les pieds sur le pont de Neuilly.
Cependant, il est incapable de se remémorer les faits arrivés encore, il y’a une semaine. Son alibi, lui, tient sur un équilibre fragile. Les copains qu’il a vu ce soir-là ont chacun un témoignage contredisant le sien, l’un raconte qu’ils s’étaient quittés bien avant minuit tandis que l’autre, chez qui il dit avoir passé la nuit, assure qu’il n’a même vu Marc ce soir-là !
Son père, qui est également policier, est contacté par la brigade judicaire par téléphone : apparemment son fils souhaiterait lui parler. Devant son père, Marc se confond en excuses et assure qu’il n’est pas responsable du meurtre : il est peut-être un voyou mais il n’a jamais tué personne. Son père, qui a une relation très affectueuse avec lui, le croit sur parole.
Après le départ de son père, Marc est à nouveau confronté aux agents de police du 36, Quai des Orfèvres. Ce ne sont pas des policiers comme les autres et beaucoup ont une longue expérience face à des meurtriers d’envergure. Marc, du haut de ses 19 ans, se sent intimidé, écrasé face à ces représentants de l’ordre qui ne veulent rien lâcher. Ils font pression sur lui, car la garde à vue va bientôt toucher à sa fin. Contre toute attente, ils jouent leur dernière carte, en espérant obtenir des aveux.
Ils font appel à l’un des policiers les plus redoutables, fort de sa capacité exclusive de faire extorquer des aveux aux criminels les plus récalcitrants ! Son nom est Jean-Claude Mulés, plus connu sous son surnom de « La Mule » et il est réputé pour avoir fait avouer de dangereux criminels qui avaient longtemps refusé de coopérer par le passé.
Le commandant Jean-Claude Mulés, lui propose une entrevue en tête à tête sans avoir recours au procès-verbal, Marc Machin accepte. Et c’est lors de cet interrogatoire à l’ambiance informelle , presque amicale, que tout se jouera !
En présence de trois autres policiers, faisant office de « témoins », le commandant Mulés met tout de suite Marc en confiance. En fin psychologue, il essaye de sonder ses souvenirs du jour du meurtre, avançant l’hypothèse que Marc Machin ne cherchait absolument pas à tuer cette femme, qu’il voulait peut-être que coucher avec elle, qu’elle avait refusé et que ça a mal tourné.
Devant l’accusé qui semble comme atteint d’amnésie, le commandant Mulés propose café et cigarettes, fume-lui aussi, adoptant une approche de bon copain, presque paternelle, c’est alors qu’il va plus loin, et fait remonter l’accusé jusqu’à ses souvenirs d’enfance. Marc Machin rapidement mit en confiance, se livre et se confie. Il raconte la séparation douloureuse de ses parents, la mort de sa mère du SIDA, l’éclatement de la cellule familiale, le placement dans différents foyers de la DDASS et des familles d’accueil dans différentes régions en France.
À demi-mot, avec beaucoup de pudeur, il parle des viols subits à répétition par l’un des « ses frères » d’adoption, un épisode qu’il l’a longtemps traumatisé et contraint au silence. Le commandant Mulés écoute, en bon psychologue. Il essaye de faire recouvrir la mémoire à Marc, le pousse sans le brusquer à se remémorer au moins un seul élément de la soirée du vendredi précédent le meurtre. Il lui fait même une promesse s’il avoue tout : il fera tout pour qu’il purge maximum cinq années de prison, alors que pour un délit pareil, il risque en temps normal, la réclusion criminelle à perpétuité !
L’entrevue s’arrête là et est remise au lendemain. Marc est reconduit dans sa cellule où il reste pendant un moment, mais soudain, il rappelle les policiers chargés de monter la garde : il désire encore parler avec le commandant Jean-Claude Mulés, il a des aveux à lui faire, autres que ceux de tout à l’heure !
Le policier, prévenu, comprend que Marc mord finalement à l’hameçon. De nouveau face à lui, il crache le morceau, et raconte les événements précédents le moment du meurtre. Marc se souvient que lors de cette soirée du vendredi , il a enfilé son blouson marron clair , a quitté le domicile de son père du 18ème arrondissement, qu’il a pris le métro, qu’il s’est ensuite dirigé vers une supérette où il a volé de l’alcool, qu’il en a vendu quelques bouteilles et qu’avec cet argent, il s’est procuré du cannabis, qu’il a fumé , beaucoup bu, et arpenter les rues de la ville, qu’il s’est même rendu au Bois de Boulogne dans l’espoir de trouver une prostituée ou de se livrer à des actes de voyeurisme, puis il a rebroussé chemin et à l’aube, s’est retrouvé sur le passerelle qui relie le pont de Neuilly à l’Esplanade.
Entre l’avant et l’après l’assassinat de Marie-Agnès Bedot, il dit n’avoir absolument aucun souvenir ; il explique cela par le fait que quand il consomme beaucoup de cannabis, ça a tendance à lui anesthésier l’esprit, ce fut le cas cette nuit-là.
Au fur et à mesure, Marc Machin continuera sur ses aveux, comme pour se libérer d’un terrible fardeau qu’il lui pèse. Il ajoute d’autres éléments à son récit, cette-fois ci plus graves encore : devant un Jean-Claude Mulés qui n’attend que cela, le jeune homme fini par s’accuser carrément du meurtre de la Madame Bedot !
Il fournit d’ailleurs beaucoup de détails : il raconte qu’il s’est réveillé comme dans un rêve, qu’il avait un couteau à la main et qu’à ses pieds, gisait le corps de la victime dans une flaque de sang, il décrit également les vêtements qu’elle portait notamment le blouson de sport, le coupe-vent et le collant noir.
Il continue dans sa lancée, et raconte la suite des événements devants les policiers qui ne s’attendaient pas à un tel retournement de situation, alors qu’il y’a encore une heure, il crié tout haut son innocence et demandé à être libérer !
Marc Machin raconte comme il a laissé le corps de la femme là, qu’il a traversé le pont, qu’il a jeté l’arme du crime dans La Seine, qu’il a dissimulé ses mains pleines de sang dans les poches de son blouson, et qu’il a enfin prit le métro pour rentrer chez lui.
Une fois à la maison, il a pris une douche et s’est endormi, mais l’image du corps de la jeune femme, gisant dans son sang, comme il le raconte, l’empêcha de fermer l’œil de toute la nuit . Outre cela, il se dit incapable de se souvenir du déroulement du crime, de la manière dont il a accosté la victime, comment il l’a jeté à terre, l’a agressé, tout ceci, il est juste incapable de s’en souvenir et le décrire.
Source : ateliers.cfjlab
Il est placé dès le lendemain en détention provisoire dans la prison de Nanterre et est conduit, quelques jours plus tard, devant le juge d’instruction du parquet, Maitre Thierry Billancourt. Du fond de sa cellule, Marc Machin semble avoir regretter d’avoir trop parler, d’avoir précipité sa chute par lui-même. Il veut en faire part au juge
Quoi qu’il en soit, il semble avoir recouvert parfaitement l’usage de ses neurones, et devant Maitre Billancourt, il fait même son mea culpa : il avoue qu’il est malade, souffrant de dédoublement de personnalité ou de schizophrénie aigue. Il supplie le magistrat de ne pas le garder en prison où il pourrait représenter un danger pour autrui et le placer plutôt dans un centre spécialisé de gens dans son cas, il promet même de se faire suivre, soigner et de faire tout ce qu’on lui dira.
Le juge devant un tel aveu, est stupéfait. Marc Machin raconte qu’il est sans cesse hanté par la scène du crime, où il voit le corps de Marie-Agnès allongé sur le dos, ce qui est totalement incorrect puisque le cadavre de la jeune a été retrouvé allongé sur le ventre et que ce sont les pompiers qui se sont chargés de le retourner pour le placer sur le ventre.
Les vêtements trouvés au domicile de Marc Machin, notamment le manteau d’aviateur qu’il portait ainsi que les vêtements de la victime, sont envoyés sous scellé pour expertise.
Trois semaines plus tard de sa mise en détention préventive, le juge d’instruction, convoque à nouveau Marc Machin dans son bureau. Et là, retournement de situation : Marc Machin nie à présent toute implication dans le meurtre et s’autoproclame innocent, il a fait des aveux erronés à cause de la pression psychologique et policière.
Entretemps, les résultats du laboratoire parviennent au juge et ils sont formels : il n’y a absolument aucune trace d’ADN de Marc Machin sur le corps de Marie-Agnès Bedot et vice-versa. Les traces de sang trouvés à l’intérieur des poches du manteau du jeune homme, et qui depuis le début, font peser le doute sur lui, sont finalement déclarés comme lui appartenant, une blessure peut-être qu’il s’était lui-même infligé par inadvertance avec une bouteille cassée ou tout autre objet tranchant.
Jusqu’ici les preuves scientifiques sont formelles, car elles innocentent d’un côté, carrément Marc Machin. Mais il est trop tôt encore pour crier victoire. Maitre Thierry Billancourt, ne croit pas un mot de ce que raconte l’accusé. Il est persuadé de sa culpabilité, surtout que lors d’une de leurs têtes à tête, il lui aurait avoué carrément le meurtre ; Marc Machin avait dit au juge lors de cette conversation :
« Je n’ai pas osé regarder son visage (celui de Marie-Agnès Bedot) et j’ignore si elle était en vie. Je me rappelle qu’elle portait une espèce de parka ou de coupe-vent dont je ne me rappelle pas la couleur dominante, mais je me souviens qu’il y avait du violet. Elle avait également, je crois, un pantalon de jogging très serré, moulant, de couleur noire. »
Marc Machin est mis au pied du mur, le juge ne semble en aucun cas vouloir le croire et ce, malgré les résultats ADN fournis par le laboratoire. Alors, il redouble d’ingéniosité, donne une explication pour la précision avec laquelle il a décrit le cadavre de la victime ; il explique que lors de son entrevu au 36, Quai des orfèvres, il a constamment subit le forcing des policiers et des enquêteurs pour avoir des aveux, que des photos de la scène du crime avec tous ses détails, lui ont été mises constamment sous le nez, afin de réveiller sa mauvaise conscience. Sans oublier qu’il y’a un autre élément pour le coincer : le premier témoignage de l’infirmière de l’hôpital de Neuilly.
Le juge Billancourt propose alors de faire une reconstitution auxquelles devront participer l’accusé et le témoin. Sur la passerelle du pont de Neuilly, l’infirmière en voyant passer Marc Machin juste à côté d’elle, vêtu de son manteau marron, craque complètement : pas de doute la-dessus, c’est bel et bien l’homme qui l’a agressé verbalement la veille du meurtre de Marie-Agnés Bedot. A présent tout lui revient : la même démarche, la même silhouette, le même timbre de voix. Les choses commencent alors à se compliquer pour l’inculpé.
Durant la même période où s’est déroulé la reconstitution du meurtre de Marie-Agnès Bedot, un autre meurtre, assez similaire, a lieu très tôt dans la matinée du mercredi 22 mai 2002. Maria Judite Araujo, une femme de ménage d’origine hispanique , quitte à l’aube l’appartement qu’elle partage avec l’une de ses amies.
Maria Judite Araujo est femme de ménage dans le quartier de La Défense et se rend tôt chaque jour à son travail, devançant l’arrivée des employés des bureaux.
Son fils, Pedro, l’attendra en vain ce jour-là , très inquiet, car elle a pour habitude de lui rendre visite chez lui chaque mercredi. Il a comme un pressentiment que quelque chose de grave vient d’arriver à sa mère. Il ne passera pas beaucoup de temps sans qu’il en ai la confirmation. Le corps sans vie de Marie Judite Araujo est retrouvé sur le pont de Neuilly le jour même. Elle a été tuée à coups de bouteille cassée. Elle a également été agressée sexuellement par son malfaiteur.
Tout de suite, ce nouveau meurtre est automatiquement comparé à celui de Marie-Agnès Bedot, survenu un an plus tôt. Cependant, cela ne fera rien pour innocenter Marc Machin qui est toujours inculpé de crime.
D’ailleurs son procès aux assises du parquet de Nanterre s’ouvre à la rentrée 2004. Malgré la plaidoirie de son avocat, Maitre Balling, Marc Machin ne convainc personne. Face à ses aveux, à son émotion, le jury, le magistrat, et toute l’assemblée restent de marbre. Le père de Marc Machin, est effondré, il n’aurait jamais cru son fils capable d’une telle ignominie et reste au fond de lui, persuadé de son innocence ! Les gens innocents et accusés à tort, ça existe bien, et peut-être que Marc en fait partie aussi !
Le 09 septembre 2004, le verdict tombe : 18 ans de réclusion criminelle, assortie de 12 ans de sureté. Il risquait carrément la perpétuité. Marc Machin, est reconduit à la maison d’arrêt de Nanterre où il devra dès lors commencer sa véritable vie de prisonnier.
Mais l’impensable se produit, quatre ans plus tard !
En effet ce 04 Mars 2008 , les policiers du commissariat de La Défense ne s’attendaient pas à voir arriver une personne qui se dit responsable de la mort de Marie-Agnès Bedot. Comment cela est-ce possible puisque le coupable est déjà en prison !
Eh bien, non. Le vrai coupable, c’est lui, David Sagnon qui vient s’accuser lui-même, non seulement du meurtre de Marie-Agnès Bedot mais également de celui de la femme de ménage Maria Judite Araujo, survenu aussi sur Le Pont de Neuilly quatre ans plus tôt. Les policiers sont perplexes, qu’est-ce que cet homme vient raconter ?
David Sagnon est SDF et alcoolique, il vit sous les ponts et fait souvent la manche à côté du quartier des affaires. Il est originaire de Guinée. Il fait ses aveux d’une voix monocorde et détachée, et les policiers ne croient pas un mot de qu’il raconte dans un premier temps, persuadés qu’il a dû lire ou entendre les détails de l’affaire quelque part sur les journaux ou à la télé. L’homme semble aussi comme atteint de troubles psychiques.
La police décide contre toute attente, de le présenter à des experts psychiatres qui discernent chez lui un trouble de la personnalité, caractérisée par un dédoublement, une forme très grave de la schizophrénie, où la personne peut même revendiquer plusieurs personnalités bien distinctes, de sexe féminin ou masculin, bonne ou mauvaise, avec une parfaite lucidité, pouvant passer parfois carrément à l’acte, commettre un crime, allumer un feu ou se mutiler. Tout ceci, dans un état second.
David Sagnon est un féru de l’occulte, de la sorcellerie vaudou et de l’ésotérisme, il raconte qu’il a gouté au sang des victimes qu’il a tué , en le léchant par terre avec sa langue. D’après lui, cela lui donne de la force physique. De plus, il donne des détails très précis et très troublants des deux scènes de meurtres. Les légistes trouveront en effet plus tard, des traces de son ADN sous les ongles de Marie-Agnès Bedot.
Néanmoins, le jury de médecins, admettent qu’il est tout à fait responsable de ses actes et parfaitement conscient de ce qu’il fait , qu’il a du discernement et qu’il s’exprime plutôt bien pour un homme de sa condition. Cela s’explique peut-être par le fait que David Sagnon est un fervent lecteur et qu’il fréquente beaucoup les bibliothèques municipales où il lui arrive d’emprunter des ouvrages et des revues scientifiques.
Tout compte fait , son sort est fixé : malgré son trouble psychique grave, l’homme reste « jugeable » et susceptible d’être présenté devant une cour d’assises.
Si la justice décide de ne pas innocenter Marc Machin , elle convient à suspendre sa condamnation. En 2008 , après une commission de révision des condamnations pénales décidé par la garde des sceaux d’alors, Rachid Dati, Marc Machin est finalement libéré début octobre 2008.
Son sort , néanmoins n’est pas encore fixé, et il peut encore , si de nouvelles preuves surgissent, de revenir à la case prison. David Sagnon et quant à lui , condamné le 23 février 2012 à trente ans de réclusion criminelle assortie de vingt ans de sureté.
Marc Machin est finalement acquitté le 20 décembre 2012. Sa condamnation est définitivement annulée par la cour des révisions des erreurs pénales.
Il réclame à l’Etat français une indemnisation pour les six années passées derrière les barreaux, une demande de dommages s’élevant à 2 millions d’euros. Après examen de sa demande jugée trop faramineuse, l’Etat accepte finalement de lui octroyer, la somme de 663.320 euros. Cette somme sera considérée comme l’une des plus importantes jamais versée à un ancien reprit de justice.
Mais les déboires de Marc Machin ne s’arrêteront pas là. Si, depuis sa libération, tout semble revenir un peu à la normale, ce n’est qu’en apparence : durant les premiers temps, il s’installe chez son père avec lequel il entretient une relation très étroite depuis toujours, et accepte de se faire suivre par un spécialiste. Il vit pendant un moment une effervescence médiatique, encouragé par son avocat, Maitre Louis Balling qui insiste sur le côté thérapeutique de partager son expérience. Machin se plie : il est sollicité par plusieurs médias et journalistes afin de donner des interviews et parler de sa condition de « victime judiciaire ».
Source : 20minutes
Une maison d’édition lui offrira même une somme très alléchante afin de lancer un livre retraçant son expérience d’ancien condamné. Marc Machin, pointé du doigt et décrié par tous, se sent soudain comme le centre du monde et ce succès si on peut l’appeler ainsi, fini par lui monter à la tête. Son expérience en prison l’a profondément marqué et il n’en est pas sorti indemne. Ses démons, refoulés pendant ses six ans d’incarcération, refont alors, impitoyablement surface.
Seulement trois ans après sa libération, il revient au-devant de justice pour comparaitre dans l’affaire de trois agressions sexuelles et trois autres de voyeurisme et d’attouchements sexuels. Ses trois victimes sont une trentenaire et deux adolescentes. Elles l’accusent de les avoir suivis dans la rue et filmés à leur insu, accusation dont il se défend mais qui sera prouvé par des vidéos de surveillance.
Pour ces faits, il sera condamné à trois années de prison avec cinq ans de suivi socio-judiciaire et l’obligation de consulter un psychiatre. Il est acquitté au bout de cinq mois.
Retour à la case prison en 2013, cette fois-ci pour une affaire de vol. L’année suivante, il est arrêté pour coups et blessures sur son voisin et violence sur des agents de l’ordre. Il est condamné à leur verser chacun des indemnités. En 2015, son épouse porte plainte contre lui pour violences conjugales. Echappant à la justice et refusant de se présenter chez la police, il est arrêté et condamné quelques mois plus tard, alors qu’il est en cavale. La police le retrouve, caché dans un hôtel parisien non loin de son domicile au nord de la ville.
Il dilapide en grande partie les indemnités que l’Etat lui a versées après sa libération. Ses addictions d’alcool et de drogue ne s’arrêteront pas non plus.
En 2018, Marc Machin revient dans les médias pour une énième et grave affaire de mœurs. Il est accusé de vol, recel et viol d’une jeune femme chez qui il s’est introduit par effraction. Pour ce nouveau délit, il risque encore de se retrouver au banc des accusés et retourner encore pour de longues années en prison.
Même après le double aveu de David Sagnon au sujet des meurtres du Pont de Neuilly, beaucoup de personnes, dont des magistrats et la sœur de la victime, Marie-Agnès Bedot, restent persuadés de sa culpabilité.
Les délits qu’il commettra les années suivant sa libération ne feront que renforcer cette réputation de malfrat impulsif et violent qu’il s’est taillé. Depuis la dernière affaire de viol qui remonte à 2018, Marc Machin n’a plus fait parler de lui. La décision de justice prise à son encontre n’a pas été médiatisée.
Le parcours de Marc Machin est singulier, et ce depuis son enfance et son adolescence chaotiques jusqu’à sa condamnation pour le meurtre de Marie-Agnès Bedot. Considéré comme l’une des victimes judiciaires les plus connues, son histoire a été très médiatisée en France et dans les pays francophones limitrophes. Par ailleurs, son affaire contient encore beaucoup de zones d’ombre et ce, même si son innocence a été prouvé.
Le 1er décembre 2001, Marie-Agnès Bedot, une mère de famille de 45 ans, est retrouvée morte sur les marches du pont de Neuilly. L’enquête policière patauge, en manque d’indices, quand l’improbable survient : un témoin se manifeste, assure qu’il peut reconnaitre le meurtrier. De fil en aiguille, guidée par un seul et unique témoignage, les policiers réussissent à arrêter le supposé coupable ; son nom : Marc Machin, un petit délinquant de dix-neuf ans avec casier judiciaire déjà rempli.
En 2004 puis en 2005, Marc Machin sera condamné à 18 ans de réclusion criminelle pour le meurtre de Marie-Agnès Bedot, sans cesser de clamer haut et fort son innocence. Mais voilà qu’en 2008, un SDF d’origine guinéenne, se présente un beau matin au commissariat pour avouer le meurtre du pont de Neuilly-sur-Seine.
Que va-t-il donc arriver à Marc Machin, le victime d’une terrible erreur judiciaire ? En tout cas, l’homme fera encore parler de lui dans les médias et pas de la meilleure des façons !
Les sources :
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