Avec plus de 80 victimes au compteur, Mikhaïl Popkov ou le maniaque d’Angarsk est sans doute le flic le plus effrayant de la Russie.
Début des années 1990, Angarsk située à 5 000 km à l’est de Moscou a poussé après la Seconde Guerre mondiale dans un désert de glace. Les prisonniers des camps de la dictature stalinienne y ont construit sous les coups un complexe industriel pétrochimique toujours actif aujourd’hui.
Ce pôle industriel attire rapidement des Russes au chômage qui s’installent dans ce plateau sibérien ultra pollué, des barres d’immeubles grises à l’architecture typiquement soviétique sortent de terre. 200 000 personnes y vivent. C’est à cette période que celui qu’on appelle le loup garou d’ Angarsk commence à attaquer.
Le premier meurtre de Mikhaïl Popkov
Octobre 1992 Yelena, jeune mère de famille rentre d’une soirée entre amis plutôt arrosée à Angarsk. Elle décide de marcher, elle n’a que trois kilomètres à faire pour rejoindre son lit. Ses amis ne la reverront plus jamais. À peine dissimulés sous des branches de bouleau, le corps de Yéléna apparaît le lendemain à la lumière du jour, dans une forêt à moitié nue.
La jeune femme a reçu des coups de marteau à la tête, le crâne est défoncé. La police ne s’en inquiète pas.
Mais au fil des semaines, les découvertes macabres s’enchaînent. Dans un cimetière, c’est une adolescente de 14 ans que l’on retrouve assassinée à moitié nue, elle aussi cachée par la neige, à l’hiver 1992 des corps de femmes mutilés et sans vie gisent sur les bords de la rivière gelée Angara.
Des cadavres mutilés sont également abandonnés le long de la route M53. Ce cordon d’asphalte balayé par les vents a été construit par les prisonniers, il relie en Angarsk à Irkoutsk. C’est au mois de mars 1992, alors que le printemps fait fondre la neige et la glace, que la police découvre le plus de corps. Selon les autopsies, toutes les victimes ont bu de l’alcool.
Les premiers indices effroyables sur le meurtrier
C’est une jeune survivante qui a échappé à l’enfer qui va permettre de commencer à esquisser les traits du psychopathe et c’est l’effroi : elle assure qu’il s’agit d’un policier en uniforme. Dans la nuit du 27 au 28 janvier 1998, Svetlana, 17 ans, rate le dernier tram pour rentrer chez elle.
Il est 21 heures. Mikhaïl Popkov la voit marcher dans la nuit et lui propose de la déposer. Il lui explique qu’il est policier, elle en a la confirmation en voyant ses bottes d’uniforme.
La jeune femme commence à paniquer quand la voiture passe devant chez elle sans s’arrêter. Elle lui demande où on va, il ne répond pas. Quelques minutes plus tard, il arrête son véhicule près d’un bosquet. Le conducteur la frappe au visage.
La jeune Russe se met à hurler si fort que son agresseur prend la fuite. Svetlana est recueillie par un groupe de jeunes qui la prend sous son aile et la mettent à l’abri dans un immeuble et puis la nuit avance. Le concierge débarque, la fout dehors, jeté dans la gueule du loup.
La jeune femme se réveille le lendemain en culotte, comme glacée sous des néons blancs, dans un univers de métal. La première chose qu’elle voit est un pied gris avec une étiquette, un cadavre. Elle vient de se réveiller à la morgue, vivante.
L’enquête est lancée, malgré la réticence des autorités
Artiom Dubinin, qui dirige à partir de 2009 le comité d’enquête, récupère l’affaire et prolonge les recherches de ses prédécesseurs. Connaissance du lieu approximatif de résidence, génotype, groupe sanguin positif et véhicule, une Lada Niva.
La listes des suspects se réduit. Elle passe de 30000 l’identité à 600, 3500 policiers ont déjà été confrontés. En mars, c’est au tour de Popkov de se soumettre au prélèvement de salive. Le lendemain jackpot !
Son profil correspond à cent pour cent aux traces ADN retrouvées sur les scènes de crime. Mikhaïl Popkow, 49 ans, est arrêté à la descente d’un train à Vladivostok. « Si j’avais eu l’argent, je serais déjà en Australie », lance t il aux policiers, le visage fermé, calme.
Popkov a reconnu 83 meurtres, toutes des femmes, sauf un homme, mais depuis le calvaire du camp de Torbiesvki, il commence à parler d’autres crimes qu’il aurait commis après 2002, des meurtres qui auraient eu lieu sur la longue route qui relie Irkoutsk à Vladivostok, qu’il empruntait pour transporter des véhicules d’occasion.